Calme et discret, l’ancien séminariste qui a vécu dans l’ombre de Paul Biya a appris comme tous les autres camerounais son limogeage à la radio alors que souffrant, il recevait des soins dans une clinique helvétique.
Affaibli par la maladie, l’un des derniers séminaristes de l’entourage présidentiel se retire. Avec ses airs de paroissien, Martin Belinga Eboutou aura « régné » dans l’ombre du président depuis 1989, date à laquelle Paul Biya en avait fait le directeur du protocole d’État. Il avait par la suite rejoint le cabinet civil, un maroquin d’une importance relative de prime abord, mais en pratique un lieu stratégique au sein d’un système où le chef de l’État, peu accessible et gouvernant à distance, transmet ses instructions par l’entremise d’une poignée de collaborateurs. Discret, courtois, doté d’un sens politique aigu, il pouvait s’autoriser à préciser la pensée de Paul Biya.
Quitter les affaires, rien de bien dramatique dans le fond. Préoccupé par ses ennuis de santé, Belinga, 78 ans, avait demandé à être relevé de ses fonctions.
Sans doute aurait-il apprécié d’être prévenu. Mais depuis 1989 qu’il travaille dans l’ombre de Paul Biya il sait que, dès lors qu’il s’agit de réajuster l’écheveau politique qu’il a conçu, le président ne fait pas de sentiments.
Pour l’ex-grand chambellan, l’humiliation a davantage été d’apprendre qu’il allait devoir céder les clés de l’intendance à l’un de ses plus féroces détracteurs, l’ambassadeur du Cameroun en France, Samuel Mvondo Ayolo, 61 ans.