Martin Mbarga Nguélé aux commandes des polices de la CEEAC

Martin Mbarga Nguélé Photo d'archive utilisée juste à titre d'illustration

Thu, 24 Sep 2015 Source: L'Equation

Les travaux de la 16e session du Comité des Chefs de Police d’Afrique Centrale (CCPAC) se sont achevés vendredi dernier. Si les recommandations vont de la nécessité d’harmoniser les législations contre la criminalité à la volonté d’institution du passeport biométrique dans l’espace CEMAC, l’un des faits marquants desdits travaux est le passage de témoin entre le président sortant du CEPAC, le Congolais Jean François Ndengué, et son successeur, le Camerounais Martin Mbarga Nguélé.

Exit les travaux de la 16e session du Comité des Chefs de Police d’Afrique Centrale (CCPAC) qui se sont achevés vendredi dernier, en même temps que le Forum des ministres en charge des questions de sécurité dans les Etats de l’Afrique centrale.

Comme à l’ouverture des travaux à l’hôtel Mont Fébé de Yaoundé, le ministre, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui présidait la cérémonie de clôture des assises de Yaoundé, au nom du chef de l’Etat, s’est voulu optimiste : « le rapport final incite à l’optimisme quant à l’avenir de la coopération policière en Afrique centrale », a-t-il relevé.

Cette 16e session du CCPAC aura ainsi permis aux experts issus des services de police de la sous-région d’Afrique centrale de réfléchir sur la criminalité transfrontalière, en vue de bâtir une stratégie commune de lutte efficace contre toutes ses formes.

Au cours de ces assises de quatre jours à Yaoundé, diverses réunions ont ainsi été programmées, notamment celles des sous-comités d’experts, des directeurs de la police judiciaire, des directeurs de la police de l’air et des frontières, des directeurs chargés de la lutte contre les drogues, des chefs des bureaux centraux nationaux, des chefs de police et la réunion des ministres en charge de la sécurité des états d’Afrique centrale.

On pouvait ainsi comprendre que le délégué général à la Sûreté nationale du Cameroun donne le ton, mardi dernier, en présidant l’ouverture des travaux des experts : «Nos travaux surviennent au moment où certains Etats de notre Comité sont fortement perturbés par la persistance des actes terroristes et de grand banditisme en zone frontalière et en milieu urbain.

En votre qualité d’organe technique du CCPAC, vous avez la charge de proposer aux Chefs de police des solutions opérationnelles pour relever les défis criminels auxquels est confrontée notre sous-région », a-t-il souligné.

criminalité transfrontalière

Auparavant, Martin Mbarga Nguélé a spécifié les maux qui caractérisent la criminalité transfrontalière en Afrique centrale : « la prolifération des médicaments contrefaits et illicites qui inondent les coins les plus reculés de nos contrées ; la circulation des armes légères et de petit calibre qui facilite la multiplication des bandes armées entre les différents territoires de nos Etats ; le trafic de drogue et autres substances psychotropes ; l’expansion de la criminalité numérique et notamment la cybercriminalité qui met à mal la bonne foi et la crédibilité de nos opérateurs économiques… », a-t-il cité.

Un fléau d’un genre nouveau, le dernier et non le moindre, aura été au centre de toutes les préoccupations des travaux de Yaoundé : le terrorisme. Et dans ce sens, le ministre, secrétaire général de la présidence de la République a, en effet, indiqué que l’illustration la plus visible de cette menace est la secte terroriste Boko Haram qui multiplie au sein de certains pays-membres du Comité des Chefs de Police d’Afrique Centrale, des assassinats, des enlèvements, des attentats-suicides et d’autres exactions.

Fait émouvant, Ferdinand Ngoh Ngoh a d’ailleurs appelé à observer une minute de silence en la mémoire des victimes de cette secte islamiste. Autant de menaces qui n’occultent cependant pas les progrès enregistrés par les polices de la sous-région.

« La contribution du CCPAC dans la lutte contre la criminalité transnationale s’est également traduite, entre autres, par la multiplication des opérations de police contre le trafic international des véhicules qui ont permis de saisir plus de 300 véhicules volés à travers le monde », a indiqué le ministre, secrétaire général de la présidence de la République.

