Pour le gouvernement, la demande de prorogation du mandat des députés «vise d’une part, à éviter l’enchevêtrement des opérations électorales qui, sur le plan technique et opérationnel, serait de nature à porter atteinte à la sincérité des scrutins sus évoqués, et d’autre part, à permettre une organisation matérielle plus sereine des différents scrutins».
Puisque l’on s’achemine vers une adoption de ce projet de loi, les députés de la 9ème législature verront donc leur mandat prorogé d’un an supplémentaire. Pour Manassé Aboya Endong, professeur titulaire de science politique à l’Université de Douala, cette prorogation était inévitable au regard du contexte sécuritaire persistant dans les deux régions anglophones.
«Il y a également la crainte de perturbations inévitables liées aux chevauchements entre la présidentielle et les législatives dont les mandats des sortants prennent quasiment fin à la même période», affirme-t-il dans les colonnes de Cameroon Tribune du mercredi 27 juin 2018.
Pour Manassé Aboya Endong, cette prorogation va indiscutablement au profit de la crédibilité et de l’image du processus électoral. En effet, argumente-t-il, «la gestion d’un processus électoral raisonnable, transparent, neutre et crédible ne saurait s’accommoder des pesanteurs superfétatoires qui entacheraient les bases fondamentales et structurelles d’une jeune démocratie».
Aussi, ajoute-t-il, «élire la représentation nationale sur les bases inégalitaires des conditions d’expression du suffrage sur l’étendue du territoire national ne peut-il militer qu’en faveur d’un scrutin injuste et imparfait, c’est-à-dire d’un scrutin qui ne reflète pas les réalités au-ras-du-sol du corps électoral».
Pris dans ce sens, le professeur titulaire de science politique à l’Université de Douala affirme que «le Président de la République a bien pris la mesure d’éviter les risques de laisser prospérer l’éventualité d’un choix des gouvernants élus sur les critères de légitimation faussés par les causes conjoncturelles dans une partie du territoire national».
En clair, conclut-il comme pour répondre aux détracteurs du régime Biya, «il n’y a aucune contradiction entre l’adresse à la Nation le 31 décembre 2017 du Président Paul Biya indiquant que 2018 sera une importante année électorale et la prorogation du mandat des députés, la consultation électorale majeure [la présidentielle prévue en octobre 2018, NDLR] étant susceptible d’avoir lieu à la date indiquée».