La colère est montée d’un cran dans les rangs du personnel du corps des prix, poids et mesures au ministère du commerce. Un collectif d’agents se réclamant de ce corps vient, en effet, d’adresser une lettre ouverte au ministre du commerce.
Dans la correspondance, ces agents ont déploré leurs conditions de vie et de travail ainsi que leur traitement salarial.
Ci-dessous l’intégralité de la lettre ouverte :
Monsieur le Ministre,
C'est un immense honneur et avec un plaisir renouvelé que nous, Fonctionnaires des prix poids et mesures du Ministère du Commerce, nous nous adressons à votre haute personnalité. Nous représentons ceux-là, qui après de nombreuses réflexions, ont eu le désir de vous exposer les maux qui minent La Structure d'Etat dont vous avez la charge. Bien entendu nous ne voulons pas que le franc-parler de ce qui suivra puisse être interprété autrement, ceci du simple fait que ce n'est qu'une analyse froide et rationnelle de la situation qui prévaut dans ce Ministère.
Une mise en exergue des pratiques peu orthodoxes, qui chaque jour, sonnent comme des entraves au travail de modernisation, de conscientisation et de patriotisme que vous ne cessez de prôner.
Pour commencer, il nous semble nécessaire de spécifier que nous sommes des agents de constatation et contrôleurs adjoints, contrôleurs et inspecteurs des prix, poids et mesures en service dans le département ministériel dont vous avez la charge depuis 2008 et dispersés à travers la République pour servir.
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Cette initiative spontanée n'a connu le soutien d'aucun de ceux de l'intelligentsia qui courent les bureaux et le canal de courrier, volontairement utilisé, est simplement pour éviter les blocages de ceux-là qui ne veulent pas que la vérité choquante vous parvienne, nous ne voulons pas de récupérations et des débats vides de sens sur ce qui va être dit ou des tentatives de justifications erronées de certains de vos collaborateurs : ils sont les maîtres d’œuvre directs et indirects des constats que nous faisons.
A notre entrée dans le Corps des prix, poids et mesures en 2008, bien que les diplômes de recrutement fussent les plus bas pour certains, nous avons néanmoins envisagé des plans de carrière compte tenu des niveaux intellectuels et des valeurs intrinsèques personnelles que nous avions.
Seulement à la lecture du statut régissant ce corps; un texte d'un autre âge, rébarbatif et taillé sur mesure par ceux qui ne veulent pas de plan de carrière pour les jeunes diplômés que nous sommes; nous avons compris avec effroi que c'était une option à exclure : ne pas rêver d’un plan de carrière. Cette frustration a été a l'origine du départ d’un bon nombre de nos collègues qui ne pouvaient se faire à l’idée cet état statique des choses, savoir que nous serons indéfiniment des marches-pieds de la Fonction Publique camerounaise.
Nous demandons très humblement que ce statut puisse être repensé non sans vous remercier de tout coeur de l'initiative des concours professionnels que vous avez diligenté ces dernières années.
1) La catégorie D des agents de constatation devrait à notre humble avis être supprimée et les fonctionnaires de cette dernière devraient être reversés dans la catégorie C. Nous faisons le même= travail au quotidien et il n’y a que ce statut pour marquer une différence entre ces deux catégories. Les catégories C et D devront des lors avoir les mêmes rémunérations mensuelles. Le Ministère de la Justice a eu le courage de se lancer dans cette voie de réforme et de justice sociale, pourquoi pas au Ministère du Commerce ?
Rien de choquant de voir des êtres humains, pire même diplômés percevoir moins de 65 000 FCFA par mois ? Comment envisager un plan de vie avec une misère pareille? Vous nous intimez d’être au poste de service aux heures règlementaires, choses que nous respectons, vu les Innombrables recensements physiques qui ont été faits. Avec cette misère, et vues vos exigences, comment devons-nous procéder pour nourrir nos familles ? Vous avez le devoir paternel et le pouvoir, sur la base de la justice sociale et de l'humanisme de mettre un terme à cette injustice.
2) Nous nous sommes familiarisés aux crédits accordés aux services centraux et déconcentrés de notre ministère. Mais la gestion au quotidien nous interpelle et nous amène à nous poser quelques questions que nous jugeons bon de vous exposer.
