• La ministre de la ville Ketcha Courtes a procédé sous ordre du président de la République à la construction de plusieurs logements sociaux au Cameroun
• Nombreux de ces logements ont été mal exécutés
• Un audit de ces constructions s'impose
Les dernières intempéries à Bertoua ont fait découvrir le pot aux roses. Les 800 logements Planut sont un véritable gâchis. Un Comité d’audit par le Pm vivement souhaité. Le chef de l’Etat et son peuple trainés dans la boue par le Minhdu. Enquête.
<< A cette allure, je suis convaincu que ces bâti- ments tom beront en ruine l’un après l’autre lors des prochaines grandes pluies, et ça ce n’est qu’un début puisque le pire est à venir…>>. Connu pour son optimisme et son franc-parler, l’un des multiples ingénieurs de suivi pour la réalisation des logements du Planut dont nous ne révèlerons ici l’identité, ne peut cacher ni son désarroi, ni son impuissance face à ce désastre managérial. Et c’est de ça qu’il s’agit ! Dans la nuit du samedi
26 avril dernier, une forte pluie a secoué la ville de Bertoua. Au bilan des nombreux incidents enregistrés pendant cet orage dans le chef-lieu du soleil levant, « Une partie de la toiture de l’immeuble D des logements sociaux de Bertoua s’est envolée… », nous confie un fonctionnaire du Mindcaf en service à la délégation régionale de Bertoua qui affiche tout autant son dépit. En effet, il n’est pas le seul à lancer ce cri de détresse. Puisque toutes les administrations impliquées dans ce projet d’habitat social initié par le chef de l’Etat, semblent prises au dépourvu. Il faut dire que le mal est plus grave qu’on ne le pensait. L’exploitation des 800 immeubles (Bertoua, Garoua, Maroua, N’Gaoundéré, Ebolowa, Bafoussam, Buea et Bamenda), fruit du Plan urgence triennal (Planut) disséminés dans les chefs-lieux des régions, est un désastre, très loin d’être en conformité avec la norme en vigueur, d’après un expert que votre site d'information a contacté pour la circonstance. Pour s’en convaincre, le Premier ministre chef du gouvernement, va lui-même le constater à ses dépens pendant sa descente sur les sites d’Ebolowa le 30 janvier 2020. Et malgré le fait qu’on va peindre en blanc ces caveaux en masquant les véritables problèmes techniques, Chief Dion Ngute va tout au moins prescrire, sans en connaître véritablement la gravité : « Le règlement en urgence de tous ces problèmes d’habitabilité, en vue d’une occupation effective des logements au plus tard le 31 mars de l’année courante… » Or dans une thermocopie adressée aux services de renseignement dont nous avons pris connaissance, faisant le point des travaux de construction des logements sociaux du Planut dans les villes de Bertoua, Bafoussam, N’Gaoundéré, et Garoua, il est clairement mentionné: « Cité de Bertoua :l’absence de sanitaire dans certains logements, l’indisponibilité en énergie électrique, les défauts d’étanchéité des toitures de certains logements et le mauvais drainage des eaux de ruissellement dû à des contre pentes rendant certains logements inhabitables. Ce qui a d’ailleurs conduit des bénéficiaires à solliciter la permutation de leur logement régulièrement inondé pendant les pluies… ». Au niveau du bâtiment D sinistré à Bertoua, quelques techniciens sur le terrain indiquent que « sur la toiture, l’on note l’absence de jonction entre ladite toiture et la ferme. Il n’y avait pas d’attente. Il y a tout de même le chainage. Le souci c’est l’absence d’attente (acier pour la jonction avec l’ossature de la structure). Ainsi sous l’effet du vent, la toiture s’est envolée ».
Incertitudes
En outre, on est en passe d’être devant une véritable filouterie dont les commanditaires sont connus. « Le chef de l’Etat a été abusé par ceux qui pilotent et implémentent le Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance économique, (Planut 20152017) », nous confie l’un des ingénieurs de suivi de ce vaste projet présidentiel. Et ce n’est d’ailleurs pas faux ! Si- non, comment concevoir que le Minhdu ne manifeste pas la moindre lucidité et le sang-froid requis en pareille circonstance ? Selon un autre expert, « en application du principe de précaution, l’entrepreneur à la tête de ces travaux devrait déjà être interpellé par les pouvoirs publics face à tous ces manquements techniques graves, à l’instar de la découverte de la charpente posée simplement sur les parpaings.» Effectivement, face à ce scandale, une autorité administrative à Bertoua proche de ce dossier va admettre sous cape : « Visiblement on a comme l’impression que la Minhdu a le plus grand mal à mettre en œuvre une réponse claire et crédible aux sollicitations du président Paul Biya en matière de logements sociaux. Cette tâche n’est pas facilitée par le mutisme observé du mandataire qui n’est autre que le ministre Célestine Ketcha Courtès, et par l’incompétence menaçante derrière laquelle se cache d’autre part le constructeur qui n’est autre que la société Alliances Construction Came- roon (Acc) ». Les renseignements techniques dont nous avons eu la primeur au cours de cette enquête font état de ce que, ce scandale des logements sociaux qui coute plus de 800 millions de Fcfa de perte pour l’Etat du Cameroun, constitue par ailleurs une très grave menace pour la sécurité des éventuels bénéficiaires.
Une chose est sûre : face à ces atermoiements et toutes ces incertitudes relevant du maître d’ouvrage et du constructeur, on ne comprend pas pourquoi Célestine Ketcha Courtès veut s’entêter à réceptionner ces logements sociaux frappés du sceau de la malfaçon. En raison de la frilosité affichée par le Minhdu et malgré toutes les réticences apportées par l’expertise technique, on serait tenté de donner raison à une certaine opinion qui croit que, dans son pense-bête, Ketcha Courtès serait en train de vouloir se payer la tête du chef de l’Etat. Et comment ? En réceptionnant simplement tous les logements sociaux. Cette pirouette permettra ainsi de libérer les 2 milliards Fcfa de caution pour le compte de la société marocaine Alliances Construction Cameroun (Acc) dans le cadre de l’exécution de ce marché, où elle pourrait toucher sans aucune traçabilité quelques rétrocommissions.