Il se serait appelé Marcel Guillaume, dit l'"As de la Brigade spéciale", et officiait dans Paris avec un talent tel qu'en 1937 le journal Paris-Soir publia ses enquêtes sous forme de feuilleton. L’actuel chef de service des commissions rogatoires, instructions du parquet et du suivi des activités BAN-INTERPOL à la division régionale de la police judiciaire du Centre dans la capitale camerounaise, vient de commettre un excellent ouvrage sur les « LES TECHNIQUES D'ENQUÊTE CRIMINELLE. Typologie des crimes et constatations médico-légales ».v
Cet ouvrage n’est pas une création ex-nihilo. Depuis la société primitive, l’homme a le souci de rendre justice lorsque l’ordre social a été perturbé. Le commissaire de police principal Jean-Pierre Moutassi, rappelle que depuis plusieurs décennies, la principale techniques pour y parvenir a été la collaboration avec des informateurs ».
Que doit faire l’officier de police judiciaire d’un suspect qui refuse d’avouer un crime, alors que plusieurs témoins l’accablent ?Pire encore, que doit-on faire d’une personne qui avoue un crime qu’elle n’a pas commis ?Comment prouver hors de tout doute raisonnable que la personne appréhendée est le bon criminel ?
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Comment réunir les éléments de preuve contre cette dernière et comment déterminer le mobile du crime devant le tribunal, au moment où la Loi réprime l’extorsion des aveux y compris par la ruse, au moment où l’aveu qui pendant des siècles a été la reine des preuves a perdu toute sa crédibilité de naguère,au profit de la « preuve scientifique » qui à son tour,est devenue la reine des preuves. Voilà les OPJ et les magistrats complètement désarmés, dans un champ de bataille où seule la justice doit avoir le dessus.
Pour le commissaire Jean-Pierre Moutassi : « la grande majorité des enquêteurs de la police judiciaire s’appuient encore sur les présomptions telles que les témoignages, les déductions, les dénonciations et les aveux, qui dans un passé non lointain, étaient parfois obtenus sous la torture. Ces éléments à eux seul et l’intime conviction du juge suffisaient au tribunal pour motiver la condamnation des suspects.
Mais avec le temps, on s’est rendu compte que ces preuves étaient légères et sujettes à caution et par conséquent ne pouvaient garantir un procès équitable aux suspects, à partir du moment où il a été démontré que les informateurs prenaient parfois eux-mêmes part aux divers crimes, ou pouvaient mettre les enquêteurs sur une fausse piste. De telles méthodes se sont avérées pernicieuses, car plusieurs innocents se retrouvaient régulièrement en prison, suite à une dénonciation calomnieuse ou une vengeance de la part d’un faux témoin.
D’autres criminelles s’évanouissent carrément dans la nature après leur forfait, sans qu’il soit possible à la police et à la gendarmerie de les appréhender, ce qui encourageait la récidive et provoquait le malaise social. Du coup, l’enquête pouvait à tout moment tourner au fiasco et les libertés que l’Etat veut protéger pourraient se voir bafouées. Toutes fois, ces anciennes méthodes ont pu apporter quelques résultats. Mais avec l’évolution de la société et la nouvelle donne internationale, ces méthodes méritent aujourd’hui d’être repensées, recadrées, pour s’arrimer au nouveau contexte mondial, qui impose le strict respect des droits de l’Homme ».
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L’ouvrage de 498 pages, dédicacé le 22 juin 2018 au Hilton Hôtel de yaoundé ; est un outil fondamental pour les praticiens du droit criminel ; un outil de formation pour les jeunes fonctionnaires, ainsi que pour leurs aînés qui n’auraient pas eu l’occasion de vivre l’expérience des enquêtes judiciaires que leur propose le policier principal Jean-Pierre Moutassi.