MINFI: ce qui explique l’enrichissement illite des fonctionnaires

7679 Immeuble Minfi 27012016 Mco 2317 Ns 500 Plusieurs cadres de l'administration sont sous le coup d'une enquête pour enrichissement illégal

Fri, 11 May 2018 Source: Mindja Zam Georges/ Emergence No1220

Il reste établi que les actions de monsieur le Président de la République pour lutter contre l'enrichissement illicite et contre la corruption, ont toujours été très applaudis par les camerounais.

Mais un constat semble démontrer que la plupart des fortunés, les riches d'aujourd'hui, sont des fonctionnaires.

Si certains fonctionnaires s'interdisent de fournir une quelconque estimation de leur fortune et leurs actifs, d'autres par contre ne font pas mystère de leur influence au-delà de leur fief d'origine. La question que nous nous posons est celle de savoir comment en peu de temps, un fonctionnaire peut-il construire une fortune gigantesque, plus que les opérateurs économiques ou hommes d'affaires.

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Certes, les économies fermées et les monopoles de l'État sont désormais un lointain souvenir et comme les marchés s'élargissent sans cesse avec la libéralisation, on peut faire fortune rapidement. Mais n'oublions pas que le principe même du fonctionnaire est de rendre service, d'être au service des usagers et de répondre à leurs besoins.

Nous constatons que de plus en plus, l'intérêt général, base de l'engagement d'un agent de l'État, est battu en brèche. Cet engagement du fonctionnaire est menacé dans ses fondements primordiaux. Si donc des fonctionnaires en arrivent à être des milliardaires, alors qu'ils sont investis de la mission de servir l'État, c'est parce qu'ils se mettent plutôt à leur propre service. Par ailleurs, le pouvoir qui leur est conféré pour être exercé dans l'intérêt général est détourné pour d'autres fins. En tout cas, de façon perverse, ces fonctionnaires deviennent très riches, car ils utilisent les positions publiques à des fins privées d'accumulation des biens et prestiges.

De manière générale, le fonctionnaire n'a pas vocation à devenir riche, mais également, il ne devrait pas pour autant être pauvre. Pour ce faire, le fonctionnaire doit être capable de subvenir à ses besoins primaires. À cet effet, il doit être intègre et exemplaire, il doit servir de modèle de rectitude morale et de gestion irréprochable de la fortune publique. Par contre, l'État devrait éviter la discrimination sociale qui pourrait accentuer les inégalités.

L’État devrait également faire tous les efforts pour améliorer les conditions de vie de tout le monde, en donnant à chacun ce dont il a droit.

Le gouvernement de la république doit tout faire pour éviter que les fonctionnaires se sentent divisés en deux classes: les fonctionnaires riches qui s'enrichissent davantage, au mépris de l'intérêt général et les fonctionnaires pauvres qui s'enferment chaque jour davantage dans la misère, ne pouvant même pas percevoir leur dû (salaire, frais de mission et autres avantages liés à l'exercice de leur fonction ....).

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Sans toutefois vouloir être l'avocat de l'État, nous pensons que tous ces comportements immoraux, abominables et déviants des fonctionnaires, se sont développés avec la crise économique de la seconde moitié des années 1980. Rappelons-nous encore le message à la nation du Président de la République, le 31 décembre 1998 : " À la faveur de la crise qui a touché notre pays au cours des dix dernières années, des comportements anormaux se sont infiltrés dans notre société. Ils ont non seulement affecté nos relations sociales, mais également les organes de l'État, qui ont pourtant pour mission de veiller au respect de l'intérêt général et de la moralité publique.

L'appât du gain, l’enrichissement illicite sont devenus les moteurs du comportement de beaucoup de nos compatriotes, adeptes par ailleurs de la tricherie, de la fraude, voire de l'escroquerie... » Malgré tous les principes éthiques que ce dernier a pris pour le pays, en mettant en place la rigueur et la moralisation, ainsi que toute les structures de lutte contre la corruption créées (Programme National de gouvernance, Contrôle Supérieur de l'État, ANIF, CONAC, TCS...),cette pédagogie présidentielle tarde à réduire plus visiblement la corruption.

Nous espérons que la lutte contre ces auteurs de l'enrichissement illicite va continuer en s'intensifiant, comme l'a toujours souligné S.E.M Paul BIYA. Pour mieux combattre et vaincre cette gangrène, il faudrait une synergie commune des actions à mener contre ces fonctions qui entraînent la dé- régulation de l'État, et que tous les outils de lutte contre la corruption évitent les chevauchements.

Source: Mindja Zam Georges/ Emergence No1220