La cour suprême a décidé de la cassation de condamnation qui maintenait l’ancien maire de Njombe en détention depuis 2008. Dès la sortie de la salle d’audience, l’homme a dit être déterminé à poursuivre son combat pour l’édification d’un système judiciaire plus juste au Cameroun.
C’est en homme libre que Paul Éric Kingue est sorti de la salle d’audience de la cour suprême ce 16 juillet en milieu de journée. Noyé dans un bain d’émotions, certains de ses soutiens n’ont pas pu retenir leurs larmes. Pour Paul Éric Kingue cependant après huit ans de détention, la plus grande victoire est celle du droit que la cour suprême a prononcé pour la première fois depuis le début de ses ennuis judiciaires.
Les juges de la cour suprême ont statué sur deux affaires Paul Eric Kingue ce jeudi : l’une relative aux émeutes de 2008 et l’autre concernant des présumés détournements de fonds publics. Dans les deux cas, la cour a annulé les décisions des juridictions inferieures.
Paul Eric Kingue a annoncé qu’il devrait faire de la lutte pour la promotion des droits de l’homme son cheval de bataille dans les semaines à venir. Mais avant de se relancer dans l’arène publique, le désormais ex-prisonnier a dit vouloir se rendre sur la tombe de son fils décède en en mars 2011 pendant qu’il était dans sa cellule à la prison centrale de Douala.
Réaction à la presse
Au moment où je regarde le soleil, en homme libre, mon sentiment est un sentiment de joie. La justice vient enfin d’être dite. J’ai toujours cru que la cour suprême me rendra cette justice. Je voudrais dire merci à ces magistrats qui ont eu le doigté de ne pas faire comme leurs collègues des instances. Notre justice est malade, véritablement malade.
L’acte que cour suprême vient de poser est l’arbre qui casse la forêt. Il ne faudrait pas que la cour suprême s’érige en juridiction qui vient corriger les jugements que les instances inferieures auraient dû faire. Si c’est le cas, les dommages seront énormes. Je viens de passer huit ans en prison pour rien après avoir perdu un enfant. Il y a deux jours j’ai perdu mon frère ainé. J’ai perdu tout ce que j’avais de ma vie – en dehors de ma propre vie. C’est Dieu qui me maintient debout au regard des péripéties insupportables que j’ai connues.
Je voudrais dire que la République tout entière mérite que je lui dédie cette libération. Les Camerounais se sont unis autour de ma cause. J’ai reçu des messages de toutes les couches sociales de ce pays, j’ai reçu les encouragements de toutes les populations de ce pays. Je ne pouvais ne pas dire merci au peuple camerounais.
Je m’en voudrais si je ne dis pas un merci particulier à la presse. Cette presse qui a pris fait et cause pour moi, cette presse qui a su me soutenir jusqu’ici, cette presse qui a même été menacée mais qui est restée fidèle pour défendre les droits humains. C’est peut-être une autre face de la presse camerounaise que le monde entier ne connait pas. Je voudrais dire que notre presse est une véritable presse humaine qui mérite d’être soutenue à tous les niveaux. Elle m’a apporté son soutien.
Je refuserais d’écraser une larme maintenant en public devant vous… Je vais me retirer pour quelques jours pour aller sur la tombe de mon fils. Je lui dirais que j’avais été injustement accusé, aujourd’hui j’ai été rétabli. J’irai lui demander pardon, pardon parce que j’aurai pu être à ses côtés à son dernier soupir. Mais parce que je me suis engagé dans un combat que je trouve juste et normal qui a fini par lui couter la vie.
Je voudrais terminer en disant que mes remerciements vont singulièrement à la diaspora camerounaise qui m’a soutenu en tout temps et qui m’a toujours apporté un message de réconfort chaque fois que j’en avais besoin. J’adresse surtout ce message à monsieur Hubert Ducarne, le président de mon comité de soutien basé au Luxembourg et qui n’a jamais ménagé aucun effort pour m’apporter du réconfort du fond de ces geôles. Vraiment merci !
Mais je vous promets que dans les prochains jours, dans les prochaines semaines peut-être les prochains mois, je reviendrais vers la presse. Permettez-moi d’aller dire merci aux populations de Njombe-Penja qui ont souffert de mon absence et prier sur la tombe de mon fils.