Lignes 65 et 94 : énormes révélations sur la guerre entre Motaze, Ngoh Ngoh et le sort d’ Amougou Belinga

La guerre des clans se poursuit

Thu, 13 Oct 2022 Source: www.camerounweb.com

Depuis quelques jours, toute la classe politique camerounaise est éclaboussée par le scandale qu’il convient désormais d’appeler sous le vocable de Ligne 65 et 94. En effet, les noms de plusieurs personnalités fusent de partout, depuis l'ouverture d'une enquête dans le cadre des milliards détournés sur les lignes budgétaires 65 et 94. Mais pourquoi un tel tsunami ? Selon Jeune Afrique qui a fait une enquête, tout tourne autour de deux acteurs principaux qui se mènent une guerre impitoyable. Louis Paul Motaze et Ferdinand Ngoh Ngoh

« Derrière la plus grande enquête jamais organisée par l’administration du pays se cache la rivalité entre le ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, et l’un de ses principaux rivaux Ferdinand Ngoh Ngoh, le puissant secrétaire général de la présidence », clarifie d’entrée Jeune Afrique dans son article.

Le Magazine panafricain livre d’autres détails de cette gigantesque manœuvre au sommet de l’Etat.

« C’est la plus importante opération d’audition d’agents publics jamais menée par les autorités camerounaises. Depuis le 5 octobre, 1 790 employés du ministère des Finances défilent devant les services du Contrôle supérieur de l’État, à Yaoundé, pour rendre compte de l’utilisation des fonds qui leur ont été alloués durant la période allant de 2010 à 2021. Les enquêteurs de l’État cherchent ainsi à faire la lumière sur les frais engagés et adossés à la ligne 65, celle dédiée aux « dépenses communes de fonctionnement » non prévues par le budget de l’État », précise Jeune Afrique.

« Les dénonciations d’entorses aux prescriptions réglementaires sont légions au sein de l’administration camerounaise, et il ne fait aucun doute que des dysfonctionnements devraient être révélés au grand jour. Selon les textes en vigueur en effet, un agent de l’État ne peut effectuer plus de 100 jours de mission au cours du même exercice budgétaire. La réglementation prévoit également que seuls 60 % des frais de mission peuvent être perçus avant le départ en mission, les 40 % restants devant être reçus après le dépôt d’un rapport de mission. Mais cette règle est très souvent bafouée. « Les cas de missions fictives sont notoires au sein de notre administration, affirme à Jeune Afrique le responsable d’un cabinet d’audit privé sous couvert d’anonymat. Cela prend la forme de jours de missions qui se cumulent à l’infini, ou de missions qui ne sont soutenues par aucun justificatif. », souligne Jeune Afrique dans son article.

« Si elles étonnent par leur ampleur, les auditions menées par le Contrôle supérieur de l’État sont en fait le prolongement d’une vaste enquête lancée, en début d’année, par la présidence de la République sur la gestion des lignes de souveraineté 65 et 94 du budget de l’État. La première est logée au ministère des Finances, l’autre à l’Économie. Une opération banale si l’on s’en tient aux pratiques managériales modernes mais qui, au Cameroun, revêt un caractère exceptionnel tant il est difficile de la dissocier des luttes politiques qui ont actuellement cours dans le pays, et qui dictent la météo de l’action administrative », précise l’article.

Jeune Afrique n’a pas manqué de revenir sur la parenthèse de Jean-Pierre Amougou Belinga, qui cristallise plus les attention dans cette affaire tentaculaire.

« À l’origine de cette affaire, on retrouve la diffusion sur les réseaux sociaux d’un document faisant état de l’utilisation de la ligne 94 – dédiée aux « interventions de l’État » non prévues au budget – pour financer les activités de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga. Selon ce document, Louis-Paul Motaze, à l’époque ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, lui a accordé une subvention de 680 millions de F CFA au titre de subvention, pour la construction de l’Institut supérieur des sciences, arts et métiers. L’affaire a suscité un tollé et soulevé une batterie de questions, si bien que le ministre a été sommé de s’expliquer devant le Parlement lors de la session de novembre 2021 », rappelle JA.

Le confrère se demande par ailleurs s’il s’agissait d’une simple coïncidence.

« L’amitié que se portent Amougou Belinga et Motaze est de notoriété publique à Yaoundé. Le ministre n’a d’ailleurs jamais contesté les faits. Tout aussi connue est l’inimitié que se vouent ledit Motaze et le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh – les deux hommes lorgnent, chacun à leur manière, la succession de Paul Biya, et autour d’eux gravitent des clans rivaux. Or c’est précisément Ngoh Ngoh qui, dès le 18 janvier 2022, transmettait au Contrôle supérieur de l’État les instructions du président pour « procéder à l’audit de la gestion des ressources issues des chapitres budgétaires 65 et 94 sur la période de 2010 à 2021 ».Coïncidence ? Louis-Paul Motaze a été ministre de l’Économie de 2007 à 2011, puis de 2015 à 2018, avant d’être affecté aux Finances. De ce fait, il a été le gestionnaire des lignes 65 et 94 pendant sept des onze années sur lesquelles porte l’audit », se demande Jeune Afrique dans son enquête.

« Ngoh Ngoh compte-t-il se servir de cette opération, plutôt bien accueillie dans par l’opinion, pour porter l’estocade à son adversaire et à ses proches ? Le Contrôle supérieur de l’État est en tout cas placé sous l’autorité directe de la présidence de la République et donc, du secrétaire général. Le fait qu’il ait été choisi pour mener la charge en lieu et place d’institutions judiciaires comme la Cour des comptes n’est sans doute pas un hasard : ladite cour est en effet placée sous l’autorité du ministre de la Justice, Laurent Esso, lequel est aussi réputé proche d’Amougou Belinga.À l’issue de l’audit, le Contrôle supérieur de l’État devrait adresser un rapport à Paul Biya, qui décidera des suites à donner, si jamais les soupçons de malversations et fautes de gestion étaient avérées. Rien ne garantit qu’il décidera de déclencher une procédure judiciaire, mais l’opacité qui entoure la gestion de ces fonds publics, pour un montant total de près de 500 milliards de F CFA par an, pourrait bien déclencher une nouvelle tempête médiatique et sceller l’avenir de certains ambitieux »n conclut Jeune Afrique.

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