Il est connu de tous que la loi du Cameroun fait du président du sénat le successeur constitutionnel de Paul Biya. D’après l’article 4 de la constitution du 18 janvier 1996, en cas de vacance de la présidence de la République, pour cause de décès, de démission ou d’empêchement définitif constaté par le conseil constitutionnel « l’intérim est exercé de plein droit, jusqu’à l’élection du nouveau président de la République, par le président du sénat ».
Marcel Niat Njifenji en l’état actuel des choses est donc celui qui devra succéder à Paul Biya. Seulement la question posée par le Quotidien Emergence dans son édition en kiosque du 19 février 2016, est celle de savoir si le président du sénat peut « porter le Cameroun » si on s’en tient à « son âge » et à « la faiblesse des institutions ».
De l’analyse faite par des experts sur la question, il en ressort des points de vue divergents. Si pour certains l’âge de l’homme et la faiblesse des institutions peuvent effectivement lui jouer des tours, pour d’autres c’est un vieux singe à qui on n’a pas sûrement besoin à apprendre à faire des grimaces.
Jean Célestin Watat homme politique déclare que « l’âge est source d’expérience et de sagesse. Celui qui reprendra le flambeau au Président Paul Biya devra par exemple poursuivre son immense œuvre. Pour le cas du département de l’océan que je connais mieux, il faudra finaliser la construction du port en eau profonde de Kribi et concrétiser les espoirs de fourniture d’énergie électrique portés par la centrale à gaz de Kribi ». Sur le plan national, l’homme politique indique entre autres, il faudra poursuivre la construction des grands chantiers lancés par Paul Biya dans sa politique de grandes réalisations. Sans oublier de pouvoir assumer l’héritage politique de l’homme pour lequel les motions de soutien fusent de part et d’autres. Pour Jean Célestin Watat le passif comme directeur général d’une grande société d’Etat et comme ministre de la République plaide pour le président du sénat.
Tout le contraire de ce que pense Jean Emmanuel Mpouma du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem). « En réalité, en quoi l’incapacité de Monsieur Biya 83 ans pourrait-elle être suppléée par la capacité de Monsieur Niat 82 ans ? Nous gagnerons certainement en efficacité dans la gestion de notre administration en abaissant sérieusement l’âge moyen ».
Un point de vue que partage Serge Aimé Bikoi sociologue. « Qu’il s’agisse de l’actuel président du Sénat ou de toute autre personnalité vieillissante du sérail, il n’y’ aura aucun changement puisque ce sera tout simplement la reproduction d’un même système, dont les tares, les scories et dysfonctionnements ont été déjà décriés par plus d’un ». Il ajoute « vu l’état de lassitude de Marcel Niat Njifenji, le Cameroun ne saurait partir sur de nouveaux jalons ».
D’autres experts dont l’avis a été requis sur le sujet, indique que le problème c’est l’absence de la cour constitutionnelle et la limitation des mandats. « Le problème ne se situe ni au niveau du président de la République ni au niveau du président du sénat. Le problème est institutionnel.
Ce ne sont pas eux qui posent fondamentalement le problème, c’est l’absence de la cour constitutionnelle. En cas de vacance du pouvoir, comment interpréter tout cela, alors que la loi fondamentale nous parle de la cour constitutionnelle, c’est ça qui est remis en cause », déclare Cyrille Sam Mbaka vice-président national de l’Union démocratique du Cameroun (Udc).