Alors qu’un mandat privatif de liberté court contre le directeur général du port autonome de Douala, ce dernier vient de participer à une session du conseil d’administration de la structure au vu et au su de tous.
Les images de la session du conseil d’administration du port tenue dans la capitale économique, ont fait le tour de la Toile. Brandies comme un trophée de guerre dans une orchestration savamment mise en scène en guise de démonstration de force des réseaux, les observateurs, pouvaient alors y apercevoir Cyrus Ngo’o vêtu d’un costume gris sombre en pleine séance de travail avec des administrateurs de l’entreprise.
D’autres clichés choisis à dessein, présentent l’homme fort du port autonome de Douala partageant des poignées de mains avec des administrateurs, sans doute en guise de démonstration de sa sérénité.
En date du 30 mai 2022 pourtant, un avis de recherche n°2017/0703/SC/PPR/TPI/ DLA-BJO-OO15/cf du Procureur de la République près les tribunaux de première instance de Douala Bonanjo, destiné à toutes les unités de gendarmerie et de police renseigne : « Stop – bien vouloir rechercher activement stop sur toute l’étendue du territoire stop le nommé Cyrus Ngo ’o stop né le 28 octobre 1966 à Ga- roua stop de Djampir Christophe et Medou Jeanne stop susnommés faisant objet de condamnation stop … »
En clair, la justice a donc décidé de mettre face à leur responsabilité ses auxiliaires en vue de l’exécution du mandat d’incarcération pour une durée de 5 ans qui pèse contre le cavaleur, et réaffirmer l’égalité de tous les citoyens devant la loi.
Comment dès lors comprendre que, malgré l’existence de cette instruction du procureur de la République près les tribunaux de Bonanjo que le directeur général du port autonome de Douala parvienne à participer à une session du conseil d’administration sans en être inquiété ?
Cette question revêt toute son importance lorsque sont également évoquées les circonstances de « l’évasion » du 19 mai du coté de l’aéroport international de Douala de celui contre qui, court un mandat d’incarcération pour défaut de paiement des dépens dans le cadre du procès qui l’aura opposé à l’homme d’affaires libanais Nassar Bouhadir.
Les complicités se retrouveraient-elles au sein même des auxiliaires des parquets que sont les officiers de police judiciaires ? Tout pousse à cette hypothèse ce d’autant plus que des informations en circulation font état de ce que la fuite du directeur général du port autonome aurait été facilitée par un couple de flics dont l’un est en service à l’aéroport. Du coup, les observateurs finissent par questionner cette attitude de défiance des forces de l’ordre.
Car, s’il est vrai que Cyrus Ngo’o est en cavale, reste que l’on peut aussi questionner la volonté des forces de sécurité à mettre la main sur le condamné. Compte tenu des moyens existants et qui devraient faciliter le travail des destinataires de l’avis de recherche évoqué plus haut, Ton est tenté de conclure en une main tapie dans l’ombre qui visiblement a choisi d’anéantir l’autorité ainsi que le pouvoir judiciaire.