Les milliards de Kadji Defosso: voici pourquoi l'un de ses héritiers renonce à sa part d'héritage

Kadji Defosso

Fri, 13 Jan 2023 Source: www.camerounweb.com

L'on parle d'une affaire de plusieurs milliards censés lui revenir. Mais Joseph Didier Kadji a renoncé à sa part d'héritage laissé par son père, le richissime Kadji Defosso.

Dans une note qu'il a publiée par l'entremise de son avocat, Joseph Didier Kadji affirme que les biens de son défunt père sont en train d'être accaparé par ses autres frères et sœurs avec qui ils n'ont pas la même mère.

En gros, pour éviter un interminable conflit et des procédures judiciaires lourdes et sans doute longues, il préfère renoncer à sa part d'actions, de biens immobiliers et autres biens laissés par leur père.

Biographie de feu Kadji Defosso

A 16 ans, Joseph Kadji quitte son village auquel il est si attaché, le jeune adolescent, a décidé d’aller rejoindre sa sœur Njengoue à Bonabéri où elle vit depuis quelques temps avec sa belle-famille. Sa mère qui, grâce à son commerce dans l’huile de palme a fait quelques économies, va lui donner un peu d’argent pour le grand voyage. C’est la descente vers Douala qui va être clairsemée d’escales, Mbanga, Bonabéri.

Kadji Defosso arrive dans la ville portuaire à ce moment où les Généraux français de Gaulle et Leclerc lèvent une armée noire pour aller combattre les forces nazis. C’est de justesse que l’adolescent échappe à l’enrôlement par la force qui a cours dans le pays. On embarque les jeunes soit pour aller se battre sur le front européen, soit pour aller travailler dans les plantations du Mungo qui ont été réquisitionnées, et qui produisent des denrées pour nourrir l’armée française. On appelle ça l’effort de guerre.

1940. Le jeune Kadji a finalement effectué la traversée pour rejoindre Douala. Elle se fait seulement en pirogue puisque le pont n’existe pas encore. Il vit de petits commerces, et multiplie les expériences. Le jeune Defosso, très débrouillard, travaille comme manœuvre chez papa Tchitcha. Il récupère par ailleurs de la marchandise chez un commerçant grec tous les matins, passe la journée à la vendre et reverse les recettes tous les soirs.

Pendant qu’il travaille chez Papa Tchitcha, son tuteur, Kadji Defosso envisage déjà de monter sa propre affaire, d’ouvrir sa boutique. Cette idée passe naturellement par le principe de la tontine à laquelle il est profondément attaché. Grâce à cette cotisation, mais également à son acharnement au travail, à la mort de son mentor Papa Tchitcha, Joseph Kadji va ouvrir sa boutique N°1 au marché de la Besséké à Douala. Un bazar où l’on vend tout ce qui est possible.

Cette boutique N°1 sous l’appellation Commerce général est la fondation sur laquelle il commence à bâtir. Et, le jeune homme décide de fonder sa famille qui pour lui est un gage de stabilité.

Marie Louise Kambiwo qu’on lui a présenté et qu’il a couvert de cadeaux pendant un moment accepte de devenir sa femme et s’installe à Bonabéri chez sa sœur. Le mariage va être célébré en 1945 à Douala, sous une pluie battante.

Mariage pluvieux, mariage heureux a-t-on coutume de dire.

Quelques temps après cet évènement, le jeune couple s’installe à New-Bell Bana. New-Bell est à ce moment-là le nouveau quartier de brassage des populations qui arrivent de l’hinterland. On y croise essentiellement des Bétis, des Bassas, par la suite, les bamilékés qui arrivent de plus en plus nombreux vont se regrouper par communauté comme cela se fait un peu partout dans le monde.

Joseph Kadji dans le quartier Bana est entouré de ses amis Ngangop, Kontchou, et le chef Nicodème. Ils y retrouvent les autres élites du Haut-Nkam tels que Lenteu Pierre, le Chef Tagne Youmbi, Siewe André, et Koloko Levis, un peu plus loin Monthé Paul. Tout ce beau monde réuni va s’associer pour commencer à envoyer les enfants du village en France pour effectuer des études.

Joseph Kadji touche à tout. Il vend tout, riz, farine, morue séchée, tissu venu d’Indonésie etc... Il devient progressivement un des notables du quartier. C’est ici que la famille commence à s’agrandir. D’abord avec la naissance d’Odette, suivi de Jean Baptiste JUIMO Sanga, le fils aîné de sa sœur chérie qu’il se dépêche de récupérer en 1951, ainsi de suite….

Chez les Kadji, pas de différence entre les enfants de sa sœur et les siens.

