Lutte contre le terrorisme: la ville de Douala bouclée

BIR Millitary Les nouvelles mesures de sécurité instaurées dans la cité portuaire ont fait leur apparition

Mon, 9 Oct 2017 Source: camer.be

Depuis l’explosion d’une bombe de fabrication artisanale sur le mur de la SCDP, le 22 septembre, les services de sécurité de la capitale économique sont en état d’alerte. . Le gouverneur du Littoral, Ivaha Diboua, avait promis de retrouver le ou les auteurs de l’acte présumé de terrorisme.

Plusieurs mesures ont été prises par les autorités administratives et politiques pour sécuriser les populations et leurs biens. A ces dispositifs s’ajoutent d’autres initiatives en gestation ou déjà mises en place dans le cadre de la lutte contre la nébuleuse Boko Haram. « Le Quotidien de l’économie » revient ici sur quelques-unes de ces mesures qui ne mettent pas toujours les habitants de Douala à l’abri des braquages.

Le dispositif sécuritaire est monté d’un cran. Déjà renforcé dans le cadre de la lutte contre la secte islamique Boko Haram, le dispositif de sécurité de la ville Douala est monté d’un cran depuis l’explosion d’une bombe de fabrication artisanale le 22 septembre dernier sur le mur qui sépare les rails de la Camrail à l’entrepôt de la Société camerounaise de dépôt pétrolier(SCDP).

Plusieurs mesures ont été prises par les pouvoirs publics, à commencer par la décision interdisant toute activité commerciale aux alentours de la SCDP. A cette mesure, s’ajoutent d’autres décisions, notamment celle concernant la multiplication des rafles, la prolifération des patrouilles et la sécurisation voire la militarisation des lieux à forte fréquentation, des fouilles systématiques quand les forces de l’ordre l’estiment nécessaire… « La sensibilisation continue de nos populations à signaler tout fait, c’est déjà une des mesures.

Maintenant, ceux qui sont qualifiés comme officier de police judiciaire, comme forces de maintien de l’ordre vont également faire leur travail mais c’est toujours de manière concertée », avait indiqué Dieudonné Ivaha Diboua, le gouverneur de la région du Littoral, au sortir d’une réunion de crise organisée le mercredi 27 septembre 2017 dans ses services à Douala.

Au-delà de ces déploiements, il faut dire que Douala n'a pas attendu la pose d'une bombe artisanale pour prendre les mesures de sécurité afin de mettre ses populations à l’abri d’un attentat. Il est par exemple commun de voir des caméras de surveillance fixées sur des pylônes de couleurs blanches dans certains carrefours de la ville, leur rôle est de collecter les informations à un, voire deux kilomètres à la ronde.

Selon une source, Dieudonné Ivaha Diboua a par ailleurs prescrit d'autres mesures plus discrètes qui visent à passer au peigne fin toute la ville : les patrouilles policières sont évoquées et on songe également à densifier l'éclairage public.

Bien plus, dans les bâtiments publics, en particulier dans les aéroports et autres lieux à forte concentration humaine, le système de sécurité s’est aussi renforcé ces derniers mois. C’est pourquoi l’on observe actuellement des fouilles pour vérifier qu'une personne ne transporte ou ne dissimule pas d'objets dangereux ; des contrôles inopinés de la carte nationale d’identité dans les lieux publics, taxis et véhicules de transport urbains et interurbains… Sur le pont du Wouri, il y a eu un affermissement du nombre des éléments de la force de maintien de l’ordre. De même que dans les quartiers, les populations ont réorganisé des comités de vigilance en écartant les individus peu recommandables.

« Les gens se sont souvent plaint d’être agressés par les membres du comité d’auto-défense raison pour laquelle nous avons toiletté notre effectif pour ne garder que des personnes sérieuses », déclare Onanena Paul, habitant du quartier Espoir.

