Landais Alzheimer, dans le sud-ouest de la France, est un village très différent des autres : tous les habitants sont atteints de démence.
Le magasin situé sur la place principale propose des produits simples, comme la baguette, mais il ne prend pas d'argent. Personne, pour cette raison, n'a besoin de se souvenir de son porte-monnaie.
Francis, un ancien agriculteur, y prend son journal. Je lui propose que nous allions prendre un café au restaurant voisin, qui est le cœur social du village.
Je demande à Francis ce qu'il a ressenti lorsque le médecin lui a annoncé qu'il était atteint de la maladie d'Alzheimer.
Il hoche la tête, se remémore cette époque et, après une pause, dit : "Très dur".
Les chercheurs ont également observé une "réduction drastique" des sentiments de culpabilité et d'anxiété des familles.
Dominique regarde sa mère, Mauricette, 89 ans, assise dans sa chambre.
Bien que les habitants paient une contribution, les coûts de fonctionnement - similaires à ceux d'une résidence moyenne - sont principalement couverts par le gouvernement régional français, qui a dépensé 22 millions de dollars US (13 milliards 63 millions de francs CFA) pour créer le village.
Lors de son ouverture en 2020, il s'agissait du deuxième village de ce type et du seul à faire partie d'un projet de recherche.
On estime qu'il en existe moins d'une douzaine dans le monde.
Mais il a suscité un intérêt mondial parmi ceux qui cherchent une solution à la croissance exponentielle prévue de la démence.
Chez le coiffeur du village, Patricia, âgée de 65 ans, vient de se faire sécher les cheveux. Elle me dit que le Landais Alzheimer l'a ramenée à la vie.
"J'étais chez moi, mais je m'ennuyais. Une dame faisait la cuisine pour moi. J'étais fatiguée. Je ne me sentais pas bien. Je savais que ce n’était pas facile de vivre avec la maladie d'Alzheimer. J'avais peur", explique-t-elle.
"Je voulais être dans un endroit où je pourrais aussi aider. Parce que les autres maisons ne sont pas mal, mais les gens ne font rien. Alors qu'ici, c'est la vraie vie. Et quand je dis la vraie vie, je le pense vraiment."
La démence peut souvent isoler les gens.
Mais ici, il semble y avoir un fort sentiment d'appartenance à la communauté, avec des personnes réellement intéressées quand il s’agit de se voir et de participer à des activités.
Selon les chercheurs, cet élément social pourrait être l'une des clés d'une vie plus heureuse et potentiellement plus saine lorsque l'on est atteint de démence.
Le centre compte environ 120 habitants et le même nombre de professionnels de la santé, ainsi que des bénévoles.
Il y a, bien sûr, une cruelle fatalité, car il n'y a pas de remède.
Mais au fur et à mesure de l'évolution de la maladie, chaque villageois reçoit le soutien dont il a besoin.
Et même si c'est l'hiver de la vie de ces villageois, le personnel ici présent pense qu'il vient plus lentement et avec plus de joie en chemin.
Certaines personnes ayant contribué à cet article ont demandé à ce que leur nom de famille ne soit pas divulgué.