Louis Paul Motaze : fils spirituel de Paul Biya, l'ascension discrète de l'argentier du Cameroun

Brillant technocrate, discret mais omniprésent dans les rouages de l'État camerounais, Louis Paul Motaze s'est imposé comme une figure incontournable du gouvernement. Dans un portrait fouillé, Jeune Afrique révèle les ressorts de l'ascension de celui que certains considèrent comme le "fils spirituel" de Paul Biya.

À la tête du ministère des Finances depuis 2018, cet énarque de formation, qui cumule dix-huit années au gouvernement, se distingue par sa gestion prudente des finances publiques. Une rigueur saluée par ses pairs, qui lui a valu d'être désigné "meilleur ministre des Finances de l'année" par la Cemac début 2024.

Selon les révélations de nos confrères, son parcours est intimement lié à la famille présidentielle. Neveu de la première épouse de Paul Biya, Jeanne-Irène, il a grandi aux côtés du couple présidentiel. Major de sa promotion à l'École nationale d'administration et de magistrature (Enam) en 1983, il complète sa formation en France avant d'entamer une carrière qui le mènera des transports maritimes (Camship, Camair) à la tête de la Caisse nationale de prévoyance sociale.

Aujourd'hui, le grand argentier se retrouve aux avant-postes des dossiers les plus sensibles. Jeune Afrique souligne notamment son rôle crucial dans la gestion de l'accord avec le FMI, qui a permis au Cameroun d'obtenir un prêt de 698,5 millions de dollars en 2021. Sous sa houlette, le pays affiche l'un des taux d'endettement les plus faibles du continent, avec un budget financé à 70% par les recettes ordinaires.

Dans sa région natale du Dja-et-Lobo, qu'il partage avec le président Biya, son influence grandit. En tant que chef de la délégation permanente départementale du comité central du RDPC (parti au pouvoir), son omniprésence ne passe pas inaperçue, même si elle lui vaut quelques inimitiés locales.

À l'approche de la présidentielle prévue pour octobre 2025, et alors que Paul Biya, qui aura 92 ans en février, entretient le flou sur sa candidature, Louis Paul Motaze adopte une posture attentiste. Comme le confie à Jeune Afrique un haut fonctionnaire : "Le contexte politique est plombé par cette question. Louis Paul Motaze est attentiste, peut-être parce qu'on lui prête des ambitions."