Pour comprendre le divorce qui aura lieu entre Ahidjo et Biya en 1984. Commençons par connaitre celui a célébré ce mariage.
Il s'appelle le docteur Louis-Paul Aujoulat. C'est un catholique français d'origine algérienne. Il arrive au Cameroun en 1935 dans le cadre du processus de la dé germanisation du Cameroun français. Ce jeune médecin crée dans les localités du Sud-Cameroun des dispensaires sous la dénomination "Fondation Adlucem ". La constitution de 1946 en France crée définit les organes centraux de l'Union française. Aux élections à l'Assemblée française du 10 novembre 1946, parmi les députés du Cameroun Aujoulat est le représentant des citoyens de statut français.
En 1948, Um Nyobé et ses compagnons créent un parti, UPC, dont le programme est l'indépendance et la réunification des Cameroun français et britannique. En 1951, Aujoulat fonde le bloc démocratique camerounais (BDC) sur un programme excluant toute indépendance qu'il juge irréaliste et démagique. En 1952, il s'assure la collaboration d'Ahmadou Ahidjo et André-Marie Mbida qui deviennent le 10 octobre 1953 député à l'Assemblée territoriale du Cameroun(ATCAM).
En 1955, l'UPC est rayée de la carte des partis politique. En 1956 à la faveur de la loi cadre de Gaston Déferre qui accorde une certaine autonomie aux colonies Aux élections législatives du 23 décembre1956 le BDC arrive en têt. Il doit former un gouvernement local et le premier ministre André-Marie Mbida par le haut commissaire de la France au Cameroun. Ne faisant pas correctement le jeu des Français, Mbida est remplacé par Ahmadou Ahidjo qui devient le cheval gagnant de l'administration coloniale française. C'est lui qui conduit le Cameroun français à l'indépendance en 1960 et réalise la réunification au grand dam des nationalistes de l'UPC. Il reste à la tête de l'Etat jusqu'en 1982, date de sa démission.
Le jeune Paul Biya, quant à lui, obtient son baccalauréat en 1956 et décroche une bourse pour poursuivre ses études en France. Entre autres écoles qu'il fréquente il y a l'Institut des Hautes Etudes d'Outre-mer (IHEOM). C'est là qu'un de ses enseignants le repère. Il s'appelle Louis-Paul Aujoulat.
Louis-Paul Aujoulat
Louis-Paul Aujoulat a toujours droit de regard sur Ahidjo et est toujours très influent sur scène politique Camerounaise. Il prend Paul en estime. Lorsque Biya fait son retour au pays natal, Aujoulat le recommande à Ahidjo, signant ainsi leur acte de mariage en 1962. Biya rejoint le domicile conjugal qu'est la présidence de la république comme " chargé de mission ". Même s'il fait un bref détour au ministère de l'Education nationale, de le Jeunesse et de la Culture, il revient à la maison en 1967 comme directeur du Cabinet civil, puis cremilativement avec les fonctions de secrétaire général de la résidence.
En 1975, Paul Biya, est nommé premier ministre. Le ménage se porte bien, et fait même des jaloux comme Samuel Eboua ou Victor Ayissi Mvodo. Qu'importe ! Filant le parfait amour, Ahidjo, en 1979, grille la constitution en faisant adopter un amendement qui change les conditions de gestion de la vacance de pouvoir cette modification de la constitution crée un système de " dauphinat ". Par ce système, le premier ministre devient le successeur constitutionnel du président en cas de vacance du pouvoir. Même si certaines langues crochues affirmaient qu'il n'était pas à sa place, l'allégeance qu'Ahidjo avait faite à Aujoulat l'obligeait. C'est ainsi que Jacques Foccart, le manipulateur des réseaux entre le France et le précarré français déclarait : " Biya avait la réputation d'être un homme effacé et peu apte à prendre des décisions (...) Quand j'allais voir Ahidjo à Yaoundé, je faisais une visite de politesse à Biya, je le trouvais plein de gentillesse et de bonnes dispositions, mais il ne suivait pas les affaires. Jusqu'au jour de sa démission, j'étais persuadé qu'il avait mis Biya au poste de premier ministre parce que c'était, parmi ses collaborateurs, quelqu'un de trop peu d'envergure et de personnalité pour lui créer des problèmes,...
Et pourtant un soir du 04 novembre 1982 démissionne et invite tous les Camerounais " à accorder sans réserve leur confiance et apporter leur concours à (son) successeur constitutionnel M. Paul Biya ". Et Biya de dire le 06 novembre 1982. " L'heure est à l'hommage avant d'être à l'engagement et à l'expression de la fidélité ". Et pourtant encore dès le début de 1983, les querelles commencent sur la place de chacun à occuper dans le lit. Ce qui aboutit au divorce en 1984.