La première édition des Semaines Sociales du Cameroun(SSC) prévue du 18 au 20 février 2016 à l'Université Saint Jerôme à Douala vise à mettre en commun des réflexions et des propositions tendant à améliorer la qualité de vie des citoyens camerounais et étrangers.
Au Cameroun, l'offre des services sanitaires est largement en deçà des attentes des populations. Selon l'Institut national de la statistique(INS), en matière de financement, les ressources dont dispose le secteur de santé se situent à 105,2 milliards de FCFA, soit près de 4,2% du budget de l'Etat. De son côté, l'OMS estime les dépenses totales de santé par habitant selon la parité du pouvoir d'achat à 122$ US en 2010 et 74$ US en 2009.
Dans ce sillage, les hôpitaux généraux ne sont accessibles qu'aux personnes nanties ou prises en charge par leurs employeurs, pendant que les personnes à revenus moyens et les pauvres accèdent difficilement aux hôpitaux régionaux ou de district ou même se rabattent uniquement vers les dispensaires et centres de santé où l'offre des soins peut s'adapter à la bourse de chacun. Enfin, le secteur informel offre aux indigents les médicaments de la rue. D'autre part, plus de 90% des centres de santé du secteur privé évoluent dans l'informel.
Ce tableau sombre a fait frémir l'Association «Semaines sociales du Cameroun»(SSC) qui a décidé de faire bouger les lignes. Du 18 au 20 février 2016, cette organisation de la société civile organise à l'institut universitaire St Jerôme à Douala, la première édition des Semaines sociales du Cameroun (SSC 2016) sous le thème « La couverture Maladie Universelle(CMU) au Cameroun». A cette occasion, experts, autorités publiques, autorités religieuses et traditionnelles, organisations de la société civile, partenaires étrangers, etc. vont réfléchir et présenter des propositions aux décideurs pour la mise sur pied urgente d'une CMU au Cameroun.
Selon le père Tang Alain Michel, président de l'Association SSC, ce colloque international a pour objectifs de fédérer et sensibiliser tous les acteurs, le public en général et les partenaires de la santé sur le thème et son but, sensibiliser davantage les pouvoirs publics et les opérateurs économiques sur l'urgence de la mise sur pied d'une CMU au Cameroun. A l'issue des SSC 2016, l'Association espère des resultats multiples.
«Une accélération de la réforme de la sécurité sociale en cours, avec la création de Caisses Autonomes chargées de gérer les différentes branches de la sécurité sociale ; une extension de la sécurité sociale vers la couverture du risque maladie et du risque chômage ; l'amélioration de l'accès des populations aux soins de santé de qualité à travers la réforme hospitalière ; l'accroissement de l'accès aux médicaments et dispositifs médicaux essentiels ; la mutualisation du risque maladie ; le renforcement de la participation des acteurs non étatiques et des communautés à l'offre des soins par la promotion du partenariat et de la contractualisation ; la relance et la consolidation des différents programmes de santé », indique le père Tang Alain Michel.
95% de la population sans prise en charge en cas de maladie
Outre les pouvoirs publics camerounais, le colloque réunira également la communauté d'experts et de praticiens du domaine de la santé, les organisations internationales, les opérateurs économiques et les experts en assurances maladie. L'Association reconnait que beaucoup d'efforts ont été faits par les uns et les autres pour améliorer le système des soins. Dans le même élan, poursuit le père Tang, «les Semaines Sociales du Cameroun voudraient poursuivre les réflexions à ce sujet en réunissant autour d'une même table tous les acteurs suscités, afin d'accélérer la formulation de solutions pertinentes et durables».
La mise sur pied d'une CMU est d'autant plus urgente que «plus de 95% de la population camerounaise n'est ni couverte par une assurance, ni prise en charge quand elle est malade», conclut le président des SSC.
Créée le 13 novembre 2014, les Semaines Sociales du Cameroun (SSC) sont une initiative des Laïcs qui se préoccupent d'améliorer les conditions de vie des populations du Cameroun à travers la vulgarisation de la pensée sociale de l'Eglise, l'application et l'adaptation de celle-ci aux problèmes de notre temps. A cet effet, l'Association effectue des recherches, des formations et informe au sujet de la vie en société sur les plans économique, éducatif, culturel, philosophique et sociologique.