Insubordination, manquements professionnels et atteinte à l'image : le réquisitoire accablant contre l'ex-sélectionneur
Dans un communiqué détaillé publié ce lundi, la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) a levé le voile sur les raisons précises qui ont motivé la révocation de Marc Brys de son poste de sélectionneur des Lions Indomptables. Un document qui dresse un réquisitoire accablant contre le technicien belge, accusé de multiples manquements professionnels et d'avoir contribué à l'échec de la qualification pour la Coupe du monde 2026.
La FECAFOOT ne fait pas dans la demi-mesure. Dans son communiqué officiel, la fédération énumère pas moins de onze motifs ayant conduit à la rupture avec Marc Brys, dont certains révèlent une relation de travail profondément dégradée.
1. L'absentéisme aux réunions fédérales
Premier grief soulevé par la FECAFOOT : le refus manifeste de Marc Brys d'assister à certaines séances de travail convoquées par l'instance dirigeante. Une attitude perçue comme un manque de respect flagrant envers la hiérarchie et qui aurait empêché une coordination efficace entre le sélectionneur et la fédération.
2. Publications et conférences non autorisées
La FECAFOOT reproche au technicien belge d'avoir publié des listes de joueurs et organisé des conférences de presse sans autorisation préalable, au mépris des procédures établies. Cette autonomie excessive aurait créé de nombreuses tensions et perturbé la communication institutionnelle de la fédération.
3. Violation de la charte marketing
Point sensible pour toute fédération moderne : Marc Brys est accusé de non-respect de la charte marketing, mettant ainsi en péril les liens contractuels entre la FECAFOOT et ses sponsors. Dans un contexte où les revenus commerciaux sont cruciaux, ce manquement est considéré comme particulièrement grave.
4. Listes incomplètes de présélection
La transmission de listes de joueurs présélectionnés sans indication des clubs d'appartenance aurait compliqué le travail administratif de la fédération et perturbé les relations avec les clubs employeurs.
5. Opacité sur les programmes d'entraînement
Marc Brys aurait systématiquement refusé de communiquer ses programmes d'entraînement à la FECAFOOT, empêchant toute supervision et tout contrôle de la préparation des Lions Indomptables.
6. Absence de rapports post-matchs
Autre grief majeur : le refus de transmettre les rapports à l'issue des rencontres internationales. Ces documents, essentiels pour l'évaluation et l'amélioration continue, n'auraient jamais été fournis par le sélectionneur.
7. Retards dans la communication des listes
La non-communication dans les délais réglementaires des listes définitives de joueurs retenus pour les rencontres aurait créé de nombreuses difficultés logistiques et administratives.
8. Méconnaissance de l'encadrement officiel
La FECAFOOT accuse Marc Brys d'avoir ignoré l'encadrement administratif, sportif et technique officiellement mis en place par le Comité Exécutif, tout en collaborant activement avec des personnes inconnues de la fédération. Une accusation qui sous-entend la constitution d'un staff parallèle.
9. Absences aux regroupements
Le défaut de déférer aux convocations qui lui étaient adressées pour certains regroupements démontre, selon la FECAFOOT, un désengagement progressif du technicien belge.
10. Subterfuges pour éviter les obligations
Marc Brys aurait utilisé divers stratagèmes pour se soustraire à son obligation professionnelle de tenir des conférences de presse dédiées à la publication des listes de joueurs.
11. Détournement de joueurs
Grief le plus grave peut-être : le détournement des joueurs et leur incitation à la défiance vis-à-vis de la FECAFOOT. Cette accusation suggère que Marc Brys aurait monté les internationaux camerounais contre leur propre fédération.
Des manquements récidivistes aux conséquences lourdes
La FECAFOOT ne s'arrête pas à l'énumération des griefs. Le communiqué souligne que ces manquements professionnels, dont la récidive est avérée, ont manifestement perturbé les performances et l'image des Lions Indomptables du Cameroun.
Plus grave encore, la fédération considère que ces dysfonctionnements ont largement contribué à la non-qualification du Cameroun pour la phase finale de la Coupe du Monde 2026 "États-Unis-Canada-Mexique". Une accusation lourde de conséquences qui fait porter à Marc Brys une responsabilité directe dans cet échec sportif majeur.
Ces révélations confirment ce que tout le monde savait : la relation entre Marc Brys et Samuel Eto'o n'a jamais fonctionné. Dès sa nomination en avril 2024 par le ministère des Sports, le technicien belge s'est retrouvé dans une situation impossible, pris en étau entre deux autorités qui ne se reconnaissaient pas mutuellement.
La FECAFOOT, dirigée par Samuel Eto'o, n'a jamais accepté cette nomination imposée et a multiplié les obstacles sur le chemin du sélectionneur. De son côté, Marc Brys a adopté une posture de défiance, refusant de se plier aux exigences de la fédération.
Pour l'heure, Marc Brys n'a pas officiellement répondu à ces accusations. Le technicien belge pourrait apporter sa version des faits dans les prochains jours, notamment sur les circonstances qui l'ont conduit à adopter ces positions jugées comme des manquements par la FECAFOOT.
Certains observateurs estiment que plusieurs de ces griefs peuvent s'expliquer par le refus de Marc Brys de reconnaître l'autorité d'une fédération qui contestait sa légitimité depuis le premier jour. D'autres y voient au contraire la confirmation d'un comportement incompatible avec les exigences du poste de sélectionneur national.
Un divorce définitivement consommé
Avec la publication de ce réquisitoire détaillé, la FECAFOOT clôt définitivement le chapitre Marc Brys. La nomination de David Pagou et de Martin Ntoungou Mpile marque le début d'une nouvelle ère, où la fédération entend reprendre la main totalement sur l'équipe nationale.
Reste à savoir si cette rupture brutale et ces accusations publiques serviront les intérêts des Lions Indomptables à quelques semaines de la Coupe d'Afrique des Nations 2025, ou si elles ne font qu'ajouter de la confusion à une situation déjà complexe.