Michel Thierry Atangana et Titus Edzoa ont été codétenus pendant 17 longues années dans les geôles camerounaises, condamnés dans la même affaire de détournement de fonds publics. Pourtant, l'ingénieur français d'origine camerounaise affirme n'avoir jamais eu de réels liens avec l'ancien bras droit de Paul Biya.
"Je suis et je demeure la victime des ambitions politiques de Titus Edzoa", lâche sans détour Michel Thierry Atangana dans un entretien avec Jeune Afrique. Celui qui vient de publier un livre testimonial accablant, Survivre à l'injustice, affirme avoir été arrêté 52 jours avant Edzoa et avoir été accusé à tort d'"intelligence politique" avec lui.
"Les personnes qui ont ourdi mon arrestation ont prétendu que j'avais récolté des fonds pour financer sa campagne électorale, ce qui était faux", dénonce-t-il. Une manœuvre politique pour salir son dossier, estime l'ingénieur qui clame son innocence.
En prison, les deux hommes n'auraient d'ailleurs pratiquement jamais eu de contacts. "Durant dix années sur les dix-sept que nous avons passées en détention, nous ne nous sommes pas adressé la parole", rapporte Michel Thierry Atangana. Et depuis leur libération en 2014, ils ne se seraient jamais revus ni parlés.
Cette absence de lien n'empêche pas Titus Edzoa de refaire parler de lui sur la scène politique camerounaise. L'ancien puissant secrétaire général de la présidence a récemment proposé de diriger une transition au pouvoir si jamais Paul Biya, âgé de 90 ans, venait à quitter ses fonctions.
Une ambition qui semble laisser de marbre Michel Thierry Atangana : "Ce qui m'importe, c'est la reconnaissance de mes droits et ma reconstruction. Titus Edzoa et moi n'avons pas le même combat. L'avez-vous une seule fois entendu parler des souffrances que j'endure ? C'est l'obsession du pouvoir qui compte, pour lui. Moi, j'ai l'obsession de la réparation."
Celui qui se bat désormais pour une directive européenne protégeant les citoyens détenus arbitrairement semble donc vouloir prendre ses distances avec Titus Edzoa, présenté comme un ancien compagnon de détention certes, mais en aucun cas un acolyte.