Libido : ce que les buveurs du soukoudaï ne savent pas

Les effets du soukoudaï

Thu, 21 Sep 2023 Source: Le Messager n°8124 du 21 septembre 2023

À la recherche du pain quotidien, des camerounais se lancent dans la vente de ce breuvage dit fortifiant et aphrodisiaque. Sans lieu fixe pour écouler leur produit, ils pratiquent la vente ambulante. Les consommateurs du soukoudaï n’ont besoin que de 50 francs CFA pour l’ingurgiter.

Une boisson incolore comme l’eau très prisé par les personnes, originaires pour la plupart du Grand-Nord. « Grâce à ma boisson, Je rends les consommateurs heureux. Je me rassure toujours que mon produit est de bonne qualité. Je m’organise pour être dans les secteurs où j’aurai le plus de clients », affirme Oumarou D, vendeur à Tsinga dans l’arrondissement de Yaoundé 2.

Au-delà de la qualité du service, vient la question de la qualité du produit. Mais les ingrédients pour la composition de la liqueur qui peut servir de revitalisant ne sont pas dévoilés. « Je ne peux pas dire ce que j’utilise pour faire mon soukoudaï parce que les constituants varient. Seuls les clients par contre savent bien ce qu’on met dans cette boisson », ajoute-t-il.

Bien que cette boisson ait des vertus thérapeutiques qui permettent de venir à bout de la toux et la grippe entre autre, les conséquences restent visibles sur les consommateurs, l’addiction et la fragilité de l’état de santé. « Ce que je sais est que le soukoudaï n’a pas d’effets négatifs à la base. Après, il y a des organismes qui n’en supportent pas. Il appartient aux consommateurs d’arrêter pour leur bien-être », affirme Adamou A., vendeur au quartier MvogAtangana-Mballa situé dans l’arrondissement de Yaoundé 4.

La vente de cette boisson, permet de lutter contre le chômage. Les bénéfices peuvent osciller entre 10 000 francs CFA et 15 000 la journée. L’économie des revenus peut contribuer à la construction d’infrastructures au Cameroun. « Je peux vendre toute la journée et avoir assez de revenus pour entretenir ma famille et achever la construction de ma maison, une véritable source de motivation », explique un commerçant. Pour certains, la vente de ce spiritueux est fatigante et moins rentable qu’on ne peut penser.

« Je ne vois vraiment pas ce que je gagne depuis plus de deux ans que j’ai commencé cette activité. J’envisage même d’y mettre fin et de rentrer dans mon village à Garoua. Là-bas, je pense trouver un autre business à faire », déclare un vendeur. Pendant que les vendeurs de cette liqueur ont des points de vue divergents concernant les bénéfices, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’elle a des effets négatifs sur la santé humaine.

« Bien que le soukoudaï soit efficace pour lutter contre certaines maladies selon les consommateurs, cette boisson reste néanmoins néfaste pour le corps humain car il brule la gorge et détruit l’œsophage, et les cellules importantes qui garantissent une protection auto-immune à l’organisme. En synergie avec la médecine traditionnelle, il faudrait réduire le degré d’alcool de cette liqueur pour quelle ait une valeur plus médicinale qu’alcoolique. Cela va efficacement contribuer à la valorisation de la culture africaine. Mais cette boisson reste néfaste pour la santé de l’Homme sur le long terme », asserte un personnel de santé qui a requis l’anonymat.

Source: Le Messager n°8124 du 21 septembre 2023