Les nouvelles mesures de sécurité instaurées dans la cité portuaire ont fait leur apparition dans plusieurs autres villes de la région du Littoral. Des mesures récemment prises par les autorités administratives pour contrarier les plans des leaders du mouvement sécessionnistes qui voulaient proclamer l’indépendance de la partie anglophone du Cameroun. A titre d’illustration, au niveau du pont du Moungo, l’armée a installé une tente avec deux ou trois soldats positionnés à chaque extrémité de cet ouvrage qui symbolise la réunification des deux Cameroun.

À quelques km de là, une imposante barrière contrôlée par des soldats de l’armée de terre vous accueille. Et il faut, à chaque fois, présenter ses pièces d’identité et ouvrir la malle arrière de son véhicule pour les vérifications d’usage.

Dans le même temps, partir de Buéa, Kumba ou de Limbé pour Douala, les passagers doivent franchir plus de 13 barrières de police, gendarmerie et de l’armée. Alors que Limbe compte, à elle seule, trois postes de contrôle, Muntenguene en compte aussi trois ; tandis que Tiko en a au moins quatre.

Avant le pont sur le Moungo, en allant vers Douala, il faut encore franchir encore près de deux trois barrières de police. Sécurité renforcée dans les entreprises

Dans la foulée des décisions administratives, la plupart des grandes entreprises camerounaises ont discrètement renforcé leurs mesures de sécurité, notamment sur les sites ouverts au public. Même si la plupart n'ont pas souhaité détailler leur dispositif pour ne pas en réduire l'efficacité.

A la SCDP par exemple, la sécurité a été renforcée dans les alentours de l’entreprise. Il n’est donc rare de voir des militaires sillonner au carrefour Agip. A l’intérieur, constate-on, les vigiles procèdent à des fouilles systématiques à l'entrée des bâtiments avec quitus de refouler toute personne ne se soumettant pas spontanément ou volontairement aux conditions d'accès déterminées. Ce n’est pas tout. À l'enregistrement, les contrôles d'identité ont été renforcés, y compris pour les employés qui doivent toujours porter leur badge professionnel.

Quant aux camions citernes, ils passent tous au peigne fin grâce au Miroir d'inspection pour contrôle sous les véhicules (MCSV). « Cette vitre fouille voitures permet de contrôler les zones inaccessibles avec une distance d’observation de 5 mètres », lâche une sentinelle.

Chez l’agroalimentaire Nestlé Cameroun, où la sécurité de l'accès aux sites à déjà été renforcée il y a plusieurs mois, une source souligne que le dispositif peut encore se durcir selon l’évolution de la situation sécuritaire au pays. « Nous faisons confiance aux autorités en place pour veiller à la sécurisation des populations », confie un employé sous couvert anonymat.

Quoi qu’il en soit, la sécurité est non négociable surtout à l’usine de Bonabéri où les standards en matière sont élevés. Toutes les personnes qui entrent et sortent sont contrôlées. Les sacs sont examinés de façon plus systématique que par le passé et les effets personnels qui ne sont pas admis sur les sites sont laissés à la guérite.

1500 caméras et relais

A ces dispositifs sécuritaires, d’autres propositions ont été faites par les autorités politiques à l’instar de la création d’un numéro vert à partir duquel sera signalé tout cas suspect, proposée par Jean-Marie Martinel, le consul de France. Egalement en projet, l’installation à travers tout le territoire national, particulièrement dans les grandes agglomérations, des caméras de surveillance à des endroits névralgiques.

Ledit projet, mis en œuvre depuis janvier 2014 à Yaoundé, la capitale politique, dans le cadre de sa phase pilote, prévoit l’installation de 1500 caméras et relais de communication dans les 10 chefs-lieux de région, ainsi que dans 7 autres zones stratégiques frontalières, notamment dans la région de l’Extrême-Nord en proie aux assauts de la secte islamiste Boko Haram. A travers l’installation de ce dispositif, apprend-on, la police camerounaise veut ainsi améliorer ses capacités pour une protection plus efficace des populations.

Source: camer.be