1) Où en est-on avec le paiement des frais de relèves inhérents aux nominations et affectations des personnels depuis bientôt trois ans? Pour ce qui est des gratifications, Quelle est la grille de répartition logique appliquée par nos supérieurs lors du partage de cette prime aux collaborateurs? Ces gratifications sont quotidiennement détournées par les gestionnaires indélicats et sont une source de frustration: la répartition est irrationnelle et s'appuie sur le principe de discrétion du supérieur, donc ne reposant sur aucune logique. Elle ne se fait pas sur la base du mérite mais sur celle des accointances mafieuses entre les supérieurs et certains collaborateurs peu scrupuleux: pratiques indignes pour unpays comme le nôtre.
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Que penser par exemple, des gratifications (750 000 FCFA/semestre) dans laquelle le Délégué s’arroge la somme de 450 000 FCFA pour bons et loyaux services et distribue 250 000 FCFA au reste du personnel de la Délégation, des faits graves et consternants ? Avez-vous copies des fiches de décharge ?
TROP C’EST TROP, Que de subir au quotidien cette humiliation nous demandons, toujours très humblement, des éclaircissements sur cette répartition ou simplement leur suppression. Soit chacun est rémunéré en fonction de son ardeur au travail, soit l'Etat économise en les supprimant. Par cette action, ces deniers publics détournés, par certains gestionnaires qui usent de leur « autorité » pour réduire au silence ceux qui se refusent d'être complices de certaines pratiques, serviront à autres choses que l’enrichissement personnel de certains.
Des ressentiments dans ce sens sont constamment recensés dans les régions de l'Adamaoua ou le pire à faillit se produire il y'a peu du fait de la frustration de certains collègues privés de leurs indemnités, le Nord où le Délégué régional du commerce est convoqué devant les tribunaux pour le non-paiement des indemnités de certains personnels depuis des années , le Sud, le Sud-ouest et l'Ouest Cameroun pour ne citer que ces régions-là ne sont pas des restes.
2) Des frais de mission : Nous couvrons, pour besoins de service nombreux arrondissements, mais aucun d'entre nous n'a jamais perçu des frais de mission si oui quelques privilégiés. Est-ce la chasse gardée des Délègues et desdits privilégiés?
3) Du matériel de bureau: Vous avez revu à la hausse cette dotation il y'a quelques années, chose appréciée pas les Délégués. Cependant, organisez des missions de contrôles sur l'ensemble du territoire, vous vous rendrez compte du sort réservé à cette dotation: détournement quotidien. Le constat est effarant : Des Délégations délabrées, démunies de tout et réduites à la clochardisation pour assurer le service public. Ou va cet argent? Les Délégués et les fournisseurs véreux, complices qui achètent ces dotations au rabais chez les délégués sans rien livrer, sauront donnez réponse juste à cette question.
4) Du carburant pour le transport du personnel : Nous sommes contraints de par l'entremise de pratiques mafieuses; de caisses noires; supportées par les usagers de trouver des moyens pour payer nos déplacements dans les départements et arrondissements. A quelles fins sert cette dotation?
5) Des indemnités forfaitaires de tournées : Pourquoi sommes-nous toujours, après près de dix (10) années, primés à hauteur de 60 000 FCFA et voire moins pour certains et même? Que doivent être les primes des fonctionnaires de catégorie D, C, B et A? Ces primes sont trimestrielles, pourquoi nous ne les recevons que (02) fois par an? Nous sommes en Mai 2018, nous n'avons pas perçu les primes,et indemnités dans certains démembrements du ministère qu'en est-il? TROP C’EST TROP.
6) Des éventuelles primes de risque et de technicité : Au quotidien nous parcourons les marchés de la République faisant appliquer les textes et lois régissant l’activité commerciale, par la répression nous portons atteinte à la fortune des commerçants véreux qui menacent nos vies et souvent passent à l’acte : le bilan est lourd, empoisonnement, coups et blessures, accidents, morts suspectes dans nos rangs. En contrepartie de ces sacrifices, qu’avons- nous en retour ? Rien.
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Nous demandons des primes de risque et de technicité, et que ces dernières puissent être inclues dans nos bulletins de paie, ceci comme c’est fait dans tous les corps de la Fonctions Publique Camerounaise.
Nos salaires sont déjà bien modestes et nous avons tous des charges quotidiennes à supporter, pour que des primes auxquelles nous avons droit soient gérées avec tant de légèreté. La proposition que nous faisons est leur insertion dans nos bulletins de paie.
Nous avons noté un autre fait majeur qui mérite vous être exposé : Cette nouvelle tendance qu'est la prestation de serment des Délégués départementaux: Des enseignants, des ingénieurs agronomes, des contractuels d'administration, etc… qui usent de ce subterfuges pour faire main basse sur les recettes des brigades, parce que assermentés. Du coup les Chefs de Brigade sont mis en difficulté et on voit désormais des Délégués procéder eux- mêmes aux contrôles des prix, poids et mesures. Cette dénonciation parait anodine, mais:
1) Quand verrons-nous un contrôleur des prix être nommé proviseur de lycée ou transféré dans l’enseignement?
