Au Cameroun, la réforme du système d'identification nationale soulève de nombreuses questions et critiques. Alors que le gouvernement annonce une modernisation du processus, avec la promesse d'une délivrance des cartes d'identité en 48 heures dès décembre prochain, les voix s'élèvent contre l'augmentation significative des frais et la pertinence de certaines mesures.
Le Professeur Jean Bahebeck, lors d'une intervention sur Équinoxe TV, a remis en question la nécessité du paiement pour le renouvellement décennal de la carte d'identité. "Pourquoi on fait payer ça à 15 000F ?", s'est-il interrogé, soulignant que seules trois informations - le domicile, la profession et la photo - sont susceptibles de changer sur le document.
Cette déclaration intervient dans un contexte où le président Paul Biya vient de signer une ordonnance augmentant les frais de timbre de 2 800 à 10 000 francs CFA, soit une hausse de 250%. Une décision qui suscite l'inquiétude dans un pays où de nombreux citoyens peinent déjà à obtenir ce document essentiel.
Les témoignages recueillis illustrent les difficultés persistantes. Jeannine Mendogo, résidente de Yaoundé, attend sa carte depuis 2021. Julienne Ondoua, quant à elle, multiplie les demandes infructueuses depuis 2017. Ces retards ont des conséquences concrètes, comme le souligne Olive Mengot, contrainte de payer des pots-de-vin lors de ses déplacements faute de document d'identité.
Le nouveau système, confié à une entreprise étrangère, promet une modernisation avec 68 centres multifonctionnels et la rénovation de 219 postes d'identification. Cependant, cette externalisation soulève des inquiétudes, notamment exprimées par Régis Kerbai, entrepreneur local, qui s'interroge sur la pertinence de confier les données nationales à une entité étrangère, particulièrement à l'approche d'une élection présidentielle.
Alors que le gouvernement met en avant les avancées technologiques et l'efficacité promise, la population s'interroge sur l'accessibilité et la sécurité de ce nouveau système. La réforme, censée résoudre les problèmes chroniques d'identification, semble pour l'instant soulever plus de questions que de réponses, illustrant les défis complexes auxquels le Cameroun est confronté dans sa quête de modernisation administrative.