L’argent a circulé. Il continuera à circuler jusqu’au soir de l’élection présidentielle d’octobre prochain. Le régime de Paul Biya gave tous les acteurs (étudiants, jeunes, hommes politiques, responsables d’institutions, directeurs de société, acteurs du secteur informel, lanceurs d’alerte, etc.) de billets claquants et fringants. L’objectif est de les avoir de son côté pour gagner la bataille électorale.
Dans ce processus, les hommes et femmes de Dieu ne sont pas oubliés. Dernièrement une rencontre a eu lieu entre eux et des figures bien connues du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Dans un article précédent que nous remettons en background pour votre lecture, nous avions évoqué le sujet.
Selon Jorel Zang, seules trois personnes sont irréprochables parmi les religieux : « Messeigneurs Kleda, Barthélémy Yaouda, Paul Lontsié Keuné, voilà pour moi les seuls prélats supérieurs de l’église catholique romaine qui ont désormais mon respect ».
L’acteur de la société civile estime qu’on ne peut pas dire être apôtres de Dieu et de la paix et s’acoquiner avec ceux-là justement qui représentent tout son contraire en servant le mal.
La lumière et les ténèbres, dit-il, ne se mélangent jamais : « Des cœurs pour nos prélats. Repos éternel aux feux pères Engelbert Mveng, Mgr Jean Zoa, Wounking et Athanase Balla ». Ceux-la, selon Zang, ont honoré leur profession. Le reste aujourd’hui se laisse aller et tenter.
250 millions : le régime fait circuler l'argent dans les poches des évêques pour une mission
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) peaufine sa stratégie pour l’élection présidentielle. Le parti au pouvoir veut offrir un mandat supplémentaire à Paul Biya, qui tient plus au trône qu’à sa retraite. De ce fait, le régime ne ménage aucun effort et souvent dans ces périodes, que ce soit ici ou ailleurs, l’argent circule beaucoup pour corrompre, motiver et acheter. Des sommes faramineuses arrivent jusqu’à dans la famille des religieux qui ne veulent pas se faire conter l’événement.
Un rendez-vous, un énième donc, a été donné aux hommes d’église. Ils ont été invités au palais présidentiel de Yaoundé pour, semble-t-il, discuter. Avec les poches vides ? La question peut se poser.
Les noms de ceux qui ont été conviés à la "grande messe" ont fuité. L’activiste Jorel Jacques Zang réfléchit à haute voix : « Je suis sûr et certain que parmi les évêques qui voulaient aller coûte que coûte au palais de l’unité ce jour, celui de Jean Mbarga devait être en tête de liste ».
Le morceau est lâché. Le membre de la diaspora évoque que c’est le plus grand des corrompus de l'église catholique romaine. Mais encore, « il y en a deux autres dont la cupidité ne souffre d’aucune contestation », avance-t-il. Ce seraient Messeigneurs Bayemi et Christophe Zoa.
Ces trois-là « sont très proches du palais. Remarquez très bien qu’ils sont généralement en porte-à-faux avec les autres quand il s’agit de dénoncer les injustices sociales dues à ce régime », révèle la source.
Autant de choses qui lui font dire qu’ils avaient déjà fait les calculs sur les enveloppes d’argent, « tellement qu’ils sont boulimiques de billets craquants de banques et les connaissant, ils ne vont pas lâcher l’affaire et feront tout pour aller au palais d’une façon ou d’une autre car c’est beaucoup d’argent ».
Une petite enquête nous a permis de savoir que c’est un montant de 250 millions de francs CFA que le palais de l’unité a préparé pour eux. En fait, « plus politiciens que ces hommes d’église il n’y en a pas », conclut Zang. La lumière est maintenant mise sur eux. Le peuple observera avec attention leurs moindres faits et gestes.
Jean Mbarga, prélat né le 18 mai 1956 à Ebolmedzom, a été successivement évêque d’Ebolowa-Kribi, évêque d’Ebolowa, puis archevêque de Yaoundé depuis octobre 2014.