C’est comme s’ils s’étaient passé le mot : posséder une Carte nationale d’identité (CNI) dans les plus brefs délais. Les échos des contrôles et rafles de ces derniers jours leur sont certainement parvenus et personne ne veut tomber dans les filets de la police, par les temps qui courent.
Résultat, c’est par centaines que jeunes et adultes assiègent les commissariats de la ville de Yaoundé. Comme s’ils avaient une pression invisible, l’envie de ce précieux document se lisait sur la plupart des visages des demandeurs hier, dans les postes d’identification.
Au commissariat du 3e arrondissement de Yaoundé (Nkoldongo), tout semble avoir été mis en œuvre pour répondre à la forte demande. Les bureaux sont ouverts très tôt. A 7h30 mn, la réception des usagers démarre. Dans le poste d’identification précisément, l’ambiance est conviviale. Le personnel accueille et oriente les usagers sans anicroche. Comme si les hommes en tenue saluaient ce réveil des « sans papiers ».
Bien que le commissaire n’ait pas voulu s’exprimer sur le sujet, des sources bien introduites ont fait savoir que 2 à 300 personnes investissent les lieux aux premières heures de la matinée. Ce, depuis près de deux semaines. Les femmes enceintes, les personnes âgées et handicapées sont privilégiées. « Dès que les usagers arrivent le matin, on les classe par catégorie et on reçoit d’abord rapidement les personnes vulnérables», explique notre source.
Une fois le dossier transmis, à l’appel de la personne, place est donnée à la photographie, prise des empreintes et autres. Et quelques heures plus tard, le récépissé est établi. Et par jour, c’est souvent plus de 200 récépissés de CNI qui sortent de ce commissariat. Après vérification des pièces bien sûr. Du coup, le personnel travaille au-delà des heures réglementaires.
Même son de cloche dans d’autres postes d’identification de la ville. A Efoulan, Odza et autres, les responsables ne se tournent pas les pouces. La demande est forte et il faut y apporter des réponses. Et ils ne sont pas seuls. Leurs collègues du service de retrait les cartes en souffrance ont du pain sur la planche.
Nombre d’usagers viennent retirer la carte abandonnée depuis des années. « J’ai perdu ma Carte nationale d’identité en 2003. Je ne voyais pas l’urgence d’avoir une autre. Comme il y a beaucoup de contrôles en ce moment, j’ai préféré venir me faire établir une autre de peur d’être confondue aux ennemis », explique Clarisse Mvondo Manga, ménagère. Le nommé F. Nkoulou vient prendre une CNI établie en 2008.
Conséquence, le rang des retraits est d’ailleurs plus long, que ceux qui viennent pour l’établissement de la pièce dans ces différents postes. Et d’après les statistiques glanées çà et là, des milliers de cartes sont en souffrance depuis des années dans ces commissariats. Avec l’intensification actuelle des contrôles, ce chiffre baissera, certainement.