Face aux balbutiements, avancées et reculades des plénipotentiaires de la justice, au vu de la dernière actualité en date au sujet de l'ordonnance du juge d'instruction concernant la libération de Léopold Maxime Eko Eko et Jean-Pierre Amougou Belinga, le magistrat hors hiérarchie, anciennement procureur de la République à Douala, avocat général à la Cour d'appel de Bafoussam, procureur général à la Cour d'appel à Ebolowa, puis ministre de la Fonction publique et la réforme administrative, sort de sa réserve, explique sans filtre dans son « ce que je pense », le verrou de sécurité qui encadre les décisions de justice. Lisez plutôt.
« Ce que je pense… » Ce qui rend une procédure ou une affaire difficile, ce n'est pas tant le ou les problèmes de droit posés mais davantage la qualité des personnes mises en cause. Le magistrat qui subit comme être humain, comme citoyen l’environnement dans lequel il vit, a l'obligation, parce qu'il a prêté serment devant Dieu et devant les hommes, de dire le droit, sans haine ni faveur ni rancune.
Il rend justice au nom du peuple camerounais et bénéficie, de ce fait, de la protection du président de la République, élu du peuple et garant de l'indépendance de la magistrature. Il bénéficie aussi de la protection de Dieu, au cas où ses décisions, rendues en son âme et conscience, et conformément à la loi, sont justes.
La crédibilité des décisions rendues par les juges est un gage de stabilité et de paix sociale. Chaque magistrat, chaque acteur de la justice est donc un artisan de la paix et par conséquent, un accompagnateur du président de la République - mendiant de la paix - dans l'œuvre de construction nationale où aucune contribution n'est de trop.
Un aîné magistrat, de regrettée mémoire, m'avait dit, je cite, jeune collègue, n'ayez pas peur des pressions et des interventions diverses dans les procédures car les pressions de toutes natures et les interventions il y en aura toujours. Mais au-delà des pressions et des interventions il n'y a que la loi, la bonne application de la loi qui vous protégera.
Je pense que ce que le président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature et le peuple camerounais attendent des magistrats c'est des comportements qui honorent la justice, des décisions de justice pertinentes et conformes à la loi, des décisions qui, parce qu'elles sont justes et équitables, participent à apaiser le climat social et à rassurer les citoyens.
Les comportements contraires contribuent à accentuer la crise de confiance observée entre les citoyens et la justice. Le magistrat est le prisonnier de la loi et de la loi seule. Vous cessez d'être magistrat lorsque votre âme et votre conscience sont pris en otage par d'autres forces que la loi.
La loi étant elle-même comprise comme l'expression de la volonté populaire. L'assainissement de notre environnement social, culturel, économique et politique est important et nécessaire pour que les acteurs judiciaires et autres s’expriment dans la sérénité. C'est une affaire de tous et de chacun.