Les dossiers qui attendent les nouveaux gouverneurs

Governors33Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Mon, 2 Nov 2015 Source: La Nouvelle Expression

Le Ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation René Emmanuel Sadi procèdera dès demain à l’installation des chefs de terre nommés le 23 octobre 2015.

L’ancien gouverneur de la région de l’Est Samuel Dieudonné Ivaha Diboua n’a pas qu’hérité de l’une des prestigieuses régions du pays. Dans le «cadeau» que lui a fait le Chef de l’Etat s’insèrent des dossiers sur lesquels le nouveau gouverneur de la région du littoral devra se pencher avec minutie.

Le sempiternel désordre urbain se positionne comme l’un des défis majeurs auxquels sera confronté Samuel Dieudonné Ivaha Diboua. Un désordre multiforme prenant des allures d’insalubrité, d’occupation anarchique de la route, de dégradation des infrastructures et des équipements publics etc.

Sous le commandement de Beti Assomo, la lutte contre ce désordre avait changé de cap mais n’avait pas mis fin à la pagaille. Les agents de la communauté urbaine de Douala autrefois chargés de sillonner la ville avaient en effet été remplacés par les agents de mairies. Ces dernières jugées plus proches des populations.

Un autre dossier qui accueillera Samuel Ivaha Diboua est l’insécurité, dans la ville de Douala notamment. La liste est longue. Vol, braquage, viol, arnaques, assassinats, délinquance juvénile, consommation des drogues etc. Les populations, les autorités religieuses et même les pouvoirs publics ont tirés la sonnette d’alarmes au cours des années écoulées. Mais ladite insécurité est toujours présente malgré la rescousse de certains corps armés tels que le Bataillon d'intervention rapide (Bir), le Groupement spécial d'opération (Gpo), le Groupement d'intervention polyvalent de la gendarmerie nationale (Gipgn), les Equipes spéciales d'intervention rapides (Esir) de la police etc.

Rébellion séléka, réfugiés et insécurité

Un autre qui hérite de dossiers brulants est le nouveau patron de la région de l’Est, Grégoire Mvogo. Ce dernier devra faire face aux dommages collatéraux causés par l’instabilité en République centrafricaine. Des retombées qui se traduisent particulièrement par l’afflux massif des ressortissants centrafricains au Cameroun. A ce jour ces derniers sont estimés à 251.232. Un afflux qui ne convient pas toujours aux populations hôtes avec lesquelles les nouveaux venus sont souvent en conflit et qui est à l’origine de la montée de l’insécurité dans cette partie du pays.

Au-delà de cet aspect, le nouveau Chef de terre devra empêcher les attaques des rebelles Séléka en territoire camerounais. A ce jour ces attaques contre des postes de polices camerounais, agressions des populations, et enlèvement sont nombreuses. A ce propos, Grégoire Mvogo hérite de l’épineux dossier des otages enlevés à Garoua boulaï en mars 2014 par les rebelles séléka.

Outre les retombées de l’instabilité en RCA, Grégoire Mvogo aura sur sa table les dossiers relatifs au braconnage, au développement minier et à l’exploitation du bois. Des secteurs dans lesquels des circuits de fraudes connaissent une croissance exponentielle.

Infiltration de Boko Haram et islamisme radical

Le nouveau chef de terre de l’Adamaoua Kildadi Taguieke Boukar a en partage avec son voisin de la région de l’Est, le dossier relatif à la surveillance des frontières imposée par les attaques des rebelles Séléka. Ces derniers faisant également des incursions dans la région.

Outre cet aspect sécuritaire, Kildadi Taguieke Boukar sera face à un défi majeur : celui de maintenir un rempart entre le septentrion et le grand sud dans la lutte contre Boko Haram. A ce sujet le nouveau gouverneur devra notamment gérer la montée de l’islamisme radical aussi bien dans les écoles coraniques que dans les mosquées. Une montée qui a été notamment signalée par le dernier rapport de l’organisme International Crisis Group.

Le positionnement géographique de cette région impose également au Chef de terre, un rôle important dans cette lutte contre la troupe à Shékau. Il s’agit de servir une fois de plus de barrière entre le Septentrion et le Sud sur le plan des transports. La gare ferroviaire de Ngaoundéré étant justement un élément clé dans le dispositif de lutte contre l’infiltration des terroristes dans la partie Sud du pays. Une pan de la sécurité sur lequel l’ancien gouverneur de cette région Abakar Ahamat affirmait maximiser les efforts au cours de la première conférence semestrielle des gouverneurs de région de cette année.

Braconnage et querelles transfrontalières

La région du Sud semble la plus calme comparée aux précédentes. Toutefois elle a son lot de dossiers sur lesquels Felix Nguelé Nguelé devra se pencher. Le premier, la gestion des trois frontières avec la Guinée Equatoriale, le Congo et le Gabon. A ce sujet, les tensions entre le Cameroun et le pays d’Obiang Nguema Mbassogo sont un secret de polichinelle. Le nouveau chef de terre sera de fait amené à gérer avec diplomatie les relations entre le Cameroun et ce pays notamment.

Outre ce dossier Felix Nguelé Nguelé hérite de la chemise contenant le casse-tête du braconnage dans la région du Sud. Le phénomène d’exploitation illégale des ressources fauniques connait une nette évolution dans cette partie du pays. Un phénomène observé selon le Comité régional de lutte contre le braconnage au niveau de toutes les couches sociales. Ce dernier recense notamment des foyers de braconnage tels que la réserve de biosphère du Dja, du parc national de Campo-Ma’an, du parcnational de Kom et du sanctuaire à gorille de Mengame.

Sur le plan routier Felix Nguelé Nguelé devra gérer le dossier relatif au bitumage de la route Ebolowa-Akom II-Kribi longue de 160km environ. Un projet qui s’étire dans le temps malgré son importance. Cette route devra en effet notamment modifier le trafic et les échanges commerciaux entre le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Gabon.

Si toutes ces régions ont des dossiers spécifiques, un élément demeure un challenge pour cet ensemble. La lutte contre la secte Boko haram. Un défi sécuritaire que devront relever les nouveaux vénus et ceux maintenus par le décret du 23 octobre 2015.

Source: La Nouvelle Expression