La détermination se lisait sur les visages des personnels soignants grévistes de certains hôpitaux publics hier à Yaoundé. Après avoir été déguerpis de force lundi dernier sur l’esplanade du ministère de la Santé publique (Minsanté) et amenés «manu militari» au Commissariat Central numéro 1 de la ville, ils ont été relâchés «sans condition» vers 19h, à la demande d’Emmanuel Djikdent, préfet du département du Mfoundi. Le lendemain, ils ont à nouveau investi ces lieux pour revendiquer de meilleures conditions de travail.
Dans une ambiance bon enfant rythmée de chants et sifflets, ils ont pour la 3e semaine consécutive, répondu au mot d’ordre de grève des organisations syndicales lancé le 22 mai dernier : «Nous voulons informer le public de ce que nos camarades qui sont restés dans les hôpitaux et qui assurent le service minimum leur font savoir que plus ça va durer, moins il y aura les personnels dans les hôpitaux c’est-àdire moins les patients seront soignés et les hôpitaux vont se vider», fait savoir l’un d’eux.
Visiblement, l’interpellation d’une vingtaine d’entre eux n’a pas entamé leur détermination. «Le geste que les autorités administratives ont posé hier en enfermant nos confrères nous a davantage mis en colère», confie Nendobé Manhouli, infirmierréanimateur. D’ailleurs, ils sont décidés à manifester jusqu’à l’obtention des revendications formulées. Soit 17 au total. Notamment, l’allocation à nouveau des subventions de fonctionnement aux formations sanitaires publiques sous PBF et de suspendre ce financement basé sur la performance ; la contractualisation ou répudiation des 27 000 temporaires des formations sanitaires publiques. Soit 60% des effectifs travaillant sans salaire, ni contrat, ni affiliation à la Cnps. Les négociations menées jusqu’ici autant au Minsanté qu’à la Primature n’ont pas abouti à des solutions concrètes. «Le gouvernement est dans le dilatoire permanent. Nous ne demandons que des solutions concrètes à nos revendications. La grève va continuer jusqu’à ce que le gouvernement trouve des solutions à nos problèmes», a déclaré Sylvain Nga Onana, Président de CAP/Santé. Le dossier a finalement été confié au ministère du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss).
A l’issue de ces échanges instruit par Joseph Dion Ngute, le Premier ministre, il a été décidé que ces syndicats devront «se rendre disponibles pour des concertations constructives en vue d’apporter progressivement et de manière exhaustive des réponses appropriées aux personnels concernés». CONCERTATIONS INTERGOUVERNEMENTALES Pour cela, le gouvernement se donne un délai de trois mois, indique Grégoire Owona dans un communiqué rendu public le 1er juin dernier. Les concertations seront intergouvernementales et vont réunir autour de la table trois composantes : Le Mintss, les ministères de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (Minfopra) ; des Finances (Minfi) et les Syndicats des personnels de santé.
Concrètement, le Minfopra devra indiquer quel est le niveau de recrutement qui est possible d’effecteur et le Minfi, de quelles ressources financières il peut disposer pour prendre en solde ces personnels. Notre souci c’est que le gouvernement prenne ses responsabilités en disant : je résous le premier point tel jour et voici comment cela va se passer. Sur le 2e et 3e problème je le recoud de telle manière, ainsi de suite. Il faut que tout ceci soit bien précis, détaillé, avec un chronogramme et le deadline.
Pour l’heure, l’on constate un durcissement du mouvement. Les grévistes espèrent à présent qu’il sera observé dans d’autres villes que Yaoundé et Douala. A noter que c’est depuis le 22 mai dernier que ces personnels soignants des formations sanitaires publiques observent un arrêt de travail d’une durée de 5 h chaque jour. Ils manifestent dans l’enceinte des établissements de santé publics, des délégations régionales de Yaoundé et Douala, mais surtout devant le Minsanté. Ces arrêts de travail vont durer «jusqu’aux résolutions des problèmes posés».