Les évêques de la Province épiscopale entre le marteau et l’enclume

Ludovic Lado Le père Ludovic Lado

Tue, 10 Oct 2017 Source: cameroon-info.net

Réagissant à la division observée dans l’église catholique au sujet de la crise anglophone, le prêtre indique que le Vatican ne peut intervenir que s’il est sollicité par les pouvoirs publics.

Approché par le quotidien Mutations, le père Ludovic Lado analyse les positions divergentes portées par les évêques de la Province épiscopale de Bamenda et ceux de la Conférence nationale épiscopale du Cameroun (CENC), au sujet de la crise anglophone en général et des troubles survenus le 1er octobre 2017 au Nord-ouest et au Sud-ouest en particulier.

Sur ces deux sorties, le père Ludovic Lado déclare «il est évident que depuis le début de la crise anglophone, les évêques ont du mal à parler d’une seule voix, et ça peut se comprendre. Il y a d’un côté le Province épiscopale de Bamenda qui est sur le terrain des évènements et de l’autre, les autres évêques qui essayent de comprendre ce qui se passe et ce qu’on peut faire. La réalité est que les évêques de la Province épiscopale sont entre le marteau des activistes et l’enclume des pouvoirs publics, et on l’a vu avec l’affaire de la fermeture des écoles. Les évêques de cette Province auraient bien souhaité à un moment que les cours reprennent comme l’avaient souhaité la Conférence épiscopale mais, le contexte local ne s’y prêtait pas. Et on a fini par les trainer devant les Tribunaux».

Poursuivant avec sa lecture des sorties des évêques de la Province épiscopale de Bamenda et de la CENC, le père Ludovic Lado ajoute «la tournée du président de la Conférence dans la Région était courageuse mais la vérité est qu’il a été boudé par les populations qui ne comprenaient pas qu’il insiste sur la reprise des cours, pendant que les leaders étaient en prison. Donc il me semble qu’il y a une divergence d’appréciation de la réalité entre la Province épiscopale de Bamenda et la Conférence épiscopale dans son ensemble».

Sur le terme «génocide» utilisé par les évêques de la Province épiscopale de Bamenda pour qualifier les évènements du 1er octobre 2017, le père déclare «il est évident que nous ne sommes pas en situation de «génocide» au sens technique de ce terme, mais on peut comprendre que quand on est en situation de minorité réprimée violemment avec des pertes en vie humaine, certains termes permettent d’attirer l’attention de la Communauté internationale sur la gravité de la situation. Ceci dit quand certains journalistes comme cela a été le cas sur la chaine de télévision Vision 4, appellent au ciblage des anglophones, on peut craindre la dérive génocidaire. J’ai été surpris par la tolérance du Ministère de la Communication face à de telles dérives médiatiques qui rappellent les radios milles collines du Rwanda et entretiennent chez les anglophones, la fausse impression qu’il y a un complot francophone contre eux au Cameroun».

Revenant sur la divergence de positions qui existe entre les évêques de la Province épiscopale de Bamenda et ceux du CENC, le père Ludovic Lado interrogé sur ce que peut être l’action du Vatican, le prélat précise que «le vatican ne peut pas s’ingérer dans une crise aussi politique s’il n’est pas sollicité par les pouvoirs publics. En effet l’Eglise catholique dans son ensemble préfère souvent une diplomatie très discrète».

Source: cameroon-info.net