Les dessous de la naissance de “Programmés pour échouer”

“C’est amusant parfois de voir au gré de quelles circonstances se construisent les carrières de journalistes: Jean Bruno Tagne à qui je confie alors les pages Sport, n’est pas un féru de la matière. Il est plutôt attiré par la politique et les faits de société.

Mais, j’ai besoin dans cet espace que je souhaite vivant, de quelqu’un qui a sa fraîcheur et qui possède une certaine capacité d’imagination.

J’ai aussi besoin d’un homme neuf, loin des connivences qui s’installent facilement entre les sources d’information et les journalistes, dans le domaine du sport, où par excellence il existe une espèce de «ghetto journalistique» entre ceux qui se désignent eux-mêmes «journalistes sportifs», dans un quiproquo dont je n’ai jamais pu m’accomoder: pour moi, un «journaliste sportif» ne peut être qu’un homme de ce métier qui s’adonne à de l’activité sportive... Mais les usages ont la peau dure.

Jean Bruno Tagne prendra donc en main cet espace, un peu à contre-coeur, dès les premiers jours du Jour, et aujourd’hui après «Programmés pour échouer», et «La tragédie des Lions indomptables», deux enquêtes au sein de la «tanière» des Lions Indomptables, il l’un des meilleurs connaisseurs du monde du football camerounais [...]

Un éditeur n’a pas vocation à écrire des livres. Son travail premier est de permettre aux autres de faire éclore les leurs. Voilà pourquoi, sorti de mon livre inaugural, il était question que je me lance dans mon travail d’éditeur.

Mon premier client, je ne suis pas allé loin le chercher, c’est Jean Bruno Tagne, de ma rédaction, en qui j’ai détecté un remarquable talent de conteur. Revenu d’Afrique du Sud où il avait été envoyé spécial du Jour pour la coupe du Monde, il racontait de manière fort marrante les frasques des joueurs et dirigeants, avec la ponctuation des rires de ses collègues agglutinés autour de lui. De mon bureau, j’ai écouté ces récits épiques et piquants.

Puis dans un moment de calme, je l’ai fait monter à mon bureau et je lui ai demandé: «Et si tu nous en faisais un livre» ? J’ai lu dans ses yeux cette lueur d’émerveillement enfantine qui le caractérise, et qu’on appelle l’enthousiasme. Nous …..”