Liens avec les sécessionnistes : un parti de l'opposition soupçonné par le régime

Militants MRC Kamto Une affaire devant la justice

Thu, 30 Jan 2025 Source: Terre promise n°217 du 29 janvier 2025

Trois figures marquantes dont une de la société civile et deux de l’opposition politique sont ces derniers temps appelés à s’expliquer à cet effet devant les forces de l’ordre. Leurs sympathisants craignent que cela ne débouche à un procès devant la justice militaire.

Lundi dernier, Me Emmanuel SIMH, avocat au barreau du Cameroun et vice-président du parti politique MRC, publiait sur sa page Facebook une information qui a été reprise dans les réseaux sociaux : il avait été auditionné pendant cinq au Service central des recherches judiciaires de la gendarmerie, un service du Secrétariat d’État à la gendarmerie, avant de rentrer dans son étude, en attendant la suite de la procédure.

Me SIMH se dit « soulagé » d’avoir pu expliquer, à sa demande, que les infractions de tentative d’atteinte à la sûreté nationale, de financement de terrorisme et de financements de bandes armées étaient d’une « inqualifiable grossièreté ». Cependant, tout en tenant ces propos, le vice-président du MRC semble ne pas prendre cette affaire à la légère. La preuve, il s’est fait accompagner par une kyrielle d’avocats parmi lesquels le bâtonnier, Me MBAH Eric MBAH, en personne, des avocats venus de Yaoundé, Douala et même de la lointaine ville américaine de Boston. Les remerciements qu’il adresse à ses confrères dénotent sa volonté de vendre cher sa peau, dans une affaire qui commence à prendre de l’ampleur.

En effet, Emmanuel SIMH n’est ni le seul ni, encore moins, le premier à devoir s’expliquer sur cette affaire devant les autorités. Avant lui, il y a eu KAH WALLA, qui a, comme lui, la particularité de militer dans un parti politique d’opposition. Il y a surtout Me Alice NKOM, avocate au barreau du Cameroun et surtout co-présidente d’une association des droits de l’homme dont les activités ont été interdites par le ministre camerounais de l’Administration territoriale qui soupçonne le Réseau des droits de l’homme d’Afrique centrale (RE DHAC) de bénéficier de financements occultes ou, tout au moins, d’origine douteuse, qui serviraient à financer des groupes terroristes au Cameroun. La présidente du REDHAC a brisé les scellés qui avaient apposés à son bureau, ouvrant ainsi la voie à un contentieux avec les autorités administratives qui l’accusent d’avoir violé la loi.

Il faut rappeler que les trois personnalités mises en cause sont accusées par une organisation camerounaise de défense des droits de l’homme de tentative d’atteinte à la sûreté nationale, de financement de terrorisme et de financements de bandes armées, pour avoir pris part il y a quelques années à une rencontre en Allemagne par certains membres de la diaspora camerounaise. Au cours de cette rencontre, l’on aurait, semble-il, discuté de la possibilité de financer les groupes armés « ambazoniens » qui ont déclaré la guerre au pouvoir central de Yaoundé, soi-disant pour obtenir l’indépendance des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le gouvernement camerounais, sans l’affirmer ouvertement, a souvent laissé suggérer que certains partis politiques de l’opposition auraient des accointances avec les sécessionnistes, au point même de les financer. Mais il n’a jamais officiellement porté plainte contre un quelconque d’entre eux.

Source: Terre promise n°217 du 29 janvier 2025