En ce milieu de la décennie 50, Joseph Kadji Defosso fait désormais partie des nantis à New-Bell. Comble du luxe, dans une ville où certains quartiers restent encore réservés aux blancs, où les colons vivent encore entre eux, il peut se permettre d’aller chercher à manger au mess des officiers pour sa famille. Le must pour la bourgeoisie noire de l’époque.

A 16 ans, Joseph Kadji quitte son village auquel il est si attaché, le jeune adolescent, a décidé d’aller rejoindre sa sœur Njengoue à Bonabéri où elle vit depuis quelques temps avec sa belle-famille. Sa mère qui, grâce à son commerce dans l’huile de palme a fait quelques économies, va lui donner un peu d’argent pour le grand voyage. C’est la descente vers Douala qui va être clairsemée d’escales, Mbanga, Bonabéri.

Kadji Defosso arrive dans la ville portuaire à ce moment où les Généraux français de Gaulle et Leclerc lèvent une armée noire pour aller combattre les forces nazis. C’est de justesse que l’adolescent échappe à l’enrôlement par la force qui a cours dans le pays. On embarque les jeunes soit pour aller se battre sur le front européen, soit pour aller travailler dans les plantations du Mungo qui ont été réquisitionnées, et qui produisent des denrées pour nourrir l’armée française. On appelle ça l’effort de guerre.

1940. Le jeune Kadji a finalement effectué la traversée pour rejoindre Douala. Elle se fait seulement en pirogue puisque le pont n’existe pas encore. Il vit de petits commerces, et multiplie les expériences. Le jeune Defosso, très débrouillard, travaille comme manœuvre chez papa Tchitcha. Il récupère par ailleurs de la marchandise chez un commerçant grec tous les matins, passe la journée à la vendre et reverse les recettes tous les soirs.

Pendant qu’il travaille chez Papa Tchitcha, son tuteur, Kadji Defosso envisage déjà de monter sa propre affaire, d’ouvrir sa boutique. Cette idée passe naturellement par le principe de la tontine à laquelle il est profondément attaché. Grâce à cette cotisation, mais également à son acharnement au travail, à la mort de son mentor Papa Tchitcha, Joseph Kadji va ouvrir sa boutique N°1 au marché de la Besséké à Douala. Un bazar où l’on vend tout ce qui est possible.

Cette boutique N°1 sous l’appellation Commerce général est la fondation sur laquelle il commence à bâtir. Et, le jeune homme décide de fonder sa famille qui pour lui est un gage de stabilité.

Marie Louise Kambiwo qu’on lui a présenté et qu’il a couvert de cadeaux pendant un moment accepte de devenir sa femme et s’installe à Bonabéri chez sa sœur. Le mariage va être célébré en 1945 à Douala, sous une pluie battante.

Mariage pluvieux, mariage heureux a-t-on coutume de dire.

Quelques temps après cet évènement, le jeune couple s’installe à New-Bell Bana. New-Bell est à ce moment-là le nouveau quartier de brassage des populations qui arrivent de l’hinterland. On y croise essentiellement des Bétis, des Bassas, par la suite, les bamilékés qui arrivent de plus en plus nombreux vont se regrouper par communauté comme cela se fait un peu partout dans le monde.

Joseph Kadji dans le quartier Bana est entouré de ses amis Ngangop, Kontchou, et le chef Nicodème. Ils y retrouvent les autres élites du Haut-Nkam tels que Lenteu Pierre, le Chef Tagne Youmbi, Siewe André, et Koloko Levis, un peu plus loin Monthé Paul. Tout ce beau monde réuni va s’associer pour commencer à envoyer les enfants du village en France pour effectuer des études.

Joseph Kadji touche à tout. Il vend tout, riz, farine, morue séchée, tissu venu d’Indonésie etc... Il devient progressivement un des notables du quartier. C’est ici que la famille commence à s’agrandir. D’abord avec la naissance d’Odette, suivi de Jean Baptiste JUIMO Sanga, le fils aîné de sa sœur chérie qu’il se dépêche de récupérer en 1951, ainsi de suite….

Chez les Kadji, pas de différence entre les enfants de sa sœur et les siens.

En ce milieu de la décennie 50, Joseph Kadji Defosso fait désormais partie des nantis à New-Bell. Comble du luxe, dans une ville où certains quartiers restent encore réservés aux blancs, où les colons vivent encore entre eux, il peut se permettre d’aller chercher à manger au mess des officiers pour sa famille. Le must pour la bourgeoisie noire de l’époque.

Avec la libéralisation du secteur café cacao, l’homme d’affaires va devenir l’un des principaux acteurs de la filière au point d’être souvent consulté par le Président Ahmadou AHIDJO. Il va très vite élargir son champ d’activités pour s’intéresser à des secteurs jusque-là réservés aux firmes occidentales. Il est le premier africain à se lancer dans l’industrie du cinéma dès 1965.

