Lutte contre Boko Haram: des militaires deviennent des enseignants

Militaires Enseignants Boko Haram.jpeg Les enseignements se déroulent donc, mais il n’y a pas de bâtiment

Wed, 27 Sep 2017 Source: camernews.com

Dans le village de Boungour, Bonaventure, cumulait les fonctions de soldat et d’enseignant de l’école née sous un arbre au courant de l’année 2015. Entre 8h et 15h, deux vagues d’élèves se succédaient, à mi-temps, pour un effectif de plus 1 500 enfants.

Ceux-ci étaient formés à l’apprentissage du français et de l’anglais. L’objectif poursuivi par les forces de défense camerounaises était de réduire les problèmes linguistiques qui empêchaient toute communication avec les populations, qui s’exprimaient essentiellement en kotoko (langue locale).

«Selon ce que nous avions appris, il y avait déjà eu une école sous l’arbre dans ce village entre 2005 et 2007, mais elle avait fermé. Donc, lorsque nous avons été envoyés dans notre poste de détachement en 2015, nous avons constaté qu’il y avait beaucoup d’enfants mais pas d’école. La situation sécuritaire elle-même faisait que les populations se cachaient. Nous avons présenté le projet d’encadrer les enfants à notre supérieur hiérarchique, qui a approuvé et saisi la haute hiérarchie.

Le feu vert nous a été donné, mais le gros du travail restait au niveau de la population. Nous avons commencé à faire le tour des domiciles pour échanger avec les parents. Au départ, le mouvement a été timide. Certains parents laissaient les enfants venir mais, d’autres préféraient que leurs enfants continuent à aller les aider dans les champs. De nombreux parents refusaient que leurs filles viennent. Donc, ça n’a pas été facile. Finalement, les enfants ont pu intégrer notre école sous l’arbre.

L’essentiel du travail était d’apprendre aux enfants à parler français et anglais et aussi à savoir compter. Nous avons jugé bon de diviser les enfants par catégorie d’âge et nous les avons placés dans les différentes classes du primaire. Après trois mois, nous avons organisé des évaluations. Cela nous a permis de juger le niveau de tout un chacun. On a rétrogradé certains, d’autres avaient un niveau supérieur à leur classe initiale, on les a envoyés en classe supérieure», raconte Bonaventure.

Résultats encourageants

Les enseignements se déroulent donc, mais il n’y a pas de bâtiment pour abriter les activités d’apprentissage des enfants. Les militaires se lancent alors dans la construction des salles de classe. Ils sont appuyés par le maire de Makary, qui fournit, entre autres choses, des tôles pour recouvrir les murs. Par ailleurs, des inspecteurs pédagogiques sont déployés pour évaluer le niveau de ces enseignants d’un autre genre.

«En 2016, les enfants arrivaient déjà à s’exprimer en français. La communication devenait plus aisée dans le village. Avec ces résultats encourageants, nous avons commencé à travailler avec les jeunes de plus de 15 ans, avec les parents aussi. Ils sont vraiment intelligents, c’était épatant de voir les enfants s’adapter aussi rapidement. Le 20 mai nous avons défilé avec les enfants à Makary [Commune du Logone-et-Chari comprenant près de 149 villages pour une population de 104 843 habitants, selon le recensement général de la population de 2005, Ndlr]. Nous avons gagné un prix».

Retour à la case départ

L’école à Boungour a pris fin. Les bâtiments construits sur place n’existent plus. Ils ont été détruits par les terroristes de la secte islamiste Boko Haram. L’incursion de la secte islamiste s’est déroulée le 25 mai dernier en fin d’après-midi, après les cours. Les enfants avaient déjà regagné leurs domiciles. Boko Haram a mis le feu à l’école avant de s’attaquer au poste de défense. Les militaires ont riposté.

Durant les échanges de tirs, Bonaventure est touché par une balle au niveau de la cuisse. Ce 25 mai-là, les assaillants sont beaucoup plus nombreux que les militaires camerounais, obligés de se replier. Mais, les renforts, rapidement envoyés à leur rescousse, permettent de prendre le dessus sur les terroristes. De nombreux membres de la secte Boko Haram sont tombés ce jour-là.

Après des mois de soins reçus à Makary, à Maroua puis à Yaoundé, Bonaventure a repris le service militaire habité par le souvenir de cette épopée et le désir de voir l’école réinstaurée dans cette partie du pays.

Source: camernews.com