Les jeunes de l'extrême nord disent non à une tentative de manipulation du régime Biya

La jeunesse du Septentrion refuse d’être réduite à de simples outils électoraux, instrumentalisés à chaque veille d’élection pour des intérêts qui ne les concernent pas.

En réponse à l'appel à manifestation pro Biya organisée par le Directeur de Cabinet de Cavaye Yeguié, un groupe de jeunes acteurs de la Société civile a publié un contre-appel à l'endroit de la jeunesse de l'extrême nord.

Dans leur note, ils demande aux jeunes d'être du bon côté de l'histoire.



"En notre qualité d'acteurs de la société civile et militants engagés pour le développement harmonieux et inclusif du Cameroun et de la région de l'Extrême-Nord en particulier, nous tenons a exprimer, avec tout le respect du aux institutions, notre profonde désapprobation et refus face a l'initiative de mobilisation annoncée dans un communiqué daté du 10 avril 2025, appelant 100.000 jeunes à se déplacer pour Maroua à l'effet de manifester leurs soutiens à la candidature du Président Paul Biya à l'élection présidentielle d'octobre 2025.

Nous pensons :

1. La jeunesse mérite mieux qu'une instrumentalisation politique.

Les jeunes de l'Extrême-Nord ne sont ni des instruments de mobilisation de masse.

ni des bétails électoraux que l'on agite à l'approche des élections. Ils aspirent a une vie digne, à des formations de qualité, à des emplois décents, à des soins de santé accessibles et à un environnement sécurisé.

Au lieu de convoquer 100.000 jeunes pour scander des slogans politiques, pourquoi ne pas initier « l'Opération "10.000 microprojets pour les jeunes de l'Extrème-Nord » ou alors « Opération 100.000 actes de naissances pour les enfants de l'Extréme-Nord » ?

Pourquoi ne pas lancer une « Opération 100.000 tables-bancs » ? Pour soulager les écoliers qui, dans de nombreuses écoles publiques, prennent encore les cours assis à même le sol, à la belle étoile, sans protection contre le soleil ou la pluie ? Pourquoi n'avoir pas payé les frais d'examens des élèves victimes d'inondations ou de boko haram ?

2. C'est une initiative politiquement déplacée dans un contexte de détresse sociale marquée par des promesses non tenues.

La région de l'Extrême-Nord est aujourd'hui l'une des plus éprouvées du pays. Elle fait face à de nombreux défis structurels: une insécurité chronique dans plusieurs localités, un taux de chômage extrêmement élevé, une sous-scolarisation inquiétante, des infrastructures scolaires et sanitaires défaillantes, un accés limité à l'eau potable et à l'électricité, et des routes quasi inexistantes.

Ajoutés à tout ceci, des promesses électorales non tenues. A titre d'exemple, les 3000 forages promis par le Chef de l'Etat lors d'une de ces campagnes électorales.

Dans ce contexte alarmant, on ne peut comprendre que l'urgence soit à une mobilisation politique aux allures d'insultes et de mépris, alors que des centaines de jeunes fuient chaque jour le désespoir en quête d'opportunités incertaines pour être vigiles, moto-taximan, vendeurs a la sauvette...

3. Ce type d'initiative n'aide pas le Président Paul Biya qu'elle prétend soutenir.

Instrumentaliser la misère de notre jeunesse pour des intérêts politiques à court terme ne grandit pas la cause que l'on prétend défendre. Si les organisateurs de cette manifestation veulent véritablement soutenir le Chef de l'État, qu'ils le fassent en apportant des solutions concrètes aux maux qui gangrènent notre région, en travaillant à redorer son image par l'action, non par la mise en scène.

4. Appel a la conscience et a la responsabilité de la jeunesse.

Nous lançons un appel à tous les jeunes de la région de l'Extrême-Nord :

- Ne vous laissez pas instrumentaliser par cet appel à mobilisation inopportune. Restez chez vous le 10 mai 2025.

- Refusez d'être les figurants d'un théâtre politique qui ne tient pas compte de vos réalités.

- Ne cédez pas à la manipulation.

- Engagez-vous là où cela compte vraiment".