Une prime de guerre d'un montant de 30.000 francs CFA (60 dollars) et une autre d'une valeur de 2.000 francs (4 dollars) pour l'alimentation sont allouées chaque mois pour la prise en charge des troupes camerounaises engagées dans la lutte contre la secte islamiste nigériane Boko Haram, a révélé mercredi le ministre de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo'o.
En visite à Garoua, la principale ville de la région du Nord, pour l'installation du général Frédéric Ndjonkep Meyomhy comme commandant de la troisième région militaire interarmées, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, a insisté sur l'attribution effective de ces indemnités aux soldats, un dossier qui fait des vagues au sein des unités de sécurisation du territoire.
Des voix se sont en effet fait entendre au cours des derniers mois dans les rangs de ces troupes pour se plaindre de ce que le paiement de ces primes n'était pas dans certains cas effectif ou régulier, à cause des soupçons de malversations concernant certains responsables militaires, surtout s'agissant des forces déployées dans la région de l'Extrême-Nord, la principale ligne de front de la lutte contre Boko Haram.
La déclaration du ministre de la Défense vise probablement à apaiser ces tensions et à éviter une contagion après la marche de protestation organisée le 9 septembre dans les rues de Yaoundé par un groupe de soldats ayant servi pour le compte des opérations de maintien de la paix en Centrafrique sous l'égide de l'Union africaine (UA) et des Nations Unies, pour le versement de leurs indemnités.
Le montant de ces primes allouées à environ 1.300 soldats selon des sources officielles, contre 1.504 de l'avis des sources internes au ministère de la Défense même, est estimé à 6 milliards de francs CFA(12 millions de dollars) et la régularisation de ce dossier n'a pas non plus fini de faire des vagues, une partie seulement des sommes déclarées ayant été débloquée, d'après les protestataires.
Selon les estimations du ministère de la Défense, plus de 6.000 forces de défense et de sécurité sont opérationnelles dans le Nord du pays pour lutter contre Boko Haram. Les autorités annoncent en outre la mise à disposition d'un effectif de 2.450 éléments pour le déploiement pour la même cause de la Force multinationale mixte (FMM) de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT).
Cette force, prévue d'être dotée d'un total de 10.500 hommes, dont 8.500 soldats puis 2.000 gendarmes et policiers, provenant aussi par du Nigeria, du Tchad, le Niger et du Bénin, aurait dû débuter ses activités au plus tard en fin juillet. Mais en dehors des retards dans la mobilisation des effectifs, elle souffre par ailleurs de problèmes logistiques.
Pendant ce temps, le Cameroun fait face à une recrudescence des attaques du groupe terroriste, marquées ces derniers mois par des attentats-suicides dont les plus récents, au nombre de deux comme la plupart des précédents, ont causé au moins 9 morts et 24 blessés dimanche à Kolofata, localité de l'Extrême-Nord proche de la frontière nigériane, selon le bilan officiel.