Outre les conditions de travail exécrables qu’il impose à ses administrés, Augustin Balla, connu pour son leadership controversé est accusé de nombreuses fautes de gestion et de malversations financières. Des faits assez graves qu’il devrait répondre devant le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) dans les prochains jours.
Décidemment, personne n’est à l’abri. Cités dans plusieurs intrigues ces derniers mois, l’édile de la commune de Yaoundé 5 serait visé par une vaste opération anticorruption qui devrait s’ouvrir dans les prochains jours. Selon des sources au Contrôle supérieur de l’Etat, le magistrat municipal ne pourrait éviter la prison que s’il démontre par des arguments imparables et des preuves irréfutables le bien fondé de ses manœuvres alambiquées de la gestion de cette unité administrative. Mais la partie risque de ne pas être facile pour lui en cette veille des élections où chaque faux pas des élus est scruté avec parcimonie par les populations et même ses adversaires politiques.
Et ce n’est pas la remise de quelques pagnes aux femmes de son arrondissement la veille de leur fête, ou la construction de quelques toilettes publiques qui pourraient pallier son effondrement politique. Alors qu’il n’a pas fini de panser les plaies béantes laissées par la grogne des employés relative à la double ponction de leurs salaires depuis qu’il a pris les rênes de cette commune, le revoici sur la sellette, rattrapé par sa boulimie financière. Des documents parvenus à la rédaction de votre journal laissent le lecteur sans voix, parce que les informations contenues dans lesdits documents sont en porte à faux avec l’orthodoxie de la gestion. Pas besoin d’avoir fait des grandes études pour comprendre que le cafouillage installé par le maire ne viserait qu’une chose, brouiller les pistes pour mieux se ‘’sucrer’’.
Pour ce faire, Augustin Balla aurait installé un climat délétère entre lui et le receveur municipal, se permettant le luxe de se mettre en travers de ses attributions. Comment comprendre que, plusieurs fois en marge des dispositions de la loi de 2009 portant fiscalité locale ; de la loi 2018 portant Code général des impôts réactualisée en 2020 ; de la loi de 2019 portant code général des Collectivités territoriales décentralisées (CTD) ; et même du décret de 2021 fixant le plan comptable des CTD et de l’arrêté 0000016 Minfi de 2021 portant organisation et fonctionnement de la recette municipale en son article 2, fixant les attributions du receveur municipal, l’édile de la commune de Yaoundé 5 ait depuis son arrivée à la tête de cette mairie procédé personnellement au recouvrement des recettes, par l’entremise des équipes mises sur pied par luimême, dixit nos sources à la commune. Il aurait ainsi conçu des ordres de missions et déployé lesdites équipes de recouvrement forcé sur le terrain sans prestation de serment préalable, ni accord ou collaboration avec le receveur, qui a d’ailleurs été remplacé, parce que dit-on, il n’arrêtait pas de mettre les bâtons dans les roues de la mafia du maire, ce qui aurait occasionné les effets de recouvrement non contrôlé qui ne pouvait pas être comptabilisé.
Le maire receveur
Dans nos investigations, Il nous a été rapporté avec des preuves à l’appui qu’en marge de la loi et des dispositions pertinentes y afférentes, les frais des amendes, simple police, scellés, et pénalités de 15000 Fcfa seraient perçus par ses protégés, juste contre un reçu de paiement en lieu et place d’une quittance. La valeur globale des sommes distraites serait estimée de 2020 à 2023 à plusieurs millions FCFA. Ces fonds lui auraient personnellement été reversés. Et c’est dans cette gestion cafouilleuse qu’il s’était mis le personnel à dos en procédant unilatéralement et sans consultation à la baisse des salaires du personnel par un simple communiqué le 15 juin 2021, prétextant ainsi un réajustement via un logiciel de traitement de la solde.
Pourtant les mêmes salaires étaient payés depuis plus de 15 ans dans cette mairie et cela n’a posé aucun problème. Comment se fait-il que c’est au moment où il se bombait le torse d’avoir multiplié le nombre de contribuables (plus de 14 000 aujourd’hui) qu’il décide de réduire les salaires ? Est-ce que ce logiciel ayant permis le réajustement desdits salaires est un logiciel homologué, licite et autorisé par le ministère des Finances (Minfi) ou le Ministère de la Décentralisation et du Développement Local (Minddevel) ?
Il est pourtant de notoriété publique que le seul logiciel autorisé pour le traitement et engagement en matière de dépense dans les CTD est le logiciel Simba. Et comme si cela ne suffisait pas, il aurait procédé une seconde fois par un autre communiqué daté du 26 avril 2023 à une autre baisse drastique des salaires, ceci en marge des dispositions de l’article 1 alinéa 3 de la loi 92-007 du 14 aout 1992, portant code du travail qui exclut le personnel des CTD de tout champ d’application du décret du 23 mars 2023. Étant entendu que la loi de 2019/024 portant code général des CTD en son article 9 de la section 1 consacre l’autonomie administrative et financière des CTD, il aurait toujours pris sur lui l’application de la grille publiée des fonctionnaires et autres personnels régie par le Code de la fonction publique.
Manipulateur Approché par votre journal à travers un protocole d’interview qu’il a reçu à mains propre, M. le maire n’a pas daigné répondre aux préoccupations soulevées plus haut. Il a plutôt fait dans la langue de bois, citant quelques-unes de ses réalisations et vantant ses soutiens au sommet de l’Etat. Dans son entourage, beaucoup sont convaincus que les enquêtes ouvertes sur sa gestion sont téléguidées par des forces tapies dans l’ombre qui préparent les échéances électorales à venir. Aussi, affirment-ils que le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) ne lui laissera aucune chance parce que tout est joué d’avance.
« C’est connu : le Consupe est le bras armé d’une épuration politique », a laissé entendre un de ses collaborateurs sous anonymat. Un autre point d’achoppement qui fait des gorges chaudes dans les couloirs de la mairie, concerne la liquidation des obligations des ayants-droit des 14 employés décédés. Cette querelle pourrait avoir des répercussions importantes sur la gestion de la mairie de Yaoundé 5. Un personnel mécontent et démoralisé pourrait entraver l’efficacité des services municipaux, ce qui aurait un impact direct sur les résidents de la région. En cette période de troubles, la question de savoir comment Bala Augustin gérera cette crise est au cœur des préoccupations. Affaire à suivre.