Liberté de la presse : la radio qui fait du business pour garantir son indépendance éditoriale dans l'Est de la RDC

La radio qui fait du business pour garantir son indépendance éditoriale dans l'Est de la RDC

Tue, 3 May 2022 Source: www.bbc.com

Dans ce local, on aperçoit des échantillons de différents produits de première nécessité. C'est entre autres de la farine de maïs, de blé ou de manioc, du sorgho, du haricot, du riz etc.

La cantine RTCT, sur l'une des routes fréquentées de la ville de Goma, dans l'est de la RDC est l'une des activités génératrices de revenus mises en place par la radio communautaire Tayna, (RTCT).

Cette radio a également mis trois motos taxi en circulation dans la ville de Goma.

L'initiative est de Jacques Vagheni, le directeur de la Radio RTCT qui veut maintenir l'indépendance éditoriale de sa radio.

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"Du commerce pour financer les programmes de qualités"

"Aujourd'hui nous avons tenu une cantine de produits vivriers, de première nécessité qui aide doublement. D'abord pour le personnel, ils peuvent lutter contre la famine chez eux mais au même moment cette cantine, sur le long terme, va être capable de générer des bénéfices qui vont être affectés à l'encouragement des journalistes et la production de programmes de qualité", explique-t-on à BBC Afrique.

Selon Reporters Sans Frontières, les journalistes Africains travaillent parfois dans des conditions de précarité qui les expose à des influences des acteurs économiques et politiques.

Dans son dernier rapport sur l'état de la liberté de la presse dans le monde l'Ong note que ces difficultés économiques menacent l'indépendance des journalistes sur le continent.

La RD Congo est classée 149 ème sur 180 pays en matière de liberté de la presse en 2021 par Reporters sans Frontières.

Une vingtaine de médias audiovisuels ont pignon sur rue à Goma et 149 journalistes y sont répertoriés par l'Union nationale de la Presse du Congo (UNPC).

Malgré la création régulière de nouvelles maisons de presse, les journalistes changent régulièrement d'employeur, à la recherche de meilleures conditions de travail.

C'est un problème que la Radio RTCT a réussi à dépasser. Il y a 12 ans, les bailleurs de fonds ont arrêté de financer la radio, poussant le responsable à trouver des alternatives.

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L'indépendance de la presse à l'épreuve de la précarité économique

Cette "période vaches maigres" comme l'appelle Jacques Vagheni a poussé cette radio communautaire à chercher des solutions pour assurer sa survie.

"On a dit donc on ne peut pas croiser les bras. Je sais qu'il y a des gens qui disent mais est ce qu'une radio peut faire du commerce, à plus forte raison une radio communautaire? " constate le directeur de la RTCT.

La cantine octroie volontiers à tout travailleur de la radio des produits à crédit dont le rythme de remboursement dépend de la situation financière de l'employé.

Ce qui fait l'affaire des agents comme le souligne Gracias Mwanza, journaliste producteur à la RTCT depuis six ans.

"Le dernier produit que j'ai commandé, c'est un bidon de vingt litres d'huile. Nous sommes parmi les premiers consommateurs des produits de la cantine. Pour nous qui sommes agent à la RTCT on ne s'abonne pas, on est déjà reconnus par la radio" confie Gracias Mwanza.

La RTCT compte étendre ses boutiques et multiplier le nombre de ses motos pour faire augmenter ses recettes.

Cette radio communautaire espère ainsi rester fidèle à son audience sans interférences extérieures.

Source: www.bbc.com