Des problèmes de trésorerie au ministère des Finances angoissent le maître d’ouvrage et tendent à déconcentrer l’entrepreneur qui a déjà réalisé 82% des travaux.
La mise en eau partielle du barrage hydroélectrique de Lom Pangar est maintenue pour mi-septembre 2015, selon un engagement renouvelé vendredi dernier par Théodore Nsangou, le directeur général d’Electricity Development Corporation (Edc), maître d’ouvrage. C’était au cours d’une visite du chantier effectuée par des experts de la Banque mondiale, un des bailleurs de fonds du projet. L’ambition de tenir ce pari est réaffirmée et surtout matérialisée par un rythme de travail conforme au planning, jugent des experts. Stephan Garnier, spécialiste en énergie à la Banque mondiale en a fait une évaluation « très positive », s’est-il enthousiasmé.
« Sur le plan de l’avancement du chantier, a pour sa part précisé Théodore Nsangou, on a très bien progressé puisqu’on se situe aujourd’hui à plus de 82 % de l’avancement du barrage.» Pour faire simple, la mise en eau partielle va permettre à l’eau de monter progressivement dans le réservoir pour réaliser un stockage en volume de 3 milliards de mètres cube afin d’apporter aux centrales de Song Loulou et d’Edéa (ouvrages construits en aval sur la Sanaga) un débit complémentaire en période d’étiage 2016, ce qui correspond à un accroissement de production d’une puissance moyenne de 80 à 100 MW. Rappelons que le déficit de production des deux centrales hydroélectriques de Song Loulou et d’Edéa lors de l’étiage 2015 a atteint un pic de 80 à 100 MW.
Le seul hic c’est que l’entrepreneur chinois, China International Water & Electric Corp (CWE), à qui incombe cette mission de réaliser la mise en eau partielle fait grise mine, du fait du retard de payement de ses factures par le ministère des Finances. « C’est très important aussi que l’entrepreneur soit bien accompagné et parmi les mesures d’accompagnement, il y a le payement des factures. Nous travaillons avec le ministre des Finances pour que ceci soit fait. Nous sommes dans une phase extrêmement critique où tout dérapage dans le payement de factures peut nous entraîner vers un échec », a prévenu Théodore Nsangou.
Un calendrier des travaux soumis par l’entrepreneur chinois au maître d’ouvrage Edc prévoyait initialement la mise en eau du barrage en juin 2016. Mais le contexte des délestages et une tension entre l’offre et la demande en période d’étiage provoquée par l’incapacité des barrages réservoirs (Bamendjin, Mape, Mbakaou) d’assurer une disponibilité suffisante en eau pour la production des centrales de Song Loulou et d’Edéa a fait redresser ce planning, à la demande d’Edc, qui a plutôt penché pour une mise en eau anticipée et partielle en septembre 2015. L’entreprise chinoise s’est pliée à ces desiderata obtenant en contrepartie un avenant de 6 milliards FCfa.
Le problème c’est que le payement des factures de l’entrepreneur accuse un retard alors que le maître d’ouvrage accentue la pression sur lui pour un respect scrupuleux du planning. Difficile pour l’entrepreneur chinois d’avoir le coeur à l’ouvrage, lorsque le payement de ses factures traine. Le ministère des Finances qui tient les cordons de la bourse avance comme explication une tension de trésorerie provoquée par différentes sollicitations liées à la guerre contre Boko Haram. Reste que la mobilisation au ministère de l’Economie, dans les services du Premier ministre et à la présidence de la République pour dénouer ce blocage financier est un motif d’espoir pour tenir le pari de la mise en eau partielle d’ici le 15 septembre.