En 1952 Joseph Kadji Defosso effectue son premier voyage en France. Long périple en bateau qui passe par le Sénégal, puis Marseille.

En 1955, son épouse Marie Louise qui jusque-là était un peu la curiosité à New-Bell, perchée sur son vélo va le troquer pour une rutilante Peugeot Aronde.

Mais en ce milieu de la décennie 50, les revendications nationalistes surtout symbolisées par l’UPC dont la principale figure est UM Nyobe, intensifie la lutte contre le régime colonial français. Il n’est absolument pas disposé à accorder son indépendance au Cameroun. La répression est particulièrement violente.

Um Nyobe et tous ses sympathisants, nombreux au Cameroun sont désormais la cible. New-Bell le quartier cosmopolite où se concentrent en grand nombre les Bassas et les Bamilékés est un bastion sous le déluge du pouvoir français.

Sa maison héberge de nombreuses personnes. C’est dans ce climat de tension que décède en 1959 sa mère KEUNI. Il est dans l’impossibilité d’acheminer sa dépouille vers le village en raison de l’insécurité qui règne. Kadji Defosso Joseph va se résoudre à l’enterrer à Douala.

Les temps sont incertains. Les menaces plus en plus proches à Douala. Et Face à l’insécurité grandissante à New-Bell et aux menaces clairement ciblées dont il fait l’objet, Joseph Kadji quitte précipitamment le quartier populaire pour s’installer à Bonapriso. Dans la foulée l’homme d’affaires acquiert sa deuxième boutique de commerce général.

Les magasins commencent à se succéder à un rythme soutenu: d’abord ARGENTINA, qui se spécialise dans l’alimentation générale, mais surtout dans la vente des boissons, notamment dans la distribution des boissons des Brasseries du Cameroun, mais également des vins, les dame-jeanne…

Joseph kadji Defosso, prend alors une seconde épouse, issue de la famille royale Bana ,Tchoua Happi Rose.

Très vite, cet autodidacte va comprendre l’intérêt de se réunir pour faire face aux grands groupes occidentaux. Il faut s’organiser. Tous les hommes d’affaires Bamiléké essentiellement vont se mettre ensemble pour faire face pour profiter des opportunités qui s’offrent à eux. Ces alliances séduisent également les investisseurs étrangers qui trouvent en eux des partenaires fiables. Conscient du fait qu’il faut s’unir pour aspirer à quelque chose de grand. En 1959, il crée avec son ami Paul Monthé, le premier Président camerounais de la Chambre de Commerce, les établissements KADJI et Cie. C’est la première association commerciale d’africains d’envergure à cette époque-là. Elle est spécialisée dans le négoce et joue un rôle prépondérant dans l’émergence de grands commerçants camerounais de cette période. Son objectif est d’investir dans les plus beaux quartiers de Douala, de construire dans les belles avenues. Ainsi elle va investir à l’avenue du 27 Août qui est la plus belle dans ces années là. Joseph KADJI y construit un immeuble de haut standing composé d’appartements, avec au rez-de-chaussée un magasin de commerce général. C’est l’éclosion définitive de l’homme d’affaires.

Après le commerce général, va suivre l’import-export. Avec la libéralisation du secteur café cacao, l’homme d’affaires va devenir l’un des principaux acteurs de la filière au point d’être souvent consulté par le Président Ahmadou AHIDJO. Il va très vite élargir son champ d’activités pour s’intéresser à des secteurs jusque-là réservés aux firmes occidentales. Il est le premier africain à se lancer dans l’industrie du cinéma dès 1965. 17 salles verront le jour à travers le pays. KADJI DEFOSSO combine savamment cinéma et spectacle. Il construit une prestigieuse salle aux standards internationaux en plein cœur de Yaoundé : LE CAPITOLE.

Par la suite, Il ouvre la première boulangerie appartenant à un camerounais, La Boulangerie Pâtisserie Camerounaise qu’il fera entrer dans l’actionnariat des Boulangeries Réunies .

Il rajoute une autre industrie, là où personne ne l’attendait. En 1972 UCB, l’Union Camerounaise des Brasseries voit le jour avec un actionnariat composé de toutes les ethnies du pays. Il bouscule ainsi le monopole de l’ancêtre des Brasseries du Cameroun, La BGI : Brasserie et Glacière d’Indochine, et le premier brasseur africain, secteur jusque la réservé dans toute l’Afrique aux compagnies occidentales.

