Dans un tourbillon diplomatique sans précédent, le président camerounais Paul Biya multiplie les déplacements internationaux en cette fin d'année 2024, alimentant à la fois l'agenda politique du pays et les spéculations sur son état de santé. À 92 ans, le doyen des chefs d'État africains semble défier le temps, enchaînant les voyages avec une énergie qui ne manque pas d'intriguer observateurs et citoyens.
Début septembre, Paul Biya s'est rendu en Chine pour participer au 9e Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC). Ce déplacement, crucial pour les relations sino-camerounaises, a permis au président de rencontrer son homologue chinois Xi Jinping et de discuter des enjeux bilatéraux dans un contexte de réorientation de la stratégie chinoise en Afrique.
Mi-août, le couple présidentiel camerounais était l'invité d'Emmanuel Macron pour les cérémonies du 80e anniversaire du débarquement de Provence. Un séjour sur la Côte d'Azur qui a mêlé devoir de mémoire et activités diplomatiques, Paul Biya rappelant dans son discours "le rôle crucial de l'Afrique dans la libération de la France".
À peine rentré au Cameroun, Paul Biya s'apprête à repartir pour la France. Cette fois-ci, c'est pour participer au sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) prévu les 4 et 5 octobre à Villers-Cotterêts. Un rendez-vous qui réunira de nombreux chefs d'État africains autour du thème de l'emploi des jeunes.
Ces déplacements successifs, bien que témoignant d'une activité diplomatique intense, soulèvent inévitablement des questions sur la santé du président nonagénaire. Malgré les rumeurs persistantes sur son état physique, Paul Biya semble maintenir un rythme soutenu, déjouant les pronostics les plus pessimistes.
L'utilisation d'avions médicalisés pour ses voyages alimente les spéculations, mais paradoxalement, la fréquence de ses déplacements et sa présence active lors des événements internationaux suggèrent une résilience remarquable pour son âge.
Si ces voyages démontrent la volonté du Cameroun de rester un acteur diplomatique de premier plan en Afrique, ils soulèvent également des interrogations sur la gouvernance du pays. Certains observateurs s'inquiètent de l'impact de ces absences répétées sur la gestion des affaires courantes, dans un contexte national marqué par des défis sécuritaires, économiques et sociaux persistants.
Paul Biya reste une énigme, jonglant entre une visibilité internationale accrue et un certain mystère entourant sa condition physique. Ces voyages, s'ils témoignent d'une volonté de maintenir le Cameroun sur l'échiquier diplomatique mondial, ne font qu'épaissir le voile sur les réelles capacités du président à gouverner dans la durée.
Alors que le pays se prépare pour les échéances électorales de 2025, la question de la succession de Paul Biya demeure plus que jamais d'actualité, alimentée par ces déplacements aussi fréquents qu'énigmatiques.