Cette proposition de sortie de la crise anglophone suscite plusieurs réactions dans le Grand Nord.
Les analystes les plus futés de cette crise ne se seraient jamais attendus à ce que les populations du Nord-Ouest proposent « le retour de la dépouille du premier président de la République du Cameroun, Ahmadou Ahidjo dans le pays » comme l’une des solutions à la crise anglophone. A la publication du communiqué final de la mission effectuée par la Cnpbm les 31 mai et 1er juin 2018 à Bamenda, ce point intrigue.
Dans l’espace géographique d’origine du premier chef d’Etat camerounais, des sources jointes au téléphone font état d’« une absence de réaction de la plupart des populations locales. Cette revendication est perçue comme une tentative des ressortissants du Nord-Ouest de les rallier à leur cause. » Un pas que certains ressortissants des trois Régions septentrionales ne sont pas prêtes à franchir. Même si certains reconnaissent qu’en mars 2015, le Chairman du Social Democratic Front (SDF), Ni John Fru Ndi, avait été au chevet des victimes de cette guerre asymétrique.
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« Un geste qui ne suffit pas », selon des sources à Maroua, le chef-lieu de la Région de l’Extrême- Nord. Une ville dont les populations pensent que « le retour de la dépouille d’Ahmadou Ahidjo est une étape importante dans le processus de réconciliation nationale ».
Seulement, de Ngaoundéré, dans l’Adamaoua, à Maroua en passant par Garoua dans le Nord, l’on se garde de revendiquer une telle chose publiquement : « La seule évocation d’un retour des restes d’Ahidjo met en transe tout habitant du septentrion. »
Dans un tel contexte, le signal de Bamenda peut être perçu comme celui de la forte communauté musulmane qui y vit. Qui a souvent bénéficié des largesses du pouvoir d’Ahidjo. Et qui veut faire la jonction avec celles du Grand-Nord à travers cette étincelle qui peut raviver une sensibilité commune.