On dira à certains égards que le Cameroun a fait des progrès en termes de liberté de la presse, si l’on s’en tient au classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par l’Ong «Reports Sans frontières». Dans ledit classement rendu public mardi, la nation vert-rouge-jaune, classée 129 en 2017, est remontée au 130 rang cette année, et ne demeure pas moins l’un des mauvais élèves de ce tableau de 180 pays.
Cette légère progression noyée par la récurrence des exactions et autres abus de pouvoir des autorités camerounaises sur les hommes de médias dans l’exercice de leurs fonctions. «Les autorités font régner une atmosphère de crainte et d’autocensure. De nombreuses radios n’ont toujours pas reçu leur agrément définitif, technique largement utilisée par le gouvernement pour les garder sous la menace permanente d’une fermeture. Autre pratique récemment observée : la poursuite des journalistes pour diffamation sans qu’ils en soient avertis. Ces derniers se retrouvent ainsi condamnés à des amendes exorbitantes ou à des peines de prison sans avoir jamais pu se défendre devant un tribunal», dépeint Rsf.
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L’Ong regrette par ailleurs que la loi antiterroriste votée par l’Assemblée nationale en 2014 s’applique même à l’exercice de la profession de journaliste, tout en préconisant la traduction des prévenus devant les tribunaux militaires. «Elle a été utilisée pour justifier le maintien du correspondant de Rfi en prison pendant près de deux ans et demi. D’autres journalistes ont été arrêtés lors de la répression des manifestations dans les régions anglophones du pays où, à partir de janvier 2017, Internet a été coupé pendant plusieurs mois», renchérit le rapport.
En Afrique, le Cameroun se classe au 37e rang tandis que le Ghana est la première nation africaine de ce classement où la presse jouit d’une liberté certaine. Ce ranking mondial est dominé par la Norvège.