L'ouverture du procès des accusés de l'affaire Martinez Zogo a remis en lumière les dissensions familiales qui étaient apparues au lendemain de la disparition du journaliste. Un imbroglio que le tribunal est appelé à trancher lors de l’audience de ce 15 avril. Au cœur de ces tensions : la polygamie de Martinez Zogo.
Le 25 mars dernier, lors de l'ouverture du procès des accusés de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo au Cameroun, les différentes parties ont assisté à un nouveau rebondissement dans la querelle familiale qui entoure cette affaire. En effet, les ayants droit de Martinez Zogo étaient représentés par deux collèges d’avocats distincts, soulevant ainsi une épineuse question : celle de savoir qui devrait être habilité à parler au nom de ses intérêts au tribunal.
Comme semblaient l’indiquer de nombreux évènements survenus au lendemain du décès de Martinez Zogo début 2023, parmi lesquels des divergences autour d’une tentative d’organisation de ses obsèques, il apparaît que le défunt était polygame de fait. Le premier collège d'avocats, composé de Me Calvin Job et Me Félicité Esther Zeifman, a été constitué pour la défense des intérêts d’Arlette Diane Zogo, la compagne officielle du défunt, ses enfants, et certains parents. Le second, composé de Me Joseph Kenmoe et Me Jean-Pierre Manyim, s’est présenté pour défendre cinq personnes, dont Mme Zogo née Ndzié Dorothée Marie, mariée à l’état civil avec l’animateur radio, ainsi que des enfants dudit couple.
C'est donc la polygamie de Martinez Zogo qui est à l'origine de ces dissensions familiales. Le journaliste avait deux femmes : Arlette Diane Zogo, sa compagne officielle, et Mme Zogo née Ndzié Dorothée Marie, avec qui il était marié à l'état civil. Cette situation soulève une épineuse question : celle de savoir qui devrait être habilité à parler au nom de ses intérêts au tribunal.
Pendant plusieurs minutes lors de l’ouverture du procès, un débat s’est ouvert autour du nom donné à Martinez Zogo sur les documents querellés. Car, bien que connu sous le nom de Mbani Zogo Arsène Salomon, il a en effet été donné de constater que sur ces documents officiels, le journaliste était plutôt identifié par son pseudonyme Martinez Zogo.
Une situation qu’ont tenu à clarifier les avocats des mis en cause. « Il existe un certificat d’individualité qui montre que Zogo Martinez et Mbani Zogo sont la même personne », a indiqué Me Joseph Kenmoe, avant de lire les indications de la carte nationale d’identité du défunt. Cette pièce officielle établie le 3 mai 2015 porte en effet le nom Martinez Zogo, plutôt que celui de Mbani Zogo.
Prenant la parole sur l’imbroglio né de la dualité des collèges d’avocats devant représenter les intérêts des ayants droit de Martinez Zogo, le commissaire du gouvernement Cerlin Belinga n’a pas davantage éclairé la cour. « On ne sait pas qui est partie civile car deux parties se sont constituées comme ayant droits, a-t-il affirmé. Il y a une controverse, une difficulté réelle. Qui parle au nom de la famille ? Nous n’avons pas encore eu l’opportunité de savoir qui représente les intérêts de la famille. »
Cerlin Belinga a ainsi révélé avoir eu du mal à prendre en compte les constitutions de parties civiles annoncées au cours de l’instruction, et, partant, à indiquer lesdites parties dans le rôle de l’affaire. Le tribunal devra clarifier la situation lors de l’audience prévue ce 15 avril à Yaoundé.
L'affaire Martinez Zogo, du nom de ce journaliste camerounais enlevé puis tué en janvier 2023, a suscité une vague d'émotion dans le pays et au-delà