Les valeurs perdues d’antan de l’homme Beti

BEKOLO 78 L’homme Beti lutte sans cesse contre le mal

Wed, 13 Nov 2024 Source: www.camerounweb.com

Dans le monde de rêve inspiré de l’idéal du peuple Beti, l’homme se consacre à bâtir une société parfaite, exempte de malheur, de maladie, de mort et de frustration. Cet idéal repose sur une harmonie totale entre l’homme et la nature, où règnent la prospérité, la santé, l’amitié, la générosité et le partage.

L’homme Beti lutte sans cesse contre le mal et le malheur en agissant sur le vivant – qu’il s’agisse des plantes, des animaux, des autres humains ou des éléments naturels comme l’eau et le temps. Il devient un maître dans l’art de comprendre et d’interagir avec tout ce qui l’entoure, un véritable chimiste, cuisinier et ingénieur de la nature. Pour atteindre cet idéal, l’homme Beti doit apprendre à inverser la négativité. Il combat la maladie et le malheur grâce à des recettes et des savoirs secrets appelés le Biang, que l’on reçoit souvent dans les rêves, qui sont eux-mêmes perçus comme des révélations sacrées, parfois liées à des initiations. Ce processus de transformation s’appuie sur une acquisition de connaissances unique, où le rêve et l’intuition deviennent des vecteurs de sagesse.

Les savoirs des ancêtres, recueillis lors des débuts du matin, appelés le Kiri, sont cruciaux, tout comme les enseignements des ancêtres nommés les Taras. Zamba Nkombot Fieu, le créateur des hommes, leur a transmis ce Biang pour guider leur chemin vers la prospérité. Le projet ultime de l’homme Beti est de bâtir un village, le Dzal, à travers le mariage, fondant ainsi sa descendance et assurant sa continuité après la mort. Ce legs, appelé Élig, représente la trace laissée par l’homme à travers son village et ses enfants. Il prône les valeurs de l’Eding, l’amour, et de l’Akap, le partage, tout en rejetant le Zing, la haine, et le Wup, le vol, des comportements qu’il s’efforce de bannir de sa famille et de son entourage. L’amitié, pour l’homme Beti, est sacrée et doit durer toute une vie.

Quant à la médisance, elle n’a pas de place dans cette société idéalisée. Lorsque l’homme acquiert la richesse, appelée Akum, il est de son devoir de distribuer les Bidi, c’est-à-dire la nourriture, à son entourage. Ce partage généreux lui vaut le Olugu, les honneurs et le respect de la communauté. Au cœur de cette société se trouve le Mvigi, une figure clé dans la fabrication de l’homme. C’est au Mvigi que revient la tâche de modeler l’homme en lui transmettant l’Evu, un pouvoir positif, opposé au Mebenga, cet arbre autour duquel rien ne pousse. Le Mvigi a la capacité de voir les forces destructrices et invisibles, d’anticiper les dangers et de protéger ceux qui sont menacés. Les hommes mûrs, appelés les Nyamodo, possèdent souvent l’Ayang, un oignon mystique qui leur permet de lire l’avenir et d’interpréter les situations complexes.

En pratiquant le Ngam, ils œuvrent pour le bien-être de ceux qui les entourent. Lorsqu’un mal se manifeste, et que le Mvigi en a connaissance, une société secrète, l’Esie, est convoquée. Les anciens, détenteurs de la parole magique, appelée le Dimba, et capables de miracles, appelés Assimba, interviennent alors. Ils demandent à celui qui détient le mal de s’en débarrasser discrètement, afin de préserver la paix et la prospérité du village, sans exposer publiquement cette menace. Ainsi, à travers ses pratiques, l’homme Beti se révèle être le gardien d’un monde où règnent la vie, la prospérité et l’harmonie.

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