Les témoignages accablants d'Elecam : comment la fraude remonte jusqu'aux instances supérieures

Biya Vote Urnes.png Image illustrative

Thu, 16 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

Jeune Afrique a recueilli des témoignages d'une gravité remarquable concernant les dysfonctionnements électoraux, provenant de multiples régions du Cameroun et impliquant des agents de l'organisme chargé de l'élection lui-même.

Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, à Makary, dans la région de l'Extrême-Nord, un agent d'Elecam aurait reconnu avoir perçu 30 millions de francs CFA d'un opérateur économique pour modifier les documents en sa possession en faveur de Paul Biya. Ce témoignage constitue, s'il est avéré, une preuve directe de corruption au sein de l'institution censée garantir l'impartialité électorale.

Jeune Afrique rapporte également que dans d'autres régions, la fraude semble coordonnée : à Maroua, les responsables du parti de Tchiroma Bakary assurent que pas moins de 21 procès-verbaux ont été falsifiés avant d'être transmis à la commission communale chargée du décompte des votes. À Bafoussam, le même scénario se reproduit avec des variantes.

Plus significatif encore, Jeune Afrique révèle qu'un représentant du RDPC, Maurice Tiibam Kube, a démissionné après avoir dénoncé l'attribution de 2 241 voix à Paul Biya quand seuls 130 votants se sont présentés dans l'unique bureau de sa circonscription à Njinikom (Nord-Ouest). Cette démission d'un homme du système lui-même suggère un niveau de fraude impossible à ignorer.

Selon Jeune Afrique, même d'autres candidats d'opposition comme Patricia Tomaïno Ndam Njoya (UDC) et Joshua Osih (SDF) ont dénoncé « des dysfonctionnements graves », « des votes multiples, des bourrages d'urnes » et « des procès-verbaux falsifiés ». Cette convergence de témoignages crédibles pose une question politique majeure : pourquoi Elecam et le Conseil constitutionnel ne procèdent-ils pas à des vérifications indépendantes ?

Les révélations de Jeune Afrique suggèrent que la fraude présumée n'est pas un dysfonctionnement isolé, mais un système organisé impliquant des agents de l'État eux-mêmes. La crédibilité du processus électoral camerounais dépendra désormais de la manière dont ces accusations seront traitées par les autorités officielles.

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