Dans sa Biographie dans son livre "J'aime l'odeur de l'encre sur le Papier au petit matin", Haman Mana dévoile comment a été créé la société éditrice du journal Mutations, dont Maurice Kamto était l'un des actionnaires.
Lisons cet extrait du livre:
"Maurice Kamto n’est pas du genre disert, même en privé. De sa voix calme, souvent de manière pédagogique, il parle, en ponctuant son propos d’un « Je vais vous expliquer», qui revient chez lui comme un tic verbal.
Il m’a donc expliqué, me racontant dans quelles circonstances est née l’idée qui a débouché sur ce qui sera la South Media Corporation... C’est courant 1994 lors d’une rencontre plutôt fortuite dans un café de Yaoundé que Protais Ayangma, assureur à Douala, Vianney Ombey Ndzana, économiste et agitateur d’idées et lui discutent de l’idée d’une presse différente, qui ne serait pas enfermée dans le carcan observable en ce moment-là.
On sort péniblement des «années de braise», qui ont vu naître et prospérer une presse surtout «tribunicienne», qui s’est faufilée dans les interstices des libertés conquises par la société civile, mais qui peine à être une presse professionnelle, outil d’information, de formation et de reflet d’une société en demande de changement.
Les choses vont vite: Ombe Ndzana vient d’être viré de la Société Nationale d’Investissement où il était cadre, du fait de ses tribunes dans «la presse d’opposition», et est disponible pour endosser le projet, en se reconvertissant. Les trois hommes vont vite, et c’est ainsi que naît le projet «Génération».
Vianney Ombe Ndzana prend avec lui de jeunes journalistes formés à l’Esstic, auxquels il associe quelques jeunes sortis de l’université. Alain Blaise Batongué, Emmanuel Gustave Samnick, Lambert Fotso, Melvin Akam [...]
Le lancement de Mutations sera accompagné du naufrage de Génération en quelques mois) Le titre Mutations sera lancé, mais encadré par une société éditrice. C’est à l’étude de Me Tagne, sise avenue Giscard d’Estaing à Yaoundé, qu’a lieu le dépôt des statuts.
Maurice Kamto m’y amène, au volant de sa Renault 5 grise d’un autre âge, nous deux serrés à l’avant, son immense briefcase chargé de documents occupant la banquette arrière. Nous y rencontrons le premier clerc, un spécimen du métier, un homme d’un
âge certain qui connaît tous les rouages du métier, et qui prend en mains le dossier de la «South media Corporation».
Maurice Kamto avait sorti cette dénomination d’un trait, comme s’il l’avait en tête depuis des lustres. La répartition avait été faite au cours d’une réunion à quatre, entre Protais Ayangma, Maurice Kamto, Alphonse Soh et moi.
Voici la répartition du capital en pourcentage, au tout départ de ce qui est modestement une Sarl: Les parts de Maurice Kamto et Protais Ayangma sont de…".