La concurrence est violente. La BGI interdit même de prendre les produits UCB, la jeune Brasserie résiste. Seulement c’est à l’intérieur que la tension est la plus forte. Entre CASTEL qui fournit toute la matière première, et Joseph KADJI, le torchon brûle. La situation est telle qu’ils ne peuvent plus travailler ensemble. André CASTEL, l’un des actionnaires principaux menace de se retirer. Mais il n’imagine pas que l’autodidacte sans diplôme d’économie va retourner cette stratégie contre lui. KADJI décide de racheter ses parts, CASTEL est exclu de l’affaire. L’homme d’affaires camerounais est désormais le seul maître à bord. La guerre industrielle va s’intensifier plus de 20 ans plus tard, lorsque le même CASTEL va racheter les Brasseries du Cameroun. Mais, UCB résiste grâce à la pugnacité du patriarche qui a modernisé son outil, mais également son personnel puisque le groupe est désormais dirigé, restructuré, et contrôlé par ses enfants et ses petits-enfants.

En réalité, Si KADJI DEFOSSO Joseph a réussi dans de nombreuses affaires, le domaine dans lequel il va réaliser de réels investissements pour la pérennité d’abord du clan puis du groupe industriel, c’est sur la famille. N’ayant pas fait d’études, il a choisi d’offrir ce privilège à tous ses enfants. Tous vont effectuer de belles études. Une stratégie et une exigence qui vont permettre aux entreprises KADJI de développer un groupe familial solide. Elles ne se limitent pas seulement aux enfants puisque le patriarche l’a poursuivi avec les petits-enfants dont il suivait la scolarité avec la même sévérité. Veillant à ce qu’ils accèdent aux meilleures écoles dans le monde.

Le groupe KADJI c’est aussi l’un des plus grands patrimoines immobiliers du Cameroun avec jusqu'à ce jour la tour la plus haute du Cameroun «LE CAURIS » à Douala, une compagnie d’assurances AGC (Assurances Générales du Cameroun), une minoterie SCC (Société Camerounaise de Minoterie), POLYPLAST né à au départ pour fournir les casiers à UCB, le transit, avec Soprotrans, l’hôtellerie avec l’hôtel Arcade à Douala.

Un groupe monté à la force et à l’intelligence d’un homme. Ce qui l’amène souvent à ironiser sur ces intellectuels à qui il a été confronté pendant toutes ces décennies.

Sans parchemin, il est parvenu à monter par son intelligence l’un des plus grands groupes d’Afrique. Mieux, il a su assurer la relève avec ses enfants d’abord, ensuite ses petits-enfants qui occupent les postes stratégiques dans l’ensemble des entreprises du groupe.

Si le grand public connaît essentiellement de lui sa réussite dans les affaires, il ignore l’homme de conviction qu’était KADJI DEFOSSO Joseph. Un homme particulièrement attaché à son terroir, à sa région.

D’abord son village. L’amour de Bana et de ses traditions était tellement fort que KADJI DEFOSSO a réussi le tour de force de faire parler sa langue maternelle à tous ses enfants. Chose rare dans les grandes familles Bamiléké. Même les petits-enfants ont préservé ce précieux patrimoine.

L’attachement de Joseph KADJI DEFOSSO à son terroir, va même l’amener à se lancer dans la bataille politique pour conquérir la mairie de Bana. Il prend sur lui de construire l’hôtel de ville avec ses propres deniers. En chrétien convaincu et pratiquant, au-delà de l’aide importante qu’il apporte à la mission catholique à Douala, il va également offrir une église à Bana.

Si KADJI DEFOSSO Joseph était un défenseur de la cause de son village, il était aussi celui de sa région Bamiléké. Il y était très attaché. Mais son soutien à la cause Bamiléké, n’en n’a pas fait un sectaire. Il suffit pour cela à la fois d’observer le côté particulièrement cosmopolite de sa famille aujourd’hui qui est fait d’un remarquable métissage réunissant quasiment toutes les régions du Cameroun. En plus le clan n’est plus seulement camerounais, il compte également quelques régions de l’Afrique et du Monde. C’est aussi cela la famille KADJI. Et ce métissage se retrouve aussi dans la composition du capital de la plupart de ses entreprises.

Comment parler de KADJI DEFOSSO Joseph sans évoquer l’un des aspects les plus importants de son action? Le social, l’humanitaire, mais également le soutien apporté aux femmes et aux plus démunis à travers la fondation Fu’a Toula KADJI DEFOSSO. Comment passer sous silence le rôle joué pour la paix au Cameroun pendant la période de braise des années 90 ? Il aura su dans cette crise politique nationale servir de médiateur entre le pouvoir et les partis d’opposition. C’est l’un des rôles essentiels qu’il aura joué pour son pays.

C’est cet homme multidimensionnel, ce monument, ce patriarche dont l’image restera gravée dans la mémoire des milliers de ses employés et collaborateurs avec qui il entretenait une relation quasi paternelle, C’est le pionnier de l’industrie, le promoteur de la culture que nous célébrons aujourd’hui. Comme tout homme qui a planté un arbre, il ne disparaitra jamais. Il continue de vivre dans nos esprits et dans nos cœurs.

Source: www.camerounweb.com