Les restes d'Ahidjo au Sénégal: les dessous d'une affaire dont Biya ne veut rien savoir

L'ancien président Ahidjo et Paul Biya

Sat, 3 Dec 2022 Source: www.camerounweb.com

33 ans après son décès, le premier président camerounais gît toujours au Sénégal. 30 novembre 1989 – 30 novembre 2022. Cela fait 33 ans jour pour jour que disparaissait le premier président camerounais, Ahmadou Ahidjo à l’âge de 65 ans. Foudroyé par une crise cardiaque, le prédécesseur de Paul Biya gît à Dakar au Sénégal où il s’était réfugié depuis 1983. Comme dans les années antérieures, seuls quelques nostalgiques ont observé une minute de silence sur les réseaux sociaux en la mémoire de l’illustre disparu. Suite à des accusations de « complot contre l’État », «il est condamné par contumace après la tentative coup d’État de 1984 dont le régime Biya l’accuse d’avoir ourdi ». Ce qui renforce son exil.

En 1991, Ahidjo bénéficie d’une loi d’amnistie initiée par Paul Biya. Depuis lors, des voix se sont élevées pour réclamer le retour des restes de celui-là qui est considéré comme le « père de l’indépendance du Cameroun ». Mais jusqu’ici, le silence des autorités nourrit toujours autant les attentes. Interrogé sur le sujet en octobre 2007 au cours d’une émission sur la télévision française France 24, le président de la République, Paul Biya, avait décliné sa responsabilité, arguant que la décision revenait à la famille restreinte de l’ancien chef de l’État. En réaction, Germaine Ahidjo, la veuve de l’ex président, elle-même décédée en avril 2021, avait estimé que son époux méritait les honneurs dus à son rang et que par conséquent, c’est aux autorités camerounaises de prendre ce dossier en main. Il faut dire que le rapatriement d’Ahidjo figure parmi les propositions formulées par la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (Cnpbm).

Lors d’une « mission d’écoute des populations » du 30 mai au 1er juin 2018 à Bamenda, ces populations ont formellement demandé au chef de l’Etat Paul Biya de « ramener la dépouille de l’ancien président dans le pays ». Ladite mission s’inscrivait dans le cadre de la recherche des solutions à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

À la faveur de la campagne présidentielle de 2018, la question a refait surface. Cabral Libii, à l’époque candidat de l’Union nationale pour l’intégration vers la solidarité (Univers) pour ce scrutin, en avait fait une promesse de campagne.

«La République accordera une attention particulière [à] la mémoire et la famille de feu le président Ahmadou Ahidjo dont je rétablirai aux lendemains de mon élection la dignité et l’honneur en faisant rentrer sa dépouille avec en prime, l’organisation des obsèques officielles ».

Avant lui, d’autres personnalités, ont fustigé ce manque d’égards des autorités à la figure étatique et historique d’Ahmadou Babatoura Ahidjo. Il a dirigé le Cameroun de mai 1960 à novembre 1982, soit 22 ans durant. 33 ans plus tard, une génération de camerounais reste toujours ignorante d’une partie de l’histoire de leur pays, car son tout premier chef de l’État repose toujours au cimetière musulman de Yoff dans la capitale sénégalaise Dakar.

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