Ils expriment leur ras-le-bol suite aux agressions quotidiennes qu’ils subissent dans leur établissement depuis le début de la rentrée et exigent la mise sur pied d’un dispositif sécuritaire et des meilleures conditions de vie.
Visiblement, rien ne va plus dans le Septentrion. Depuis les incursions meurtrières de la secte Boko Haram qui fait des morts, voici que, sur la même lancée, le chapitre des enseignants du primaire et du secondaire s’ouvre.
La journée «craie morte» qui devait normalement prendre fin le 16 septembre, selon des informations recueillies à bonnes sources, continue. En fait, ces éducateurs expriment leur-ras-le bol suite aux agressions qu’ils subissent dans leur établissement depuis le début de la rentrée et exigent la mise sur pied d’un dispositif sécuritaire et des meilleures conditions de vie. «Des mesures urgentes doivent être prises par les pouvoirs publics.
Nous ne sommes pas des esclaves des parents d’élèves mais, des éducateurs. Notre rôle ne se limite pas seulement à l’enseignement. Si un élève est indiscipliné, nous nous devons de le discipliner. Hors, lorsque nous appliquons des sanctions envers un apprenant, ses parents viennent nous tabasser. Il faut que cela s’arrête», déplore un enseignant totalement dépité.
Les faits. Tout commence le jeudi 1er octobre dans une classe de 6è au lycée de Garoua. Pour une affaire de tenue délavée, une enseignante avait réprimandé son élève. Celle-ci, en guise de représailles, sera copieusement tabassée en présence des élèves par le parent de l’élève punie. Le géniteur du fautif justifiera par son geste en arguant le manque de moyens financiers ceci du à ses affaires qui ne prospèrent pas suite aux incursions de Boko Haram.
Deux jours après, dans un autre établissement, le même scénario se déroule. Cette fois-ci, c’est le professeur de sport qui est pris à partie par le père d’un élève. Ce dernier n’a pas toléré que son fils, parce que pris la main dans le sac et puni pour avoir mâché du chewing-gum, sera roué de coups de poings. «Vous demandez à mon fils d’acheter 100 chewing-gum alors qu’il en a mangé qu’un seul !
C’est intolérable. Vous n’êtes que des professeurs mendiants. Même un franc, vous n’aurez pas», grommèle le géniteur de l’élève puni, visiblement enragé. «J’avais dit à l’enfant de ne plus manger à mon cours, celui-ci s’en foutais. Quand je l’ai puni à deux reprises, il est allé dire à ses parents. Le lendemain, pendant que je donnais cours, son père est venu me frapper comme si j’étais un bandit», rapporte la victime.
En effet, l’année dernière, sur l’ensemble des enseignants, 25% ont été violentés par les parents d’élèves contre 63 % cette année. Des faits qui font froid au dos. Et qui témoignent le malaise dans lequel sont engouffrés les enseignants depuis 2014. Dans les différents établissements primaires et secondaires, les enseignants ne sont pas en sécurité. Ceux-ci attendent que des mesures soient prises par la tutelle pour mieux exprimer leur savoir-faire sans frustration.