2) Le ministère du Commerce et Le corps des prix, poids et mesures manqueraient ils aussi cruellement de personnel au point où des tout le monde viendraient devenir des "officiers de police judiciaire à compétence spéciale", faisant de ce ministère un véritable Texas?
3) Que fait un délégué départemental ou régional sur le terrain?
4) Comment se fait-il que des délégués traitent des dossiers, sans tenir informes les chefs de brigade? Nous assistons au classement des dossiers de contrôle sur les bases familiales, tribales, politiques. TROP C’EST TROP, Est-ce des façons rationnelles de gérer les choses administratives Ce sont des dérives autoritaires, des pratiques qui ne visent que l'enrichissement personnel et le positionnement social de certains. Les personnes ci-dessus citées n'ont aucune technicité et se doivent de se contenter du travail administratif qui, déjà est vaste. Les dérives nous les connaissons et nous pouvons en parlez s'il existe des contrôles fiables et dignes de confiance des services centraux. Les détournements sont légions et vous devez en être informé. Certains Délégués régionaux et départementaux exigent que soient cotisés des sommes importantes par des fonctionnaires des prix poids et mesures pour leurs prestations de serment. La prestation de serment du personnel est-il un acte civil à payer ?
A quand le remboursement de cette somme, ou assisterons nous encore au détournement de notre argent ? TROP C’EST TROP, Des mesures doivent être prises, et nous les prendrons par des dénonciations publiques, les noms des gestionnaires indélicats et des preuves de leurs forfaits seront soumis à l'appréciation des organismes étatiques en charge de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, le tribunal criminel spécial et ceci suivant ce même canal.
L’amélioration de la qualité des services par nous offerte aux usagers passe par un rétablissement de la qualité et des méthodes de gestion de la Fortune Publique.
A cette époque des Grandes Réalisations nous demandons une gestion responsable des ressources humaines et des fonds publics, des nominations des responsables administratifs formés et compétents, le départ effectif de ceux admis à faire valoir leurs droits à la retraite et vous savez tout comme nous que beaucoup d'entre eux occupent encore des postes de responsabilité depuis plus de deux ans pourtant régulièrement notifiés retraités, des bases de morale, d’éthique et de patriotisme, et une rémunération des primes au personnel sur la base unique du travail accompli. Les fonctionnaires des prix, poids et mesures de tous bords ont droit à des primes conséquentes et régulières, car à la vue de l’accroissement du niveau de vie, il est aberrant de penser que le salaire mensuel puisse, à lui seul, permettre de prendre en charge nos nombreuses familles.
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De ce fait pour lutter efficacement contre certaines dérives constatées ça et là, une réflexion profonde se doit d'être faite sur la question des primes et indemnités, leur périodicité et leur hauteur réelle par catégorie. Ceci est le énième texte rédigé, le premier ayant fait l’objet de quelques dénigrements de personnes qui trouvent leurs comptes dans la situation qui prévaut.
Nous constatons malheureusement et avec amertume, que les primes et indemnités dont ont droit le personnel ont plus que par le passé fait l'objet de détournements massifs allant de mal en pire. Un quotidien de la place "le Jour", en son temps s'en était offusqué, des frustrations dues aux promesses non tenues. Des remarques mentionnées ci-dessus conduiront très bientôt à la révolte et à une grève du corps des prix, poids et mesures avec des conséquences fâcheuses, nous pouvons Excellence vous le garantir, la frustration et le sentiment de raz le bol étant à son paroxysme nous n'avons rien à perdre si il faut en arrivé là pour que nos souffrances prennent fin.
Nous nous plaignons depuis bientôt dix ans des traitements que nous font subir vos collaborateurs dans les Régions et les Départements et aujourd'hui nous avons le sentiment que vous êtes resté quasiment insensible aux pleurs de vos enfants que nous sommes. TROP C’EST TROP.
Voici dressées les remarques que nous faisons du fonctionnement du Ministère du Commerce, auxquelles nous avons ajouté quelles pistes pour remédier à certains problèmes susceptibles de créer dans un futur proche des désagréments majeurs. Nous attendons impatiemment des mesures fortes pour l’avancement de notre statut et de notre condition. Nous ne saurions donc attirer votre attention sur ces faits en tant que Ministre de la République et notre père. Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez agréer.
Monsieur le Ministre l’expression de notre haute considération.