La patience des supporters camerounais a atteint ses limites. Lundi, au lendemain du nul décevant (0-0) concédé par les Lions Indomptables face à l'Angola, des centaines de fans ont envahi les rues de Yaoundé pour exiger le départ du sélectionneur belge Marc Brys. Une fronde populaire qui ravive le débat sur l'avenir de l'équipe nationale camerounaise.
Le match disputé au stade Ahmadou Ahidjo lundi a cristallisé la frustration d'une nation entière. Face à l'Angola, les Lions Indomptables n'ont produit qu'une "prestation pâle", insuffisante pour satisfaire des supporters qui espéraient au minimum une victoire capable d'apaiser les tensions. Le score de 0-0 représente bien plus qu'un simple match nul : c'est le symbole d'une équipe qui peine à convaincre sous la direction de Marc Brys.
Cette débâcle sportive intervient à un moment où la qualification directe du Cameroun pour la prochaine Coupe du monde était déjà "hypothéquée". Autrement dit, le nul face à l'Angola enfonce un peu plus les Lions dans une crise sportive et éclaire les failles d'une gestion technique remise en cause par l'ensemble de l'opinion camerounaise.
"Qu'il rentre !" - Le cri de la rue camerounaise
La colère des supporters a dépassé les murs du stade. Des images virales montrent des centaines de jeunes Camerounais dans les rues de Yaoundé scandant le même message : le départ immédiat de Marc Brys. Parmi les manifestants, l'artiste comédienne camerounaise Laure Moa Minga s'est distinguée par la clarté de son message.
Depuis les gradins du stade omnisports de Yaoundé, la comédienne a lancé un cri du cœur qui résume le sentiment général : "On ne peut pas aller faire en Belgique. Qu'il rentre !" Cette phrase, chargée d'ironie – moquant l'origine belge de l'entraîneur – est devenue le slogan de la révolte des supporters camerounais, selon une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux.
Plus révélateur encore que la simple demande de départ de Marc Brys, les supporters camerounais ont exprimé une préférence claire pour un remplaçant : Rigobert Song, l'ancien capitaine et ex-entraîneur de la sélection nationale.
Cet engouement pour Song n'est pas dénué de fondement. Les Camerounais rappellent avec nostalgie que c'est précisément Rigobert Song qui avait conduit les Lions Indomptables à la qualification pour la Coupe du monde 2022. Encore mieux, il avait arraché cette qualification en battant l'Algérie à Blida dans les "ultimes minutes du match" – un exploit que les fans ne sont pas près d'oublier.
Le contraste est saisissant : sous Song, l'équipe avait montré du tempérament, de la résilience et la capacité à réaliser des exploits quand cela comptait vraiment. Sous Marc Brys, les Lions semblent avoir perdu cette combativité légendaire qui caractérise le football camerounais.
La mobilisation des supporters camerounais contre Marc Brys s'inscrit dans un contexte plus large. Alors que le Cameroun traverse une crise politique majeure liée aux élections présidentielles, cette fronde sportive représente une rare opportunité pour les Camerounais de s'exprimer publiquement sur un sujet qui les rassemble : le prestige de leur équipe nationale.
Les Lions Indomptables sont bien plus qu'une simple équipe de football au Cameroun. Ils sont un symbole d'unité nationale, un vecteur de fierté collective. Leur médiocrité actuelle est perçue comme une humiliation personnelle par des millions de Camerounais pour qui le football transcende les clivages politiques et sociaux.
Cette mobilisation massive pose une question cruciale à la Fédération Camerounaise de Football : écoutera-t-elle la voix de la rue ? Marc Brys, en poste depuis plusieurs mois, jouit-il d'assez de crédit pour survivre à cette fronde populaire ? Les résultats futurs des Lions Indomptables pourraient rapidement trancher.
Ce qui est certain, c'est que le débat sur l'avenir de la sélection nationale est désormais public et que les supporters, lassés d'une gestion jugée défaillante, ont clairement exprimé leur verdict : le départ de Marc Brys et le retour de Rigobert Song à la tête des Lions Indomptables.
Le stade Ahmadou Ahidjo, théâtre de la protestation lundi, pourrait bientôt être le lieu d'un tournant décisif pour le football camerounais, tant la pression populaire monte.