Médiation canadienne : Comprendre la discrétion voulue par le Cameroun

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Sun, 29 Jan 2023 Source: www.camerounweb.com

Depuis la sortie le 20 janvier dernier du ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, exposant sa facilitation entre les différentes parties prenantes dans le conflit anglophone, le rapide désaveu du gouvernement qui s’en est suivui, préoccupe sur l’intérêt de la discrétion souhaitée.

L’Etat du Cameroun, à en croire la médiation canadienne, se retrouve autour d’une table avec des acteurs qu’il a toujours pris soin de dénier leur existence, de leur attribuer une existence légale. En suivant les Canadiens, on apprend que de l’autre côté du fleuve Moungo pour l’instant, les acteurs signalés sont: le Conseil de gouvernement de l’Ambazonie et les forces de Défense de l’Ambozonie ; le Mouvement populaire de libération de l’Afrique et les forces de Défense du (Southern Cameroon) ; le gouvernement intérimaire, ainsi que l’équipe de coalition de l’Ambazonie. On apprend aussi de la déclaration que « les parties expriment en outre l’espoir que d’autres groupes se joindront au processus ». En premier lieu, le gouvernement du Cameroun n’a jamais reconnu officiellement aucun de ces acteurs. Parlant de l’Ambazonie, on parle de « l’Etat chimérique d’Ambazonie ». De ce point de vue, les autorités camerounaises ne souhaiteraient pas que l’opinion soit au courant de ses pourparlers avec ces dernières entités. En deuxième lieu, ce qui peut expliquer la discrétion du gouvernement viendrait de l’incertitude des résultats au bout des négociations. Si par mégarde les parties ne s’entendaient pas à la fin de la médiation canadienne, le Cameroun et le Médiateur auraient par cette rencontre, officialisé, acté l’existence de toutes les parties autour de la table. Pour preuve, tout juste après la sortie de la cheffe de la diplomatie canadienne, les dirigeants de l’Ambazonie sont montés au créneau le lendemain dans un communiqué dont les signatures sont apposées conjointement par Lucas Cho Ayaba, Dabney Yerima, Ebenezer E. Akwanga et Emmanuel J. Taylor. Ces signataires affirmaient avoir rencontré les autorités camerounaises. C’est dire combien le silence avait tout son poids aux yeux du Cameroun. Bien plus, ces pourparlers étaient certainement voulues dans le secret parce qu’ils donnaient par ailleurs une aubaine au gouvernement de tenir les vrais acteurs du conflit. Ainsi, en attendant que tous les autres acteurs rejoignent le processus, certainement en toute discrétion, c’est le gouvernement qui gagne des points car il connaît à tout au moins les faces visibles de la belligérance. En outre, c’est aussi connu, le Cameroun n’a jamais voulu que le règlement de ce conflit passe par une médiation. On se souvient du sort qui avait été réservé à la médiation suisse en 2019. Cette posture est d’autant vraie que sur le terrain, l’adversité, le langage de la violence va chaque jour un peu plus en s’estompant. Et si même le gouvernement avait accepté une médiation, c’est une traduction que sur le terrain, le rapport de force est en sa faveur. Pour finir, on peut extrapoler en indiquant

qu’en Afrique, au moment où le groupe russe paramilitaire Wagner fait une percée

fulgurante et principalement dans les pays où règne l’instabilité, la convergence de la politique internationale est d’éteindre les foyers de tension ou de guerre. On se souviendra de l’Ethiopie à cet effet et pourquoi pas le Cameroun ?

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