Certes, les plans nationaux censés éradiquer ce phénomène se multiplient, mais avec des effets contrastés selon les institutions. Cette mauvaise note sanctionne le recours systématique aux pots-de-vin, l'impunité dont bénéficient les auteurs de malversations et une inadéquation entre politiques publiques et les besoins de la population. Faut-il douter de la sincérité des députés et sénateurs camerounais lorsqu 'ils s'engagent à lutter contre la corruption ? La corruption est devenue l’un des sports favoris au Cameroun.
Le douzième rapport de la Commission nationale anticorruption (Conac) rendu public le 27 octobre 2023 en dit d’ailleurs long sur le phénomène. Il ressort clairement des résultats des enquêtes que le pays a perdu 4,62 milliards de Fcfa en 2022, soit une baisse de 39,324 milliards de Fcfa (-89, 5%) par rapport aux pertes de 43, 947 milliards de Fcfa enregistrées en 2022. C’est dans ce contexte, que le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Cavaye Yeguie Djibril, a décidé de relancer les activités du Réseau des parlementaires camerounais contre la corruption (Apnac). Les membres se sont réunis hier, 16 novembre 2023 dans le cadre d' un forum d'informations et d'échanges sur la lutte contre la corruption au Cameroun. Présidés par l'honorable Hilarion Etong, représentant du président de l'Assemblée nationale, par ailleurs, 1er vice-président de la chambre basse, les travaux avaient pour objectif de trouver des voies et moyens pour tordre le cou à ce cancer en nette progression.
Loi anti-corruption dans le pipe
A la vérité, l'Apnac offrait ainsi aux autorités de la Conac, à celles du Contrôle supérieur de l'Etat (Consupe), de l'Agence nationale d’investigation financière (Anif) et de la Chambre des contes, l’occasion d’exprimer les difficultés auxquelles elles font face au quotidien afin que, le cas échéant, le Parlement puisse entrevoir de leur apporter son soutien. En d’autres termes, cette rencontre a été une opportunité de collecte des données permettant au Parlement d’œuvrer à ce que les institutions spécialisées soient davantage « puissantes, efficaces et proactives » par rapport non seulement à leurs missions mais aussi, face aux attentes de tous les Camerounais.
Les échanges entre parties ont abouti à cinq résolutions qui se résument sur la nécessité d’une loi anti-corruption qui devra intégrer, outre la lutte contre la corruption, le recouvrement des avoirs volés, la déclaration des biens et avoirs, ainsi que la déconcentration de la Conac. « Le forum d'informations et d'échanges de l'Assemblée nationale est entrain de monter en puissance dans l'expression de sa contribution à la lutte contre la corruption au Cameroun. Notre rôle va constituer à construire une convergence nationale pour renforcer la législation contre la corruption d’une part, promouvoir la bonne gouvernance d’autre part » , a souligné l'Hon. Engelbert Essomba Bengono, Coordonnateur de ce réseau composé des députés et des sénateurs