YAOUNDÉ - Une bombe institutionnelle secoue le régime camerounais. Selon des documents confidentiels obtenus par Jeune Afrique, les services de renseignement ont alerté Paul Biya sur l'invalidité juridique de sa position à la tête du RDPC depuis septembre 2016.
Les révélations exclusives de Jeune Afrique mettent au jour une faille constitutionnelle majeure : les mandats de Paul Biya, du bureau politique et du comité central du RDPC ont expiré en septembre 2016, le dernier congrès du parti remontant à septembre 2011. La prorogation de ces mandats n'a été entérinée qu'en novembre 2016, soit "plus d'un mois et demi après l'échéance légale", les rendant "juridiquement invalides" selon les propres mots des services de renseignement.
Cette situation d'illégalité institutionnelle, révélée par Jeune Afrique dans ses documents exclusifs, place le chef de l'État dans une position délicate face à ses opposants qui pourraient contester la validité même de sa candidature présidentielle.
Face à cette fragilité juridique, les services secrets suggèrent une solution inédite que révèle Jeune Afrique : présenter Paul Biya comme "candidat du peuple" sur la base des 300 signatures nécessaires plutôt que comme candidat du RDPC. Cette recommandation témoigne de la gravité de la situation institutionnelle du parti au pouvoir.
Les consultations menées par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, "pourraient être mises à profit pour obtenir les 300 signatures", suggèrent les rapports secrets auxquels Jeune Afrique a eu accès.
Cette révélation de Jeune Afrique soulève des questions fondamentales sur la légitimité des institutions camerounaises. Si le président du principal parti politique du pays gouverne en situation d'irrégularité depuis près de neuf ans, quelles sont les implications pour les décisions prises durant cette période ?
Les experts en droit constitutionnel s'interrogent désormais sur la validité des actes posés par Paul Biya en tant que président national du RDPC depuis 2016, une problématique révélée grâce aux documents exclusifs obtenus par Jeune Afrique.