Ces jours-ci, on entend autant de vacarme dans nos antres du savoir que dans une église de réveil. Rien à voir avec les vivats et huées des amphithéâtres qui font la particularité des académies tropicales, encore moins avec ces joutes épistolaires épiques du genre Maurice Kamto/Hubert Mono Ndjana, qui « agitèrent » au- trefois le landernau. Non, l’université camerounaise s’est transformée en ces célèbres galeries dans les- quelles, chaque jour, on découvre quelque chose de nouveau, mais dans le mauvais sens !
Les enseignants d’universités se jettent des sorts, se rouent d’injures telles de vieilles sorcières pour des sujets qui sont situés aux antipodes de la science ! Comme dans la jurisprudence de nos tribunaux, les scandales s’épèlent à l’université : affaire Kontchou Kouomegni contre Bekolo Ebe, affaire Adolphe Min- koa She contre Magloire Ondoa, affaire René Joly Assako contre Pkwang Pkwang, etc.
Ajouté à cela, « l’enkondenguillement » des gestionnaires, grands maitres et apôtres parfois de la bonne gouvernance universitaire ! Et vous n’avez pas tout avalé ! Le plat de résistance, le plagiat, fait désormais partie des grandes spécia- lités servies dans nos tabernacles du savoir. Ah oui, l’université camerounaise n’est qu’une ronéo géante qui reproduit par métastases les œuvres et travaux des pairs et les transmet de génération en génération.
Ils n’ont jamais été aussi à l’aise que lorsqu’il s’agit de faire du copier-coller, nos grands profs. Et, depuis que l’Université de Yaoundé II vient d’« inventer » le logiciel anti pla- giat, l’Adm qui détecte les « plagieurs », ils sont tous transis d’angoisse. 17 thèses de doctorat sur 20 rejetées ! Il faut se pincer pour le croire !
Panade intellectuelle ou panne de créativité ? Dites-nous, Pr. Claude Abé : « Beaucoup de gens sont entrés dans le paradigme du passager clandes- tin, c’est-à-dire quelqu’un qui veut avoir un avantage sans payer le prix », pense le sociologue, dans une interview accordée en 2015 au site Camernews.com. Vous voyez, nous autre, n’avons pas en horreur de citer les contemporains.
Pour un autre grand professeur, Hubert Mono Ndjana, « c’est en termes de nourriture qu’on parle. Nous sommes dans la mentalité digestive. Pas étonnant que nous soyons dans la basse-cour ». La pensée du tube digestif, quoi !... Pourtant, les titres et les cv sont aussi longs que les ouvrages et travaux que l’on plagie. Et, tenez-vous bien, le cycle infer- nal n’est pas bouclé. Il y a aussi les vrais-faux di- plômes, le harcèlement sexuel et les fameuses «Nst », notes sexuellement transmissibles ». Franchement, il y a là un beau sujet de méditation sup- plémentaire pour les philosophes !
C’est vrai, l’université camerounaise est en dé- composition comme le pays. On ne leur exigera pas de gagner un concours de morale, mais nos enseignants peuvent-ils se retourner les pouces alors qu’il y a tellement à faire avec la fameuse prime de recherche sans recherche ! Que n’ont-ils reçu du « Renouvieux », ces enfants gâtés ? On di- rait les Lions indomptables en Afrique du Sud, sortis au premier tour de la Coupe du monde, avec un maigrichon but marqué contre mille encaissés.
! L’exposé laisse une impression curieuse au pro- fane : c’est du bricolage, de l’artisanat, de l’empi- risme pur dans nos académies. Ça nécessite des travaux aussi considérables que ceux de Kepler sur la gravitation.