Les organisations de défense des droits de l’homme exigent que les suspects soient jugés conformément aux lois en vigueur. Elles déplorent les lenteurs judiciaires concernant les tueries précédentes comme Ngarbuh et Mautu toujours dans la même région. La guerre dans les régions du Nord-Ouest et SudOuest continue de susciter l’indignation avec ses multiples conséquences sur le plan humain. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2023, dix personnes ont été abattues à Bamenda par des groupes armés encore non identifiés. Ces nouveaux cas de meurtre suscitent colère et indignation dans les populations, d’autant plus que les réparations du préjudice ne suivent pas pour consoler les familles des victimes.
Pour les organisations de la société civile camerounaise, de telles atrocités prouvent comment la crise anglophone continue de s’illustrer par une barbarie qui touche l’un des droits humains fondamentaux, à savoir le droit à la vie. Maximilienne Ngo, directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), dit être sans voix de voir les populations camerounaises périr dans de telles conditions. Les dix personnes tuées à Bamenda se trouvaient dans un débit de boisson lorsque des hommes non identifiés ont ouvert le feu. Deux blessés graves ont également été enregistrés. Le gouvernement attribue cette attaque à des groupes armés non étatiques.
Pour autant, Maximilienne Ngo Mbe demande aux autorités étatiques de tout mettre en œuvre pour protéger la vie des populations camerounaises, surtout celles vivant dans les zones en crise socio-politique. Face à ce massacre, la directrice exécutive du Redhac exige l’ouverture d’une enquête libre et transparente pour que la lumière soit faite sur ce drame. Cette enquête sollicitée par le Redhac doit être composée des autorités étatiques, des autorités religieuses, des associations de défense des droits de l’homme et des organisations des Nations-Unies.
A en croire Maximilienne Ngo Mbe, depuis le déclenchement de la crise anglophone en 2016, plus de dix massacres provoquant la mort d’au moins cent personnes ont été enregistrés. Elle cite entre autres le massacre de Ngarbuh en février 2020 qui a fait officiellement 22 morts et le massacre de Mautu, enregistré le 21 février 2021 avec un bilan de huit personnes civils tués. Les organisations de défense des droits de l’homme condamnent les multiples attaques au droit à la vie tel que le prévoit le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en son article 6 : « Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie ». Pour le Redhac face à la tournure des évènements, l’urgence pour résoudre la crise anglophone reste l’organisation d’un dialogue franc et sincère. Le Redhac invite le président de la République, Paul Biya, au respect de son engagement pris en novembre 2018 lors de son installation à la magistrature suprême dans le cadre du mandat en cours, lequel engagement visait à tout faire pour mettre un terme à la crise anglophone.
Face à ces nombreux massacres, Cyrille Rolande Bechon directrice exécutive de Nouveaux Droits de l’homme lance un appel aux parlementaires pour inscrire la résolution définitive de la crise anglophone comme l’une des priorités du gouvernement. L’Ong Nouveaux droits de l’homme plaide aussi pour que justice soit rendue aux victimes de l’attaque ayant fait dix morts dans la nuit du 16 au 17 juillet 2023 à Bamenda. Le ministère de la Défense a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ce massacre. Le Redhac et Nouveaux Droits de l’homme soutiennent que l’enquête prescrite par le gouvernement ne va pas aboutir : « Jusqu’ici dans le cadre des nombreux massacres qui impliquent les forces de défense ainsi que les groupes armés non étatiques, les enquêtes ouvertes par le gouvernement ne permettent pas de rendre justice aux victimes. Lorsque les résultats des enquêtes sont publiés, les procès impliquant les personnes sont bloqués devant la justice. » Prince Nguimbous (Jade)