D’autres opérations ont permis de saisir des tonnes de médicaments illicites, de même que l’on a assisté au démantèlement de nombreux réseaux de trafic de drogue. Ferdinand Ngoh Ngoh s’est, par ailleurs, félicité des thèmes choisis pour les travaux de Yaoundé qui traduisent l’engagement des services de sécurité et de police de la sousrégion à faire face collectivement à ces défis anciens et nouveaux « qui constituent des tentatives de remise en cause de la paix et de la stabilité auxquelles nos pays sont attachés ».

Recommandations

Dans le cadre de la coopération policière en Afrique centrale et du renforcement de la lutte contre la criminalité transfrontalière dans cette sous-région, les chefs de police d’Afrique centrale ont affiché leur volonté de faire front commun à la lutte contre la criminalité à travers des solutions concertées et innovantes.

Toutes choses qui transparaissent dans les 21 recommandations contenues dans le rapport final des travaux de Yaoundé. Parmi les plus en vue, il y a la deuxième qui apparaît comme l’une des volontés des pays de l’Afrique centrale de faire face aux problèmes auxquels ils sont confrontés.

Celle-ci rappelle, en effet, « d’harmoniser les législations en matière de lutte contre le terrorisme dans les Etats de la sous-région ». Cette volonté est suivie de la nécessité d’intensifier les échanges d’informations en matière criminelle « entre les services nationaux chargés de l’application de la loi et les Etats membres » comme il en est question dans la troisième recommandation des chefs de police de la sous-région.

Ceux-ci ont, par ailleurs, rappelé la nécessité « d’encourager les pays du CCPAC, membres de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, NDLR) qui ne l’ont pas encore fait à accélérer le processus de mise en œuvre de la libre circulation dans la zone CEMAC en se conformant à l’Acte additionnel de la CEMAC du 25 juillet 2013 », comme indiqué dans la 10e recommandation.

Dans le cadre de la lutte contre la criminalité, les pays du CCPAC ont été exhortés à créer des cellules aéroportuaires anti-trafic. La lutte contre la criminalité pharmaceutique sera également au centre des préoccupations avec l’implication du secrétariat permanent du CCPAC. La même volonté est apparue dans le souhait de voir l’organisation mettre un accent sur l’organisation des formations dans le domaine de la lutte contre les drogues, la criminalité pharmaceutique et les infractions connexes.

Toutes choses qui vont de pair avec la nécessité de créer des brigades cynophiles pour renforcer les capacités opérationnelles dans les cas de lutte contre ces fléaux. Toutes ces recommandations, après examen, ont été adoptées par les ministres en charge de la sécurité des états d’Afrique centrale.

Mbarga Nguele au Front

L’un des faits marquants de la 16e session du Comité des Chefs de Police d’Afrique Centrale, qui s’est déroulée en présence de nombreux membres du gouvernement, de ceux du corps diplomatique et des chefs de police de la sous-région a été le passage de témoin entre le président sortant du CCPAC, le général de police de 2e classe Jean François Ndengue, directeur général de la police congolaise et son successeur, Martin Mbarga Nguele, délégué général à la Sûreté nationale du Cameroun.

Il est important de relever que le président et le vice-président du CCPAC sont élus à la majorité des deux tiers des votants, pour un mandat d’un an non renouvelable, sauf décision contraire des membres du Comité, fondateurs ou adhérents.

Le poste de président est en effet ouvert à tous les chefs de police des pays membres du Comité, fondateurs ou adhérents. L’adhésion au Comité des Chefs de Police d’Afrique Centrale est ouverte de droit aux chefs de police d’Afrique centrale. Les chefs de police des pays limitrophes, qui en expriment le besoin et en font la demande, peuvent aussi y adhérer. Les demandes d’adhésion sont adressées au président du CCPAC, à travers le secrétariat permanent.

Chaque nouvelle adhésion doit faire l’objet d’une résolution, conformément à l’article 13 des statuts du CCPAC. Lequel article stipule en effet que le quorum est constitué par la moitié des membres du Comité, plus un. Si le quorum n’est pas atteint, le vote n’a pas lieu. Cependant, le droit de membre étant lié à la fonction de chef de police, ce droit revient de facto au nouveau chef de police, en cas de perte de cette fonction par l’ancien.

Source: L'Equation